Grâce à un lanceur d’alerte, l’association One Voice (qui milite pour le respect de la vie et dénonce l’exploitation animale) a reçu de nouvelles images illustrant les conditions de détention des chiens du Centre d’élevage des Souches (CEDS) à Mézilles dans l’Yonne. Il s’agit du plus grand élevage de chiens (golden retrievers et beagles) pour les laboratoires en France contre lequel One Voice se bat depuis vingt ans. Elle a aussi appris le rachat de cet élevage par Marshall BioResources (MBR), une multinationale américaine contre laquelle One Voice lutte également depuis plus de vingt ans. Autant d’éléments qui ne laissent rien présager de bon pour ces chiens…

Des chiens élevés en masse pour une vie de souffrance

Le Centre d’élevage des Souches n’a pas usurpé son titre de plus grand élevage de France. En effet il renferme plus de 1 500 chiens ! Les animaux sont littéralement « produits » par des femelles assignées à la reproduction durant toute leur vie. Elles vivent dans un espace réduit et nombre de leurs chiots meurent prématurément. D’autres naissent volontairement malades, en vue d’expériences…

Séparés de leur mère, les jeunes chiens vivent dans des cages en extérieur, sans possibilités d’en sortir. Regroupés en meutes, ils sont soumis à la loi du plus fort dans l’attente de leur funeste destin : des expérimentations, qui auront lieu soit directement sur ce site où ils auront passé leur courte et triste vie, soit dans des laboratoires où ils seront envoyés par camions comme de vulgaires marchandises. Ce qu’ils représentent sans doute pour leurs propriétaires successifs…

Le consultant de One Voice, le vétérinaire André Ménache, avait échangé quelques mots avec la vétérinaire du CEDS lors d’une visite du site en 2018. Pour elle, à l’époque tout du moins, cite-t-il dans son rapport : « Ils sont différents ces chiens, ils ne sont plus comme des chiens de compagnie. » Des différences qui n’étonnent guère au vue des conditions de vie de ces chiens, d’autant plus que durant leur vie, leur seul contact avec l’Homme se bornera au personnel d’entretien et aux responsables d’expériences.

Aucune marque d’affection n’est autorisée dans l’élevage. Il ne faudrait pas s’attacher aux chiens et développer des scrupules… 

Le développement de l’élevage et des expériences envisagé

Après de nombreuses batailles juridiques One Voice avait obtenu une belle victoire en 2019 : l’annulation d’un arrêté préfectoral qui aurait permis d’agrandir l’élevage à raison de 3 200 (!) chiens. Mais les propriétaires, le couple Carré, ont finalement vendu au plus offrant leur élevage florissant au printemps 2021. L’acquéreur se trouve être la tristement célèbre multinationale américaine de « bio ressources » (comprenez d’animaux-produits) : Marshall BioResources, anciennement Marshall Farms.

Source : le compte twitter de One Voice

Il s’agit d’un géant au niveau mondial concernant l’élevage d’animaux de laboratoire qui possède désormais les deux élevages de beagles de France destinés aux laboratoires, à Gannat et à Mézilles. La possession de ces élevages français permet à Marshall de faire des économies non négligeables en terme de temps et surtout d’argent : elle évite les frais de douane, se passe du prix du transport des chiens dans les soutes des avions et réduit les « pertes commerciales » liées aux animaux qui n’y survivaient pas.

L’entreprise se soucie (sans surprise) bien plus de ses profits que du bien-être animal, le discours du repreneur est d’ailleurs éloquent tant il parait parler d’objets et non d’êtres sensibles : « Un beagle sur deux utilisé en Europe [dans les laboratoires] est importé des États-Unis. […] La majorité de ces beagles sont des beagles Marshall. Aujourd’hui, la logistique devient un problème majeur, puisque, sous la pression des activistes, les possibilités d’importation deviennent de plus en plus délicates. De plus en plus coûteuses. »

En plus des économies réalisées, Marshall compte bien intensifier ses activités tant du côté élevage que côté expérimentation. Car pour le responsable de Marshall Europe situé à Lyon : « L’idée au travers de cette acquisition, vous l’aurez compris, c’est non seulement de pérenniser les activités, mais de les développer. […] Aujourd’hui, le site de Mézilles est un site, je dirais, presque unique au monde, en capacité d’associer un élevage canin et une offre de services sur les études attachées à l’activité canine. […] Je ne connais aucune structure qui est aujourd’hui organisée de la sorte. Et donc, derrière ça, l’idée, en effet, c’est continuer, bien évidemment, à offrir la prestation de services, qui aujourd’hui est à disposition à Bio 2M, avec l’idée de pouvoir la développer et la diversifier. »

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Un discours qui, évidemment, ne passe pas chez One Voice. L’association est plus déterminée que jamais à mettre un terme aux expérimentations animales et à faire fermer les élevages fournissant les laboratoires, en premier lieu celui de Mézilles qui en est le triste symbole : « La France est en effet l’un des pays qui teste le plus sur les chiens en Europe. Des chiffres en augmentation ! Mais nous ne laisserons pas MBR les torturer à mort sans rien dire, même avec une caution scientifique. Nous ne l’avons jamais fait, ni avec eux, ni avec les précédents depuis plus de vingt ans. »

Agir par des pétitions, des rassemblements et sa consommation

Pour venir en aide à ces chiens vous pouvez signer la pétition lancée par One Voice. Vous pouvez également signer l’Initiative citoyenne européenne Save Cruelty Free Cosmetics pour éviter tout retour en arrière en Europe.

One Voice a lancé un moteur de recherche permettant aux consommateurs d’identifier rapidement les produits qui n’ont pas été testés sur les animaux, et qui sont aussi bio et vegan.

Source : labels.one-voice

Ce week-end, l’association organise également un rassemblement à Auxerre pour protester contre l’expérimentation animale et demander la fermeture de l’élevage de Mézilles. Une seconde mobilisations se tiendra aussi à Gannat sur l’initiative du collectif français antispéciste Animal1st.

S. Barret


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