La frange la plus pauvre de la population profite t-elle du travail des autres ? Vivons nous dans un système de profiteurs basé sur l’assistanat ? Contre une vision du monde caricaturale faisant le profit des politiques réactionnaires, #datagueule en revient aux faits, en chiffres et en images !

En 2016, il ne fait pas bon d’être pauvre. C’est le constat que font beaucoup de médias alternatifs, relevant les multiples attaques publiques contre les plus précarisés, souvent fondées sur des arguments fallacieux. Et pourtant, la réalité sociale devrait être une bonne raison de venir plus en aide aux plus démunis, de les soutenir, au lieu de les marginaliser en les rendant responsables de la crise. En effet, la hausse de la pauvreté au sein de la population a été spectaculaire ces dernières années, alors que la richesse collective augmente, comme le révèlent les chiffres de #datagueule. En France, en 2014, 8,8 million de Français vivaient sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1008 euros à disposition par mois. C’est 14,8% de plus qu’en 2004 ! Alors, qui profite vraiment ?

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Dans le discours public, les plus pauvres ont bon dos

L’idée qu’une partie de la population profiterait de l’assistanat est largement diffusée dans la sphère publique où l’on se fonde sur le constat de l’augmentation générale des prestations sociales dans le revenu des ménages français. En outre, en 2013, les dépenses liées à ces versements représentaient 23 milliards d’euros. Ce mythe se traduit dans les programmes politiques. François Fillon, par exemple, a plusieurs fois indiqué qu’il voulait faire de la lutte contre la fraude aux allocations une priorité. Bien évidemment, ce discours purement politique a pour effet de stigmatiser les allocataires, alors même qu’il a été montré à maintes reprises que cette fraude était marginale et ne représentait que bien peu par rapport à d’autres types d’atteintes à la loi, notamment la fraude aux cotisations ou la fraude fiscale.

Autre exemple, la prise de position particulièrement violente de Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation national, qui, lors des débats à propos du revenu universel, a considéré que « Le principe de l’allocation universelle est absurde et immoral car il fabrique une société d’assistés et de feignants, d’individus hors sol, totalement déconnectés du collectif dont ils reçoivent tout sans rien donner en échange. » Ici, le choix lexical est particulièrement symbolique car il exprime non seulement l’idée que la solidarité engendre la paresse, mais en plus que ceux qui sont allocataires nuisent au reste de la société, la mette en danger : le citoyen devient l’ennemi ordinaire du monde, et qui est le citoyen si ce n’est nous-mêmes ?

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Une réalité sociale bien différente

#datagueule utilise deux séries d’arguments pour défaire le mythe de l’assistanat. Premièrement, l’équipe met en évidence que les clichés réducteurs qui circulent à propos de la pauvreté ne sont pas fondés. Ainsi, contrairement à ce qu’une grande partie du discours politique peut laisser entendre, la fraude des différentes allocations existantes est marginale. Par ailleurs, il faut insister sur le fait que de nombreuses personnes qui pourraient prétendre à des aides (RSA, aides médicales,..) n’en font pas la demande. Ces aides n’étant pas automatiques, nombre d’individus, parfois désinformés, n’en font pas usage.

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Deuxièmement, #datagueule rappelle que les aides sociales sont un droit qui procède de l’idée de solidarité nationale. Or, cette solidarité nationale ne concerne pas seulement les aides qui sont généralement associées à la pauvreté et au chômage comme le RSA ou la Prime d’activité. En effet, cette solidarité est générale, c’est à dire que chaque français en bénéficie, indépendamment de sa situation individuelle. Ainsi, la solidarité nationale, c’est également le remboursement d’une partie des frais médicaux, dont tout le monde bénéficie, le versement des retraites ou encore « les formations universitaires, au sein desquelles il y a une sur-représentation des enfants de cadres »« C’est un bénéfice dont on ne parle pas, et qui, finalement, est un peu dissimulé, car il ne prend pas le visage d’aides sociales, mais qui en fait est aussi à une forme de solidarité envers tout le monde » souligne Nina Schmidt, intervenante dans cet épisode.

En guise de conclusion, #datagueule souligne le caractère protéiforme de la pauvreté, dont les visages sont multiples. Elle peut être structurelle, lorsqu’elle liée à des dépenses quotidiennes incompressibles comme le logement, les déplacements pour aller au travail, les frais d’abonnements téléphoniques ou encore les diverses assurances. Elle peut être liée à une forme de précarité énergétique ou à des dettes qui deviennent impossibles à payer. Bien souvent, ces différents éléments se cumulent, ce qui rend le cercle vicieux de la pauvreté encore plus difficile à briser.

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