Beaucoup en France sont de grands consommateurs de bonbons japonais, si colorés, si étranges, si bons. De nombreux influenceurs en ont fait commerce pendant des années, dont Candysan, le plus connu. Mais il y a quelques mois, nous avons été alertés sur la composition potentiellement toxique de certains bonbons japonais importés en masse en France, via des « influenceurs Japon » principalement. Nous avons mené notre enquête pour obtenir, notamment grâce au travail d’une collaboratrice japonaise et d’une source exclusive, des précisions sur ces ingrédients en question. Après corrélation des faits, voici nos conclusions qui ouvrent la porte à de nombreuses questions sanitaires.

Au sommet des ventes de bonbons dans le monde se situent évidemment les Etats-Unis et l’Allemagne, respectivement à l’origine des fameux Skittles et Haribo. Bien qu’ils soient historiquement concurrencés par le Brésil, le Royaume-Uni ou encore l’Italie, le Japon n’est pas en reste avec une production qui atteint en 2021 près de 175 milliards de yens (équivalent ~1,3 milliards de dollars aujourd’hui) et dont la vente nationale au détail s’élève la même année à environ 233 milliards de yens (équivalent ~1,7 milliards de dollars aujourd’hui). Par comparaison, en France, le secteur de la confiserie génère un chiffre d’affaires moyen d’environ 800 millions d’euros.

@MrMondialisation

Mais le bonbon Japonais est aussi très populaire à l’étranger où il est exporté chaque année à hauteur de plusieurs milliers de tonnes (pas moins de 7100 en 2022). En effet, le phénomène n’a sans doute échappé à personne : les promotions d’influenceurs sur les réseaux ou les boutiques dédiées aux bonbons japonais fleurissent depuis quelques années partout dans le monde, particulièrement en Asie, aux États-Unis et en Europe.

De fait, en France, la tendance est indéniable, notamment autour des bonbons japonais qui sortent de l’ordinaire : originaux, « Kawai », ou dont les goûts sont aussi rares qu’improbables aux yeux de la culture occidentale. La conséquence fut inévitable, pendant des années, des dizaines d’influenceurs en ont fait la promotion dans des vidéos hautes en couleurs, sans vraiment se préoccuper de l’aspect sanitaire de ces produits industriels très transformés.

Bonbons Japonais sur les réseaux 2023 @MrMondialisation

Wagashi traditionnels, mais aussi KitKat aux goûts exotiques de « thé matcha » (抹茶) ou de  « daifuku » (大福), Pocky saveurs fruits et caramel à la fraise, sucreries aux fruits de mer, poudres et autres matières improbables, drôles de gelées en formes de créatures fantastiques, bonbons goodies à l’effigie de célèbres personnages de la pop nippone,… le paysage excentrique et unique des bonbons japonais est ainsi devenu très populaire auprès des consommateurs français, faisant incontestablement rayonner une partie de la culture japonaise dans l’hexagone.

D’autant que la France fait partie, derrière « la Suède (7,7 kilos par habitant et par an), le Danemark (6,2 kilos), l’Allemagne et la Finlande (5,5 kilos), la Norvège (4,9 kilos), le Royaume-Uni (4,6 kilos) », du top 10 des pays les plus consommateurs de confiseries au monde avec un peu plus de 3kg de bonbons par habitant et par an en 2014. Un marché non négligeable pour la confiserie japonaise.

Toutefois, cette effervescence n’est pas sans zones d’ombres. En effet, derrière l’engouement léger et enfantin pour les bonbons japonais, se cache bien évidemment une industrie et un système d’importation qui contiennent leur lot d’enjeux et de problématiques : sur le plan de l’impact environnemental, bien sûr, et des conditions de production, mais aussi de la sécurité alimentaire. 

