Blasé par le métier qu’il exerçait dans la publicité, Hugo Mairelle, 28 ans, a tout quitté pour partir plusieurs mois en volontariat associatif au Mexique. De ce voyage formateur et inspirant, il ramène des photographies où l’homme et la nature ne font plus qu’un, mais aussi un témoignage éloquent sur le système agro-sylvo-pastoral qui se développe dans la région du Yucatan.
Des photos pour rendre grâce aux hommes et à la nature
Depuis février 2016, Hugo Mairelle, jeune créatif de 28 ans, opère auprès de l’association mexicaine Nukuch K’aax pour la reforestation de la région du sud du Yucatan. Pour ce faire, Nukuch K’aax promeut un système agricole bien particulier : l’agro-sylvo-pastoralisme. Au cours de son volontariat, Hugo a donc pu aider l’organisme dans son action quotidienne auprès des paysans, mais il a également tenu à tirer parti de cette aventure pour mettre sur pied un projet artistique. C’est ainsi que sont nées ses photographies issues de la série « Regard volontaire ».
Pour réaliser ces portraits où l’Homme ne fait plus qu’un avec son environnement séculaire, Hugo Mairelle a tout d’abord photographié les paysans Mayas sur sa route. Réalisés à la nuit tombée, ses clichés sont un premier témoignage de la vie de ces hommes et de ces femmes qui travaillent au plus près de la terre. Ensuite, dans un désir de retranscrire cette unité entre l’Humain et son environnement, les portraits ont été projetés dans divers lieux où la Nature exerce son droit de résidence depuis des millénaires. Entre arbres majestueux, ruines mayas et cieux étoilés dénués de toute pollution lumineuses, les visages de ces individus qui cultivent la richesse de notre Terre se fondent littéralement dans le paysage, pour un hommage éblouissant qui leur est rendu.
Découverte de l’agro-sylvo-pastoralisme
Mais ces photos sont loin d’être les seuls trésors ramenés de cette expédition mexicaine. En effet, l’association Nukuch K’aax travaille auprès des paysans à l’élaboration et à la mise en places de solutions agricoles responsables et résilientes centrées autour du système agro-sylvo-pastoral. Elle se définit d’ailleurs comme l’ « Association régionale des Agro-sylviculteurs du Sud du Yucatan ». Ce système est en fait une méthode agricole qui concilie les arbres, la production végétale, et la production animale de façon holistique.
Dans le système agro-sylvo-pastoral, chaque culture joue un rôle qui vient enrichir l’exploitation de façon naturelle. S’enclenche alors un cercle vertueux comme seule la Nature sait les inventer : les animaux peuvent bénéficier de l’ombre prodiguée par les arbres, qui participent aussi à la richesse du sol, laquelle entre en jeu dans la culture végétale et la nutrition animale. Aussi, les animaux contribuent à créer un compost qui viendra fertiliser la terre, tout autant que le humus généré à la tombée des feuilles des arbres. Et de la terre naîtront des ressources qui serviront à l’alimentation des animaux et des plantes. Peu à peu, un écosystème se reforme. Les mondes végétal, animal et minéral interagissent et communiquent, agissant peu à peu pour la réhabilitation d’une biodiversité super productive.
Protéger la « Grande Jungle Maya » de la déforestation
Enfin, dans un pays comme le Yucatan où l’on trouve l’une des plus grandes forêts tropicales au monde (la seconde sur le continent américain derrière l’Amazonie), la préservation de la « Grande Jungle Maya » est un enjeu environnemental important. Celle-ci est constamment menacée par les besoins grandissants des humains en terres agricoles et subit également les affres de l’urbanisation. Pourtant, elle reste le territoire privilégié d’une faune et d’une flore diverses et séculaires qu’il faut protéger à tout prix. C’est pourquoi il est vital de voir que les paysans, eux aussi, bénéficient de la mise en place d’un tel système. Il leur permet de diversifier leur activité en l’élargissant à la production du bois, de la viande, des légumes, mais aussi pourquoi pas de produits comme le miel tout en contribuant à la reforestation de leur pays.
En tablant sur les interactions naturelles qui existent, l’agro-sylvo-pastoralisme permet également la mise en place d’une agriculture biologique et résiliente qui ne nuit pas à l’environnement. Dès lors, les engrais chimiques et autres pesticides vendus par de grands groupes mondiaux ne sont plus nécessaires. Tirer parti de l’action des différents acteurs présents dans la nature se révèle une solution efficace pour réduire les coûts et la dépendance liés aux pratiques de l’agriculture telle que nous la connaissons. Pour cela, limiter la nécessité pour les peuples de transformer la forêt à coups de friches et d’incendies est primordial. En ce sens, l’agro-sylvo-pastoralisme répond aussi bien à l’enjeu environnemental de protection du patrimoine forestier tout en garantissant la rentabilité agricole, et donc la survie de ces hommes qui ont fait de la terre leur métier.
Sources : HugoMairelle.com / Nukuchkaax.org.mx