C’est un petit paradis pour les biologistes et les amoureux de la nature. Des îles volcaniques uniques au monde où la faune et la flore sont en grande partie endémiques, on ne les trouve nulle part ailleurs sur la planète. On comprend mieux comment Charles Darwin a trouvé ici l’inspiration pour sa théorie sur l’évolution. Mais, comme ailleurs, les îles Galápagos font face aux dangers de l’activité humaine. Pernicieuse, l’une d’entre elle n’est autre que la cigarette…

Quelle harmonie géniale entre l’homme et la nature. Les iguanes font bronzette en pleine ville et sur les plages, les oiseaux se posent sur nos sacs, les lions de mer dorment sur les bancs publics à quelques mètres de locaux sirotant une boisson. Les animaux semblent vivre en paix (leur chasse n’est plus ici pratiquée depuis des décennies) et entretiennent une belle relation de confiance avec leurs voisins, les humains.

Les Galápagos sont un laboratoire écologique unique pour les scientifiques. Pourtant, Darwin ferait des cauchemars s’il devait revenir d’outre-tombe sur ces îles aujourd’hui. Bon nombre de spécialistes s’inquiètent de la fragilité de cet écosystème exceptionnel. À l’image de l’Unesco qui a placé les Galápagos, en 2007, sur la liste du Patrimoine mondial en péril (avant de les retirer en 2010 au vu de certaines améliorations). Malgré ce revirement, l’équilibre environnemental y reste précaire.

De l’harmonie à l’extinction

Si les animaux locaux semblent s’accoutumer à l’humain, nombre d’entre eux doivent en subir les conséquences. On trouve le symbole de cette extrême fragilité sous une carapace imposante. Les tortues géantes, espèce incroyable pouvant vivre jusqu’à 150 ans, sont aujourd’hui menacées et font l’objet de plusieurs programmes de conservation. Notamment au sein de la fondation Charles Darwin installée à Puero Ayora, la ville principale des Galápagos sur l’Île de Santa Cruz. L’une des espèces, la tortue de l’île de Pinta, a vu son dernier représentant mourir en 2012. L’espèce est éteinte à tout jamais.

La fondation « Conservation Galápagos » liste ainsi les menaces qui planent sur les îles. Parmi elles, en tête de liste, l’Humain : le nombre grandissant de touristes et de résidents sur les 5 îles habitées de l’archipel et l’introduction de centaines d’espèces invasives qui colonisent cet environnement unique, déséquilibrant son équilibre précaire.

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C’est pourquoi, les autorités restreignent fortement le droit de résidence et tentent de réguler le trafic touristique. Le droit d’entrée au parc national est dissuasif (100 dollars US par personne), une carte de transit de 20 dollars US est également obligatoire (elle contient un code barre et les données personnelles pour tracer les voyageurs). À ces documents s’ajoutent plusieurs fouilles complètes des bagages pour limiter l’introduction de plantes « étrangères » à l’écosystème local. Malgré ces contraintes, le nombre de visiteurs et de résidents sur les Galápagos est en hausse constante, ce qui préoccupe les acteurs de terrain, comme WWF : « chaque année, les îles Galápagos reçoivent 5 fois plus de touristes (plus de 160 000) que d’habitants vivant sur l’archipel (environ 30 000). » Avec d’autres acteurs, l’ONG promeut l’écotourisme et travaille sur la réduction de l’empreinte écologique causée par l’industrie et les touristes.

Résistance locale : rencontre avec Miguel Andagana

Miguel Andagana est un personnage connu dans la petite ville de Puerto Ayora, et un phénomène à lui tout seul. Cet homme de 68 ans mène un combat depuis plusieurs années : ramasser tous les mégots de cigarettes qu’il trouve, dans les rues, sur les plages, dans l’océan et les moindres recoins.

Pour ne pas les renvoyer en décharge, il redonne vie à ces déchets à travers des sculptures pour sensibiliser un maximum de personnes, que ce soient des Equatoriens ou des touristes de passage. C’est sa manière à lui, à son niveau, de lutter pour la faune et la flore de « ses » îles : « Les Galápagos accueillent des tas de scientifiques, de biologistes, des gens qui prônent la conservation qui vantent tous un tourisme écologique. Si notre ville collecte 200kg de cigarettes, c’est-à-dire 40 sacs de mégots qui tuent les animaux…. Alors de quelle écologie parle-t-on ? » nous questionne-t-il…

Et ce n’est pas faux. Les Galápagos multiplient les titres qui attestent de sa grande biodiversité. « Le pire, c’est que les Galápagos détiennent 8 titres internationaux qui disent que nous sommes un laboratoire naturel de la biodiversité, un sanctuaire sauvage unique au monde, patrimoine de l’humanité. Et cetera et cetera, une collection de titres. » À se demander si ces noms élogieux ne font pas l’effet inverse en attirant davantage de touristes conventionnels (c’est-à-dire loin des pratiques durables de voyage). « Je considère surtout que les Galápagos sont un cadeau des Dieux dont il faut prendre soin. » conclut-il…

On ne peut souhaiter aux Galápagos que de continuer à s’inspirer de l’espèce de tortue géante dont elle tire leur nom : que la vie soit lente et longue. Un message de simplicité également destiné à toutes nos sociétés « modernes » !

– Pascale Sury


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Plus d’infos : page Facebook de Miguel Andagana

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