Les exploitants (fabricants ou importateurs) de bonbons respectent-ils les normes de sécurité alimentaire internationales, mais également françaises ou européennes ? Il s’avère que tout n’est pas forcément rose au pays de Candy… 

Les ingrédients problématiques dans certains bonbons japonais 

Attention : faute de moyen et de temps devant l’ampleur de la situation, nous n’avons pu faire analyser qu’une douzaine de produits les plus populaires. 40% de notre échantillon s’est révélé problématique. Nous ne pouvons pas déterminer à plus vaste échelle combien de marques de bonbons japonais contiennent des ingrédients interdits ou problématiques, mais il nous apparaît clair que le ratio est anormalement élevé et que la situation est assez interpellante pour devoir attirer l’attention des institutions publiques.

En effet, au sein des confiseries japonaises figurent certains produits qui vont de l’opacité totale quant à leur composition jusqu’à la présence avérée d’ingrédients cancérogènes et de perturbateurs endocriniens entièrement proscrits dans l’Hexagone. Une longue enquête nous a permis de relever 4 exemples concrets qui semblent ne représenter que la partie émergée de l’iceberg tant le secteur reste à ce jour imperméable. 

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Avant tout, notons que le Japon n’est pas totalement sans surveillance concernant ses additifs alimentaires, principalement par le biais du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales qui liste et juge de l’admissibilité des additifs alimentaires selon la loi FSA de 1947 sur la sécurité alimentaire régissant la sécurité et l’hygiène alimentaires dans le pays. Si rien ne prouve que le Japon serait plus laxiste qu’un autre, le pays reste très imprécis sur l’affichage des ingrédients des produits industriels. Par exemple, le Japon n’impose pas de numérotation claire des ingrédients chimiques comme en occident (les fameux EXXX). Ce travail d’enquête, en tant que média indépendant, a donc pour vocation et espoir d’être complété par celui d’autres structures afin de faire la lumière sur l’ensemble des dangers agro-alimentaires au niveau international.

Ici commence toutefois notre part d’alerte concernant le sujet précis de l’importation de bonbons japonais en France via les influenceurs. 

Les M&M’s de Mars Japan Limited : exemple principal

Sur l’internet français, vous trouverez de nombreux cas de ventes de M&M’s « japonais » aux différentes saveurs (Peanut Butter, Raspberry,…), distribués par Mars Japan Limited, « filiale japonaise de la société alimentaire américaine Mars , qui importe et vend des aliments pour animaux de compagnie, des collations, des boissons, etc ». 

Publicité @M&M’s/Mars Japan Limited

Or, voici la composition de ces derniers, scrupuleusement vérifiée par notre source japonaise, avec prise de contact individuelle chez les marques japonaises pour chaque type de bonbon : 

D’abord, des ingrédients courants que l’on retrouve dans nombre de friandises :

Sucre (砂糖), Amande (アーモンド), pâte de cacao (カカオマス), lait écrémé en poudre (脱脂粉乳), lactose (乳糖), beurre de cacao (ココアバター), Amidon (でん粉), matière grasse du lait (乳脂肪), sirop de fécule (水あめ), dextrine (amidon modifié E1400) (デキストリン), Sel (食塩), stabilisant (gomme d’acacia E414) (安定剤(アカシアガム), émulsifiant (issue de soja) (乳化剤(大豆由来) …

Figurent ensuite également quelques ingrédients flous, sans précision et non révélés par la marque :

1. De l’huile de « plantes » (植物油脂) sans spécification sur l’espèce ou l’origine (probablement de la palme).

2. Un « agent d’enrobage » (光沢剤) ou littéralement « azurant » dit également « optique » et qui peut être utilisé comme agent d’enrobage ou glaçage à la surface de certains produits alimentaires comme les bonbons ou les chewing-gums pour créer une brillance et une uniformité. Or, il est important de noter que tous les azurants optiques ne sont pas autorisés dans les produits alimentaires selon les réglementations de chaque pays. Ne pas préciser l’azurant utilisé pose donc des problèmes de contrôle importants. 

3. De l’« arôme » (香料) : sans aucune précision sur l’origine ou le type, comme l’autorise toutefois la réglementation nationale française, malgré les révélations d’arômes génotoxiques au fur et à mesure des études scientifiques de l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments). 

