Ils lancent un « garage solidaire » pour lutter contre le gaspillage et la faim

À Bruxelles, les associations « Frigo pour tous »​ et « share food » ont lancé leur  premier frigo solidaire dans un garage, axé sur l’anti-gaspillage, à destination de ceux qui en ont le plus besoin. En avril dernier, nous étions sur place pour filmer l’évènement localisé, riche en émotions… 

« Ca suffit de gaspiller, ça suffit de jeter à la poubelle alors que des personnes ne peuvent pas se nourrir », nous lance Loubna Zinati, co-fondatrice de « Frigo pour tous ». L’association vient de participer à l’ouverture d’un frigo solidaire à Saint-Gilles, quartier populaire de la capitale Belge. Pour ce faire, un garage a été transformé en chambre froide ouverte au public. Aux heures d’ouverture, les bénévoles accueillent ceux qui viennent faire des dons et ceux qui souhaitent se servir. C’est un peu un lieu informel de « trading » humanitaire à petite échelle. Dans les frigos, de la viande, du fromage, du pain, des légumes mais aussi des plats préparés par des citoyens généreux. L’idée a été motivée par l’envie de réduire la quantité d’aliments consommables qui terminent dans les poubelles, notamment au niveau des invendus des grandes surfaces, mais aussi par la volonté de trouver une manière simple de venir en aide aux personnes qui sont dans le besoin autour de nous. À l’image de la petite fête de quartier qui accompagnait l’ouverture, c’est aussi l’occasion de souder des liens de manière locale et de construire un projet commun qui peut aller bien au delà. Depuis avril, des dizaines de personnes se rendent chaque jour sur le lieux !

Des boites libres, gratuites et inconditionnelles

Les frigos solidaires et autres boîtes à partage (livres, vêtements, jeux…) rencontrent d’ailleurs un succès grandissants, si bien qu’il n’est plus rare d’en croiser dans les grandes et plus petites villes. Si tout le monde a bien conscience que la pauvreté se combat avant tout au niveau institutionnel, les initiatives individuelles pallient au manque d’ambition des décideurs et à l’idée imposée que l’austérité est la seule voie possible. Le principe est particulièrement séduisant et facilite le partage de nourriture et la communication entre particuliers. Ces boîtes se fondent sur le principe de solidarité, demandent une petite implication bénévole et volontaire de la part des habitants et invitent à une réflexion à propos des questions environnementales et l’utilisation de l’espace public.

Tout le monde peut donc se servir dans ces frigos, même s’ils sont destinés en priorité aux plus démunis. À noter que ce ne sont pas seulement les particuliers qui peuvent s’impliquer par leurs dons dans ces projets, mais également des acteurs économiques, notamment les points de vente alimentaire ou encore les restaurateurs qui voudraient éviter de gaspiller inutilement de la nourriture.

En France aussi, les boîtes à partage se généralisent. On les trouve dans les rues de la capitale, notamment à l’initiative de l’association Cap ou pas Cap, mais aussi à Lyon ou encore à Strasbourg. La démarche connaît un succès important, si bien que certaines associations, comme Les boîtes à partage se sont spécialisées dans l’accompagnement des porteurs de projet et souhaitent mettre en réseau les structures existantes pour encourager la dynamique.

Le gaspillage alimentaire : des chiffres qui donnent le vertige

Au sein des Pays de l’Union européenne, 88 millions de tonnes d’aliments sont gaspillés chaque année. La Belgique est un mauvais élève, avec une perte alimentaire globale qui est de 3,6 millions de tonnes par an. Par habitant, cela représente 346 kilos gaspillés tous les ans, contre 176 kilos au niveau européen. Bien évidemment, ce chiffre n’est que représentatif : une bonne partie des pertes ayant lieu en amont des consommateurs, que ce soit au niveau des producteurs, des transformateurs, des distributeurs ou encore des restaurateurs.

Au niveau mondial, le gaspillage massif est un problème majeur1.3 milliard de tonnes de nourriture est purement et simplement dilapidée tandis que la faim augmente à nouveau dans le monde, pour la première fois depuis plusieurs dizaines d’années. À l’échelle nationale, et selon les estimations de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nation), la France comptabilise pas moins 10 millions de tonnes de déchets alimentaires jetés par les fenêtres chaque année. 33 % de ceux-ci sont imputables aux ménages français, le reste étant partagé entre l’industrie agroalimentaire, les commerces, la grande distribution, la vente au détail et la restauration. Il n’est donc plus possible de se rejeter la balle de la responsabilité : c’est un changement structurel et global qui doit être entamé pour résoudre le problème à l’échelle de la société.

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