Agriculteurs sous-payés, singes exploités, et marketing exotique fallacieux autour de ses supposés bienfaits pour la santé, font partie de la face immergée du business de la noix de coco. Nouvel ingrédient favori des cadres dynamiques occidentaux, importée en masse depuis l’Asie du Pacifique, la noix de coco et ses dérivés cachent une réalité qui n’est pas aussi immaculée que la peau du fruit bien-aimé.

Des producteurs sous-payés

« Pfff, on ne peut plus rien manger », c’est la réaction la plus prévisible que vous aurez en parlant d’un désastre industriel quelconque. Malheureusement, cette pirouette sémantique ne suffit pas à améliorer notre monde bien réel, tout au mieux, à nous rassurer. Avec l’industrialisation couplée à la mondialisation low-cost, de plus en plus de scandales éclatent sur des produits du quotidien. Récemment, c’est au tour du secteur de la noix de coco de révéler ses secrets peu éclatants.

Contrairement à l’image vendeuse de noix de coco qui serait « récoltée dans un lointain paradis brésilien », 95% des noix de coco sont récoltées par des petits agriculteurs au bénéfice de grands groupes, et 90% de ces petits agriculteurs sont en Asie-Pacifique. Sans surprise, on trouve dans les pays producteurs un saccage qui n’est pas sans lien avec notre engouement occidental pour la noix. Ainsi, un article publié par The Guardian révèle qu’environ 40 à 60% des 3,5 millions de producteurs de noix de coco aux Philippines vivent dans l’extrême pauvreté, avec moins d’un dollar par jour. Pendant ce temps, on parle d’exportations illégales et lucratives de jeunes plants de noix de coco précieux vers la Chine.

Photographie : BOBBY TIMONERA

La consommation massive de noix de coco devrait-elle rejoindre le quinoa et les avocats comme source de « culpabilité » pour les consommateurs occidentaux ? Souvent contraints à la monoculture, les petits producteurs de noix de coco n’ont pas la possibilité de faire face à une fluctuation de la demande et des prix, et peuvent facilement se retrouver pris en étaux dans les logiques du commerce international. En effet, le marché ne fait aucun cadeau. Pour la noix de coco, comme pour n’importe quel autre produit, c’est à nouveau le rôle du commerce équitable de casser les règles du marché pour apporter un revenu digne aux producteurs. Ainsi, les quelques 7 000 agriculteurs travaillant avec Fair Trade et des coopératives formées avec le soutien du gouvernement commencent à investir dans des semis pour remplacer les arbres séniles improductifs. Ils apprennent également la diversification, ce qui garantit que les cultures commerciales, telles que le cacao, le café et les piments trouvent preneur localement en attendant que les jeunes arbres atteignent leur maturité. Malheureusement, le diktat du prix n’est pas la seule problématique qui touche le secteur.

Le scandale des singes exploités

Ce sont de sombres titres qui gisent régulièrement sur la toile depuis plusieurs années maintenant. Alors que le marché américain s’est découvert une véritable passion pour l’eau et l’huile de noix de coco, les pays exportateurs ont dû faire face à une demande exponentielle qui a parfois mené à des dérives cruelles. Ainsi, certaines plantations d’Asie du Sud-Est ont eu recours à l’exploitation de singes pour recueillir les précieuses noix de coco en haut des arbres. Arrachés à leur mère, enchaînés, battus, et réduits en esclavage, les singes ont été parmi les premières victimes de la frénésie occidentale pour la noix de coco.

Photographie : Boisvieux / Corbis

Dans un article de 2015, le Daily Mail raconte ainsi que « les bébés singes sont capturés et arrachés à leurs mères, souvent tuées par des chasseurs, et envoyés dans des écoles spéciales où on leur apprend à choisir jusqu’à 1 000 noix de coco par jour ». Beaucoup de produits à base de noix de coco, qui sont devenus le must pour les amateurs de santé et les célébrités, proviennent de la Thaïlande où une part importante des noix de coco sont cueillies par ces animaux cruellement traités. Les dommages psychologiques et physiques qui en découlent sont terribles pour ces animaux, la plupart du temps de la sous-espèce des macaques.

Des bénéfices pour la santé remis en cause

Enfin, si les raisons de diminuer sa consommation de produits dérivés de la noix de coco, ou tout le moins d’adopter des comportements de consommation responsable vis-à-vis de ces produits n’étaient pas suffisantes, sachez que leurs supposés bienfaits pour la santé sont également à remettre en perspective. En dépit de son côté cool et populaire, l’huile de noix de coco, dont les marques ne cessent de vanter les vertus miraculeuses, n’est pas si bénéfique que ça. Utilisée en produit alimentaire, elle contient davantage de graisses saturées que le beurre ou la graisse animale, participant ainsi directement au développement de maladies cardiovasculaires. Même si, comme le notent certains scientifiques, les acides gras présents dans l’huile de noix de coco sont absorbés différemment par le corps humain (et pourraient donc contribuer un peu moins au cholestérol total).

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Pour ce qui est des autres vertus supposées de la noix de coco, les scientifiques sont dubitatifs. Dans un article du Guardian, Laurence Eyres, un chercheur au New Zealand Institute of Chemistry, parle même d’un « conte de fées développé par le marketing ». Vertus hydratantes inégalées, lutte contre la dégénérescence mentale et contre Alzheimer, produit de beauté miracle… toutes ces qualités restent encore à prouver. En attendant, la prudence est de mise. Mais surtout, il reste important de s’assurer de l’origine de ces produits, dont notre consommation a une répercussion réelle de l’autre côté du globe…


Sources : TheGuardian.com / DailyMail.co.uk / Treehugger.com

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