4. Un « Régulateur alimentaire de pH » (調整剤) : sans aucune spécification. 

Si ces ingrédients opaques posent déjà question, le pire est à venir. On retrouve surtout dans ces confiseries une liste de colorants dont plusieurs sont interdits par l’UE :  

Les « Colorants » : Dioxyde de titane E171, Jaune orangé S E110, Rouge allura AC E129, Tartrazine E102 et Bleu brillant FCF E133. (着色料 : 酸化チタン、黄5、赤40、黄4、青1)

Or, le Dioxyde de Titane (E171) – additif parfois utilisé comme agent d’enrobage dans les confiseries est interdit dans les denrées alimentaires en France depuis le 1er janvier 2020 suite à l’avis de l’Agence Nationale de Sécurité Alimentaire ANSES d’avril 2019 indiquant sa dangerosité pour la santé des consommateurs du fait de sa forme nanoparticulaire.

En 2022, « l’Union européenne l’a interdit à son tour dans les aliments, en raison de sa génotoxicité potentielle (destruction de l’ADN) et du risque de cancer » ajoute 60 millions de consommateurs. A savoir qu’en France : « Outre les produits alimentaires, visés par l’interdiction, il reste présent dans certains cosmétiques et dans plus de 4 000 médicaments » qui ne sont pas concernés par l’interdiction selon l’association UFC-Que Choisir. Cet additif s’avère encore autorisé dans d’autres pays dont le Japon (d’après sa présence dans la liste positive des additifs autorisés révisée le 26 octobre 2020). La DGCCRF souligne ainsi le problème que pose l’importation de confiseries dans le cas de cet additif

@DGCCRF

Quant au Jaune orangé S E110 : en France, sa DJA (dose journalière admissible) est de 4 mg/kg de poids corporel par jour car il est « suspecté d’entraîner certaines conséquences néfastes sur notre organisme ». Il est « inclassable » concernant sa cancérogénicité d’après le Centre International de Recherches sur le Cancer (CIRC), mais « probablement cancérigène » selon l’Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse (ARTAC). On lui attribue surtout un impact notable sur l’hyperactivité chez l’enfant « et encore plus quand ces additifs sont couplés avec d’autres » comme c’est le cas ici.  Depuis juillet 2010, le parlement Européen a ainsi ordonné que la présence de Jaune orangé S soit complétée de la mention :  « peut causer des troubles de l’attention et du comportement chez les enfants ». Le Rouge allura AC E129, le Tartrazine E102 et le Bleu brillant FCF E133 sont concernés par des problématiques similaires en plus d’être suspectés d’être des allergènes provoquant de l’urticaire et autres effets secondaires. 

 

Les poudres crépitantes Pachi Pachi Panic de Meisan : un deuxième exemple significatif

Les Pachi Pachi Panic (パチパチパニック) de Meisan sont fabriqués à partir de : Sucre (fabriqué au japon) (砂糖(国内製造), sirop de fécule (水あめ), lactose (乳糖), amidon (でん粉), Dioxyde de carbone (炭酸ガス) qui sont des ingrédients typiques. 

@Meisan

Mais également : d’acidulant ( acide tartrique E334, acide malique E296, acide fumalique E297) (酸味料(酒石酸、リンゴ酸、フマル酸), d’émulsifiant (sucroester E473) (乳化剤(ショ糖脂肪酸エステル)et d’arôme artificiel et naturel (香料(天然、合成香料) sans précision. 

Et enfin, surtout, de colorants (jaune de gardénia E164, anthocyane E163,flavonoïdes) (着色料(クチナシ、アントシアニン、フラボノイド). 

Or, le jaune de gardénia – à ne pas confondre avec le safran naturel – n’est pas autorisé dans l’Union Européenne à cause de ses composants allergènes notables, bien qu’il soit admis au Japon en tant que colorant « d’origine naturelle ».

