En octobre 2021 était publié un rapport coordonné par l’Organisation mondiale météorologique (OMM) sur l’Etat du climat en Afrique 2020. Les constats y sont alarmants : l’Afrique subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique qui s’opère à un rythme particulièrement soutenu sur ce continent. Parmi les conclusions du rapport, les trois seuls glaciers que l’Afrique compte auront totalement fondu d’ici 2040. Un signal d’alarme de plus témoignant de l’urgence climatique mondiale…

L’Afrique particulièrement touchée par le changement climatique

Le rapport coordonné par l’OMM, agence des Nations Unies spécialisée en météorologie et coopération internationale en la matière, fait le bilan des tendances climatiques et phénomènes météorologiques en Afrique durant l’année 2020.

Il en ressort que : « Au cours de l’année 2020, les indicateurs climatiques en Afrique ont été caractérisés par un réchauffement continu des températures, une accélération de l’élévation du niveau de la mer, des événements météorologiques et climatiques extrêmes, tels que les inondations et les sécheresses, et les effets dévastateurs associés. »

Cette hausse continue des températures en Afrique s’opère encore plus rapidement que sur le reste du globe et, ce, particulièrement dans le Nord-Ouest, dans les zones équatoriales occidentales ainsi que dans certaines zones de la corne de l’Afrique.

Une fonte de glaciers imminente et symbolique

Kilimanjaro @sergey-pesterev-unsplash

Parmi les conséquences de ces modifications climatiques en Afrique, la fonte des glaciers est particulièrement inquiétante : leur taux de retrait est lui aussi supérieur à la moyenne mondiale. Seules trois chaînes de montagnes sont couvertes de glaciers en Afrique, les massifs du mont Kenya, des monts Rwenzori en Ouganda et du mont Kilimandjaro en Tanzanie, mais à la vitesse de recul actuelle, ceux-ci auront totalement fondu d’ici 2040, dans à peine 20 ans donc…

L’espérance de vie des derniers glaciers du mont Kenya est, elle, encore plus limitée puisque les scientifiques estiment sa fonte totale d’ici à seulement 10 ans. La chaîne de montagne entière n’abritera plus aucune glace dans une décennie, ce qui en fera une des premières dans le monde à être dénuée de ses glaciers à cause du réchauffement climatique lié aux activités humaines. Tout un symbole…

Changements de la surface couverte par les glaciers des monts Kenya, Rwenzori et Kilimandjaro. Source : OMM

La fonte totale des glaciers est  « la menace d’un changement imminent et irréversible du système terrestre » selon le Secrétaire général de l’OMM. En plus de témoigner de la gravité du réchauffement climatique sur l’un des plus grands continents du monde, la déglaciation totale entraînera des conséquences sociales et économiques négatives pour les populations locales.

Selon le rapport, ces glaciers ne sont pas assez importants pour constituer des réserves d’eau dans leurs régions respectives. Néanmoins, les glaciers y ont un rôle d’équilibre écosystémique, d’attraction touristique, crucial pour l’économie locale, et d’importance scientifique non négligeable.

 

Conséquences socio-économiques qui s’en suivent

Le rapport de l’OMM pointe aussi les conséquences désastreuses du dérèglement climatique sur les populations africaines, de plus en plus exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes. La population est d’autant plus vulnérable au réchauffement climatique par rapport à d’autres parties du monde du fait de sa forte dépendance économique au secteur agricole, à la pêche et à l’élevage dont les rendements sont fortement liés aux conditions météorologiques. En Afrique subsaharienne, par exemple, près de la moitié de la population dépend de ces secteurs comme moyens de subsistance.

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« La hausse des températures entraîne la disparition d’espèces et d’écosystèmes, ce qui peut réduire les rendements de l’agriculture et de la pêche, contribuer à l’insécurité alimentaire et affecter les moyens de subsistance […] Les phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes peuvent également exacerber les risques sanitaires, endommager les infrastructures et entraîner une pénurie d’eau. »

Le dérèglement du rythme des précipitations, les sécheresses et inondations font plonger des régions entières dans l’insécurité alimentaire, ayant touché en 2020 près de 40% de gens en plus que l’année précédente, et dans la pauvreté.

Les catastrophes climatiques entraînent également des déplacements de populations, obligées de migrer pour trouver des conditions vivables. En 2020, le rapport estime que plus de 1,2 million de déplacements étaient liés à des catastrophes naturelles en Afrique de l’Est et dans la corne de l’Afrique.

Pour ne citer qu’un exemple, le Kenya subit depuis 2019, en plus de la pandémie de Covid-19, une succession de catastrophes naturelles aux conséquences dévastatrices : sévères inondations dans l’Ouest, invasion de criquets pèlerins et sécheresses à répétition dans le Nord du pays, plongeant des millions d’habitants dans l’insécurité alimentaire. Le manque de ressources liées à ces catastrophes provoque également des tensions qui font naître des climats de violence dans ces régions vulnérables.

 

Un continent qui subit les émissions de CO2 des autres

Rwenzori Mountains @Wikicommons

Le rapport souligne la nécessité d’investir dans le renforcement des capacités d’adaptation de ces pays et dans les transferts de technologie pour permettre aux États africains de mieux se prémunir contre ces changements météorologiques et catastrophes naturelles à venir.

Il n’en reste pas moins que l’Afrique est particulièrement vulnérable au changement climatique, alors qu’il s’agit pourtant du continent émettant le moins de pollution. En effet, il a été estimé que le continent africain émet moins de 4% de la proportion mondiale d’émissions de gaz à effets de serre, contre 53% pour l’Asie ou encore 18% pour l’Amérique du Nord.

L’urgence consiste à changer de modèle afin de ralentir cette hausse des températures entraînant injustement des conséquences désastreuses pour les populations ainsi que pour les écosystèmes. La communauté internationale doit prendre ses responsabilités dans la lutte contre le réchauffement climatique qui touche particulièrement l’Afrique, en témoigne l’inquiétante fonte de ses glaciers.

Delphine de H.

Photo de couverture Kilimanjaro photographed from a street in Moshi, Tanzania @Lone Vassnos/Wikimédia commons


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