Pétitions et appels de personnalités issues de la société civile, des médias et du monde politique se multiplient pour que Benoît Hamon, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon s’associent autour d’un programme commun pour une transition sociale et écologique. Quels sont leurs arguments ? Est-ce seulement possible ?

Il semblait peut probable que les idées sociales et la défense de l’environnement soient présentes dans les débats du second tour de la présidentielle en mai prochain. Cependant, la campagne réussie de Jean-Luc Mélenchon associée à la victoire inattendue de Benoît Hamon à la primaire du PS change la donne. De nombreuses personnalités estiment maintenant que le succès de leurs idées dépend de leur volonté de dépasser une lutte des egos « fratricide » pour laisser place à un travail en commun au bénéfice de tous. Associés à Yannick Jadot, ils pourraient élever le débat et se débarrasser d’étiquettes politiques trop restrictives.

« Dépasser les clivages »

L’idée d’une candidature commune est dans toutes les bouches : elle se murmure, se revendique haut et fort ou rencontre des oppositions fermes. Les candidats eux-mêmes, après avoir rejeté l’idée, font preuve de certains signes de rapprochement. Benoît Hamon à d’ores et déjà sollicité une rencontre, alors que Jean-Luc Mélenchon a infléchi son discours. C’est qu’au sein de la société civile les appels en ce sens sont nombreux, incitant à la « responsabilité » de chacun de représentant face à la montée de la sphère réactionnaire. Pendant ce temps, quatre ONG ont créé un comparateur de programmes pour analyser les propositions des différents candidats relatives au développement et à l’aide international. Selon ce modèle d’analyse, le trio constitué de Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Yannick Jadot obtiennent les meilleurs résultats et s’engagent le plus pour la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales et environnementales à l’international.

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Pour les défenseurs d’un rapprochement inter-candidat à gauche, les points de convergence entre les trois personnalités politiques doivent primer sur leurs différences. Alors qu’un collectif publie sur Bastamag une tribune pour rappeler que les trois candidats « incarnent […] la volonté de refuser la fatalité et, à des degrés divers, d’en terminer avec les politiques néolibérales et l’emprise de la finance sur nos vies », le magazine Kaizen souligne « que la transition écologique et énergétique vers une société plus durable et plus humaine sont les piliers de [leurs] programmes » respectifs.

Hervé Kempft a quant à lui publié en ligne un appel qui va dans le même sens que les deux précédents et Gérard Filoche a également appelé au rassemblement raisonnable. Enfin, la pétition citoyenne, 1maispas3, souligne que la configuration présente offre l’occasion de changer les règles du jeu. Non seulement il est envisageable de dépasser « certains clivages » et « de favoriser l’émergence d’un mouvement citoyen », mais en plus il est possible de poursuivre « une déprofessionnalisation de la politique au profit d’une démocratie plus vivante et plus proche du peuple ». Cette dernière pétition, qui a obtenu plus de 15 000 signatures jusqu’à présent, est notamment soutenue par Jean Gadrey, Marie-Monique Robin ou Marc Dufumier. Une autre pétition appelant à « une coalition entre Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot » fait plus de 50 000 signatures en quelques heures.

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Sortir des débats qui divisent

Depuis la victoire de Benoît Hamon aux primaires de la « Belle Alliance Populaire », les calculs vont bon train. Considéré comme le plus à gauche de la primaire, sa victoire offrirait un boulevard a Emmanuel Macron, alors qu’elle présenterait une nouvelle difficulté pour Jean-Luc Mélenchon. Globalement, les partis les plus humanistes et soucieux de l’environnement sont particulièrement divisés, ce qui risque de compromettre toute victoire au premier tour. Mais pour une partie de la société civile, la question n’est pas là. Les résultats de cette primaire, offrent l’opportunité de débuter quelque chose de nouveau à gauche et la chance d’une alliance entre plusieurs partis. S’ouvre ainsi la possibilité de voir naître une candidature commune, articulée autour des valeurs de solidarité et de l’écologie. Après le désastre de 2002, l’échec de 2007 et la victoire d’une gauche très libérale en 2012 (avec toute la déception qu’elle entraine), une partie conséquente de la population française appelle à ce que la gauche « renoue avec ses idées » originelles.

L’idée peut séduire si on considère que depuis trop longtemps on enferme les électeurs dans leurs choix en opposant les partis politiques plutôt que les idées. En effet, les étiquettes associées aux partis ont souvent rendus les débats stériles, car articulés autour d’une opposition de principe entre le Parti socialiste et Les Républicains. Or, et c’est une des raisons pour lesquelles un mouvement citoyen se mobilise à présent, il est aujourd’hui possible de lutter contre ce phénomène mortifère qui offrent toujours les mêmes choix. Mais quelle serait la forme de la coalition à venir ? C’est là que ça se complique. Le magazine Kaizen appelle à un retrait des trois candidats au profit de Charlotte Marchandise, la gagnante de la primaire citoyenne organisée par la primaire.org. Pour les rédacteurs de la pétition « 1maispastrois », les trois candidats de gauche doivent établir un programme commun avant de tirer au sort qui des trois représentera symboliquement leurs idées à la présidentielles. Les possibilités sont certainement multiples, mais de quelle manière Benoît Hamon, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon feront-ils écho à ces appels citoyen ? Jusqu’ici, chacun semble appeler les autres à se joindre à leur cause, en témoigne cet appel de Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon. De son côté, EELV invite les deux autres candidats à « construire un projet commun » …

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