Quant à l’anthocyane E163 et les flavonoïdes : ils ne posent pas particulièrement de problème même si, contrairement au second, il est conseillé de ne pas abuser du premier car obtenu « par un procédé technique plus ou moins douteux ». Comme le rappelle ainsi additifs-alimentaires.net en référence au Codex Alimentarius : « De nombreux additifs présentés comme d’origine naturelle n’ont plus au final de naturel que leur origine. Le producteur choisira généralement d’étiqueter ‘anthocyanes’ qui fait plus naturel et moins sujet aux questions que E163 » au détriment de l’information due aux consommateurs. 

D’autres produits douteux 

Les « Gommes Fusen aux Raisins Sonomanma » (そのまんまグレープ フーセンガム), en dehors de leur liste d’ingrédients classiques, comportent des arômes non spécifiés et le fameux colorant anthocyane E163 (アントシアニン色素).

Gomme Sonomanma au raisin promue par CandySan à l’époque de son activité

Quant aux chips de pommes de terre au poivre Bourbon (ブルボンプチ:ポテトピリチキ味) : elles contiennent de leur côté de « l’huile de plante » non-spécifiée, mais également du « Dioxyde de silicium E551» considéré comme « peu recommandable » du fait de sa nature nanoparticulaire : « plusieurs études in vitro évoquent un possible effet toxique (stress oxydatif) des nanoparticules de silice sur certaines cellules de l’intestin. […] Des anomalies histologiques ont été détectées dans les tissus rénaux des souris exposées, de même que des réponses hépatiques inflammatoires. » rappelle UFC-QueChoisir.

Que conclure de ce premier aperçu ?

Pour leur grande concentration en additifs, les confiseries importées sont au cœur d’une surveillance accrue de la DGCCRF comme indiqué sur leur site : « Le ciblage des produits vérifiés a été effectué, notamment, à partir de l’examen des sites internet des fabricants de confiseries et de l’analyse des flux d’importations produits d’origine étrangère, pour laquelle la DGCCRF a bénéficié de l’appui des équipes de la DGDDI2 ». Cependant, il n’est pas possible pour les autorités de vérifier chaque colis.

Sans rien retirer à la dimension globalisée, certains additifs concernés par les bonbons japonais relevés ici – exportés vers la France – sont littéralement interdits en France ou indésirables en UE. Mais surtout : importés depuis l’étranger, ils ne bénéficient pas de la même clarté concernant leur composition (soit par absence de précisions, y compris quantitatives, soit parce que non-traduits), manquant à la transparence nécessaire vis-à-vis du consommateur. Le Japon en particulier ne partage pas le système de classification des ingrédients chimiques de l’Europe (les fameux Numéros E).

En connaissance de ces récentes révélations – dont on ne trouvait sinon aucune information aboutie ou vulgarisée jusqu’à aujourd’hui – chaque importateur aurait désormais tout intérêt à mener un travail d’information complet en amont afin de rendre compte de la composition des produits promus de façon toujours plus responsable et rigoureuse, de manière à protéger ses consommateurs. Une démarche qui n’a jamais été faite, à notre connaissance, pour les plus grands exportateurs francophones de bonbons japonais.

À titre d’exemple, la liste des produits problématiques testés dans notre enquête se trouvait à la vente le site du plus gros exportateur francophone pendant près de dix ans : Candysan.

Les influenceurs « Japon » et le cas CandySan 

41k, 85k, 63k, 128k, 230k, 339k, 890k, 953k,… les vues défilent sous les vidéos Youtube de dégustation de bonbons japonais. Unboxing, challenges, ASMR, le concept explose également sur Tiktok, auprès d’un public de plus en plus jeune. À n’en pas douter, le monde du bonbon japonais est un juteux business.

