Le réchauffement climatique provoqué par les changements apparus dans nos modes de vie depuis les années 1970 semble toucher de plein fouet nos océans et leurs habitants. C’est en tout cas ce que révèle un nouveau rapport scientifique qui publie les résultats de recherches menées par 80 scientifiques internationaux en différents lieux de la planète. Un très mauvais signe, tant pour les fonds marins que pour la vie sur les terres émergées.
Le réchauffement océanique, conséquence directe de nos modes de vie
C’est une révélation qui a eu lieu pendant le Congrès International de la Nature, qui a lieu actuellement à Honolulu, et qui n’augure rien de bon : les océans de la planète se réchauffent, et ils le font de manière bien trop rapide. Résultat des recherches effectuées par 80 scientifiques issus de 12 pays du monde entier, le rapport offre une vision assez sombre de l’état de nos océans et de leur faune. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme tout en long de la décennie. Abordant les effets du réchauffement océanique sur la vie marine, au travers du comportement des micro-organismes et de celui des mammifères, le rapport nous éclaire également sur les risques encourus sur la terre ferme.
« Le réchauffement océanique est un des plus grands défis insoupçonnés de cette génération — et un défi auquel nous ne somme nullement préparés », ainsi a parlé Inger Anderson, directeur général de l’IUCN. Ajoutant : « Le seul moyen de préserver la richesse de la vie marine et de garantir la protection et les ressources que nous offrent les océans est de réduire rapidement et de façon conséquente nos émissions de gaz à effets de serre. » Et pour cause : les océans auraient absorbé 93% de la chaleur supplémentaire générée par le réchauffement des quarante dernières années. On imagine difficilement les conditions climatiques dans lesquelles nous vivrions sur la terre sans l’action vitale de ces derniers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les océans que nous polluons et souillons incessamment jouent un rôle protecteur pour l’homme; mais jusqu’à quel point ?
Des migrations qui pourraient accélérer la pénurie de poissons
Ce réchauffement de l’eau a surtout d’ores et déjà des conséquences très importantes sur la vie marine. Des conséquences qui, par ricochet, se répercutent sur l’écosystème terrien tout entier. Ainsi, touchés par le réchauffement des eaux, certaines espèces ont déjà commencé à migrer en direction des pôles à la recherche d’eaux plus fraîches. L’étude, qui porte sur tous les écosystèmes marins d’importance, a ainsi montré que certains planctons, méduses, tortues et oiseaux se déplaçaient jusqu’à 10 degrés de latitude afin de regagner un environnement plus propice à leur mode de vie.
Ces déplacements ne sont pas sans conséquence, ils compliquent leur reproduction. La vitesse de ces migrations, est également inquiétante : elle se fait de 1,5 à 5 fois plus rapidement que les espèces sur terre, démontrent une dérégulation dans les « saisons des océans ». Pour les Hommes, cela signifie indirectement une diminution des stocks de poissons dans certaines régions du globe. En Afrique de l’Est et dans l’Océan Indien par exemple, le réchauffement océanique a réduit le nombre de certaines espèces de poissons en détruisant les coraux dont ils dépendent. S’ajoutent à cela des pratiques de pêche intensive et destructrices qui n’arrangent pas la situation. En Asie du Sud-Est, la pêche pourrait subir une diminution de 10 à 30% d’ici à 2050 par rapport aux chiffres des années 1970-2000, le tout dans un contexte de croissance démographique.
Des conséquences directes pour la vie des continents
En plus de participer à la diminution des ressources marines pour la vie humaine, l’étude indique que le réchauffement océanique a des conséquences directes sur l’écosystème terrestre. Ainsi, nous serions moins bien protégés des tempêtes et de l’érosion, et les ouragans seraient susceptibles de se multiplier. Le rapport indique ainsi que leur nombre a déjà augmenté de 25 à 30% pour chaque degré supplémentaire lié au réchauffement climatique. Enfin, les risques pathogènes seraient augmentés avec la prolifération de bactéries ou d’algues toxiques qui peuvent directement contaminer les poissons que nous consommons.
Afin d’endiguer les effets néfastes d’un réchauffement océaniques aux conséquences catastrophiques pour l’ensemble des espèces de la planète, le rapport appelle tout d’abord à la prise de conscience. Dans les faits, celle-ci devrait se traduire par l’extension des zones marines protégées, la mise en place de législations en hautes mers, une continuité dans les recherches scientifiques sur le sujet, et une volonté globale de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’accepter la transition écologique sans plus tarder.
Projet « The Silent Evolution », de reconstitution des coraux par l’art
Sources : GoodPlanet.info / IUCN.org / Rapport : Explaining ocean warming: Causes, scale, effects and consequences