Depuis 1989, une loi anglaise radicale censée contribuer à la protection des enfants se démarque de par son inhumanité. Instauré par Thatcher et toujours de vigueur, le « Children Act » est à l’origine de milliers d’enfants « volés » à leur famille par les « services sociaux ». Un documentaire France Télévision revient sur cette mesure dont les conséquences sont systématiquement passées sous silence par des médias anglo-saxons contraints à la censure.
Le Children Act de 1989
En 2015, en Angleterre, pas moins de 7 740 enfants étaient en attente d’adoption dans un foyer ou une famille d’accueil. Parmi ces enfants, nombreux sont ceux qui ont été enlevés de leur famille par les services sociaux, parfois à la naissance, parfois des années après avoir été mis au monde. Dans les foyers, les fratries entières ne sont également pas rares, mises à l’écart après que leurs parents aient été accusés de maltraitance sur l’un ou plusieurs des enfants ou jugés impropres à exercer le rôle de parent.
Si vouloir tout mettre en œuvre pour éviter que les enfants soient victimes de sévices ou de maltraitance doit s’inscrire au cœur de toute société digne de ce nom, la loi instaurée en 1989 souffre cependant d’un zèle tout à fait nuisible. En effet, la loi anglaise prévoit, en outre, la possibilité de retirer les enfants dès leur naissance à des parents présumés incapables de subvenir à leurs besoins — financiers ou même affectifs. La « présomption de maltraitance » est également une notion vague qui permet aux services sociaux de décider de l’enlèvement des enfants à des parents qui n’ont parfois même pas encore pu démontrer leurs qualités parentales au travers de l’éducation d’un premier bébé. En conséquence de cette loi radicale, entre 1989 et 2015, les suspicions de maltraitance ont plus que quadruplé, lorsque les cas avérés ont en réalité chuté de moitié.
Partir : le dernier recours
Le Children Act, qui touche largement les familles les plus pauvres ou celles composées d’un parent handicapé ou socialement fragiles, encouragent en outre la mise à l’adoption de ces marmots défavorisés au travers de mesures incitatives directement adressées aux services sociaux locaux. Ainsi, ces instances sont influencées par l’existence de primes, des bonus, mais aussi de « malus ». Plus il y a d’enfants envoyés à l’adoption, plus les centres locaux reçoivent d’argent — un phénomène qui se joue parfois sur plusieurs millions de livres.
Pour échapper à une justice à deux vitesses, les parents les plus démunis, sujets à la pression exercée par les services sociaux, n’ont souvent d’autres recours que de partir à l’étranger pour mettre leur enfant au monde et surtout le voir grandir. Certains partent en Irlande, d’autres choisissent la France. Tous souhaitent simplement pouvoir profiter d’une « première chance », s’emparer d’une confiance qu’on leur refuse en vertu de critères parfois arbitraires, parfois même fruits de la mauvaise foi d’experts invoqués par les services sociaux eux-mêmes.
Une censure d’État qui participe de l’impuissance des familles
Si cette mesure est aberrante en plusieurs points, pire encore est la mise sous silence, imposée non seulement aux médias, mais aussi aux parents. Seuls contre tous, les familles sont dans l’incapacité d’obtenir réparation en cas d’injustice ou encore d’interpeller l’opinion publique sur leur cas. Une fois la garde de leurs enfants retirée, les parents n’ont pas le droit de mentionner ce qui leur est arrivé, et toute preuve de filiation est effacée, mise sous scellé par la justice.
Afin de donner — une fois n’est pas coutume — la parole à ces parents qui ont vu leur famille et leur vie brisées, Marina Carrère d’Encausse est partie en Angleterre pour nous livrer des témoignages poignants de ces mères et de ces pères accablés. Le documentaire poignant est disponible en replay sur le site de Francetv jusqu’au 15 décembre.
Sources : Francetv.fr