Sur TikTok, le phénomène est encore plus populaire @MrMondialisation

Parmi ces chaînes, beaucoup font la promotion d’une vision édulcorée du Japon : celle d’un pays complètement décalé, fun et divertissant, ce qui est parfaitement réducteur quand on connaît les multiples facettes complexes de l’archipel : de son histoire, aux conditions de vie de ses habitants et en particulier des femmes, des conditions de travail, des problèmes de santé mentale en passant par sa situation socio-politique. Réalités difficiles à saisir qui n’intéressent que très peu ces influenceurs.

Parmi les personnalités francophones qui ont fait du Japon leur fond de commerce, le plus connu d’entre eux est le youtubeur « Ici Japon » dirigé et incarné par son fondateur Benoît (Tev) qui se définit comme un « Entrepreneur et vidéaste vivant au Japon depuis 2011 ». À l’instant T, la chaîne Tev – Ici Japon cumule 988k d’abonnés et 331 vidéos jonglant entre sujets culturels, touristiques et concepts frivoles. Les vignettes des vidéos parlent d’elles-mêmes.

Page d’accueil de la chaîne Tev-Ici Japon @MrMondialisation

Toutefois, parler du Japon est peu à peu devenu une activité secondaire. À la tête de plusieurs entreprises de vente de vêtements en ligne, de nourriture ou encore de cours en ligne, Benoît (Tev), c’est surtout une boutique en ligne baptisée Candysan qui propose depuis 2012 d’importer des bonbons japonais en France, ainsi que sa variante CandysanBox « Box mensuelle de friandises japonaises ». Une activité centrale qui aura porté la réussite économique du Youtubeur.

L’un des bonbons problématiques pointés par l’enquête.

Après 10 ans d’exportation de bonbons japonais vers la France, le site a soudainement fermé, au début 2023. Mais pendant une décennie, l’influenceur Japon aura donc écoulé des bonbons japonais dont, comme nous l’avons vu dans notre enquête, une partie d’entre eux contenaient des produits hautement problématiques pour la santé des consommateurs, voire carrément interdits dans l’Union Européenne et en France.

Dans un tweet datant du 18 janvier 2023, l’influenceur évoque « de nouvelles règles, de plus en plus strictes, concernant l’expédition de nourriture en Europe » afin de justifier publiquement une fermeture assez soudaine d’une activité pourtant florissante. Puis, dans une vidéo de pas moins de 54 minutes postée sur Youtube quelques jours plus tard, l’entrepreneur le répète : CandySan aurait principalement coulé à cause de l’impact sur sa logistique et sur sa rentabilité d’une douane qui aurait arrêté un grand lot de colis envoyés avant les fêtes de Noël. La question sanitaire ne sera jamais évoquée.

Tweet version longue de Benoît (Tev) à propos de la fermeture de CandySan

Si Benoît (alias Tev pour ses fans) estime dans son tweet que les règles européennes d’import soient selon lui plus strictes que jamais, il ne précisera pas qu’elles sont en réalité liées à cette fameuse incertitude sanitaire révélée, touchant certains produits qu’il commercialisait. Sachant que ces règles sont le fruit de pressions scientifiques légitimes pour faire surveiller bien plus rigoureusement l’introduction en France d’ingrédients dangereux pour la santé, parfois interdits et reconnus comme tels par les autorités sanitaires. 

Nous avons tenté à plusieurs reprises de contacter l’entreprise Ici Japon et son président pour en savoir plus, sans réponse de leur part. Une chose est certaine : l’entreprise CandySan omet d’évoquer les risques importants liés à certains bonbons japonais exportés vers la France, qui – à l’instar de toutes denrées alimentaires importées – sont sujets à des contrôles accrus aux frontières dans l’intérêt de la santé des Français et surtout de leurs enfants. Sa communauté n’en a jamais été informée, ni pendant l’activité, ni après la fermeture. La responsabilité de la composition des bonbons revient pourtant, comme nous allons le voir, au revendeur des produits.

