Hong Kong est l’une des villes les plus développées d’Asie, voire du monde. Et pourtant, ça déborde. Le mode de vie consumériste couplé à la forte densité de population est devenu insoutenable et engendre des déchets à ne plus savoir qu’en faire. En aval, rien n’est entrepris, ou presque, pour endiguer les 16.000 tonnes d’ordures vomies chaque jour par la mégalopole.
Hong Kong. 7,2 millions d’habitants pour 36 millions de visiteurs par an. 6 357 habitants se partagent chaque km². C’est la plus forte densité de population au monde. Paradis fiscal propice aux investisseurs et aux banquiers, on considère que Hong Kong possède également l’économie la plus libérale du monde. C’est en tout cas la région la plus riche de Chine. Mais ce développement fulgurant ne se fait pas sans contraintes environnementales. Le « port parfumé » risque en effet de porter son nom d’une bien triste manière alors que la région se voit de plus en plus incapable de traiter ses montagnes de déchets, allant même jusqu’à voir ses chiffres régresser.
L’ONG « HK Clean Up » estime que plus d’1,3 million de bouteilles en plastique et mille tonnes de sacs terminent dans les poubelles chaque jour ! Une quantité astronomique qui s’entasse dans des décharges à ciel ouvert, dans les fourneaux de centrales énergétiques quand elles ne termine pas sa route dans l’océan. Dernièrement, un rapport de la fondation Ellen MacArthur révélait que 32% des 300+ millions de tonnes de plastiques produits chaque année finissent directement dans la nature. Des chiffres qui vont croissant malgré les mesures prises par certains gouvernements.
Les limites de la croissance
Ainsi, Hong Kong aurait atteint un point de saturation, rapporte l’AFP. D’ici 2 ans, toutes les décharges disponibles seront totalement pleines alors que la région est loin d’embrasser un traitement durable de ses déchets. Au contraire, le taux de recyclage a diminué de manière dramatique ses dernières années. En effet, alors que 25% des déchets plastiques étaient recyclés en 2005, à peine 5% de ceux-ci le seraient aujourd’hui. Le taux global de recyclage des ordures diminue également, passant de 52% in 2010 à 39% en 2012. Le département de la protection environnementale a avoué dernièrement avoir surévalué les chiffres. Hong Kong se voit ainsi obligé d’envoyer en Chine continentale l’essentiel de ses ordures.
Pourtant, des associations environnementales locales luttent à leur niveau notamment par des actions de collectes d’ordures sur les plages des 200 petites îles qui constituent Hong Kong. Jo Wilson, ramasseuse bénévole, témoigne à l’AFP que les hongkongais ont pris l’habitude de ne plus faire attention à l’impact de leur consommation. « Pour notre génération de clients de supermarchés et d’épiceries de quartier, tout ce qui compte est l’aspect pratique, pas l’impact en terme de pollution » explique-t-elle. Tout ce qui importe, c’est de consommer et jeter, avec toujours plus de facilité et de rapidité. En pratique, ceci se traduit par une augmentation moyenne de la quantité des déchets de 2,5% par an. Et environ un tiers de ces ordures concerne de la nourriture.
Photographie : AFP
Mais malgré ces efforts marginaux et l’urgence de la situation, les responsables politiques ne suivent pas, ou peu, le mouvement. En dépit des mesures de soutien aux entreprises de recyclage, la région maintien une approche résolument libérale en facilitant au maximum la vie des acteurs économiques. Mais la main invisible du marché n’a rien d’une écologiste. Les prix du pétrole sur les marchés étant historiquement bas, le plastique s’impose partout comme la solution de facilité, depuis les doubles (ou triples) emballages éphémères de nourriture jusqu’aux sacs plastiques publicitaires distribués à toutes les occasions.
Une exposition choc pour dénoncer la folie collective
Une exposition interpellante se tient en ce moment au Musée des sciences de Hong Kong dénonçant les ravages du plastique dans l’océan. L’exposition titrée The Plastic Garbage Project, mêlant approche scientifique et art du recyclage, est visitable jusqu’au 17 février prochain. La pièce principale, une énorme marée de déchets rejetés par la mer, représente à elle seule l’équivalent de 15 secondes de détritus rejetés dans l’océan par l’activité humaine. « Cette œuvre montre également que le plastique libère des substances nocives transférées aux humains par la chaîne alimentaire. En fin de chaine, ce sont les humains qui en souffrent et nous espérons que cette exposition pourra sensibiliser le public au problème de la pollution plastique et encourager les gens à en réduire leur consommation. » conclue Wister Tsui, un responsable du musée. Comble de l’absurdité, des milliers de sacs plastiques jetables sont distribués à l’entrée du musée pour y ranger les parapluies des visiteurs…
Source : levif.be / marketing-chine.com / scmp.com / Image à la une : Edward Wong