En résumé, les complications d’importation des bonbons japonais sur le territoire français sont, selon les sources, liées à la composition problématique de certains bonbons japonaise exportés. Ceci est d’autant plus critique que l’on retrouvait certains de ces bonbons en question dans lots exportés pendant plusieurs années par CandySan et d’autres influenceurs plus ou moins connus. Selon notre source douanière, les grands lots de bonbons rejetés par les autorités douanières l’ont été pour des raisons de sécurité alimentaire, et non pas en raison d’un durcissement de réglementations ou de simples problèmes de livraison. Cependant, pendant de nombreuses années, les bonbons en question ont pu arriver jusqu’à la bouche des consommateurs, par « chance », faute de contrôle.

À ce titre, il est important d’avoir conscience que selon l’article 8, chapitre III – L304/27 du Règlement (UE) No 1169/2011 Du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 portant sur la Responsabilité des produits alimentaires importés : « 1. L’exploitant du secteur alimentaire responsable des informations sur les denrées alimentaires est l’exploitant sous le nom ou la raison sociale duquel la denrée alimentaire est commercialisée ou, si ledit exploitant n’est pas établi dans l’Union, l’importateur sur le marché de l’Union ». En termes simples, c’est le revendeur étranger, l’influenceur, qui est entièrement responsable de ce qu’il vend et des conséquences éventuelles sur la santé des acheteurs.

Conclusion de l’alerte

Notre enquête révèle qu’une part significative de bonbons japonais exportés en France contient des ingrédients opaques, problématiques, voire carrément interdits et dangereux (au cas par cas). Il est impossible de mesurer les impacts à long terme de cette consommation « cocktail » sur la santé humaine, en particulier sur celle des enfants. Il conviendrait d’aller plus loin, avec plus de moyens, pour mieux lister l’ensemble des bonbons contenants des ingrédients problématiques. Cette courte enquête doit inviter d’urgence d’autres organismes, journalistes et associations compétentes à continuer la recherche pour mieux protéger les consommateurs devant une mode colorée d’apparence sympathique mais potentiellement dangereuse.

Rappelons qu‘il est surtout crucial pour les médias, influenceurs et marques – qui plus est à mesure que leur influence et exposition est grande – d’assumer leur part de responsabilité avec clarté. C’est ce que nos correspondants au Japon ont eu à cœur de faire en publiant un communiqué dès la découverte du problème sanitaire lié aux bonbons japonais en général : « Il y a quelques mois, nous avons décidé de supprimer la boite cadeau « bonbons japonais ». Pour cause, nous étions également dans l’ignorance de cette réalité jusqu’à l’époque. La douche froide en faisant traduire les étiquettes japonaises pour nous et nos propres enfants. Pas question de faire peser le moindre risque à notre communauté. Votre santé vaut plus que de l’argent ».

Pour des raisons économiques, cette démarche n’a malheureusement été que très peu suivie sur le web francophone, certains bonbons continuant de se vendre en ce moment même dans une indifférence relative. Quant au coût sur la santé des consommateurs, en particulier sur celle des enfants, il est incalculable. Une chose est certaine, pendant des années, des influenceurs entre Occident et Japon ont construit leur fortune personnelle sur l’écoulement de bonbons dont la toxicité est réelle.

– Mr Mondialisation


Sources : 

Textes institutionnels français de références :

Règlement (CE) n°1169/2011 du 25 octobre 2011 concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires

Règlement (CE) n° 1333/2008 du 16 décembre 2008, relatif aux additifs

Code de la consommation – article L.421-3 relatif à l’obligation générale de sécurité

Décret n°81-1112 du 15 décembre 1981 portant application de la loi du 1er août 1905 modifiée sur les fraudes et falsifications en matière de produits ou de services en ce qui concerne les gommes à mâcher ou chewing-gums ;

Arrêté du 25 juin 2003 relatif aux substances entrant dans la composition des gommes à mâcher ou chewing-gums ;

Décret n°2006-286 du 13 mars 2006 relatif aux produits composés d’une confiserie et d’éléments non comestibles solidaires de celle-ci lors de sa consommation.

Code des usages de la confiserie (chambre syndicale nationale de la confiserie)

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