Amnesty International a publié un classement en novembre 2014 des 5 plus gros vendeurs d’armes dans le monde. Pour mieux comprendre pourquoi certaines régions du monde sont toujours en conflit, jetons un petit coup d’œil sur un classement parlant. Un classement qui permet de comprendre qui a intérêt à ce que ces conflits durent encore.
Pour se battre, il faut des armes, c’est tout de même plus pratique ! Et des armes, il faut bien que quelqu’un les produise… Sans surprise, ce sinistre podium est largement dominé par les pays occidentaux. Les États-Unis en tête, juste suivis de la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni. Un marché juteux qui rapporte au total 113 milliards d’euros par an à cette industrie de la mort. La paix ? Mais pour quoi faire ?
Qui vend des armes et à qui ?
Les Etats-Unis : les plus gros vendeur d’armes
De loin les plus gros exportateurs d’armes au monde avec 30% des transferts d’armes classiques (en valeur) puisqu’ils fournissent des armes à plus de 170 pays.
Les USA sont les principaux fournisseurs d’armes de l’Égypte et d’Israël malgré la répression violente menée contre les manifestants. Ils ont également vendu des armes à des pays comme l’Irak, Israël, le Sri Lanka, Bahreïn, l’Égypte et le Yémen, là où des risques qu’elles soient utilisées pour commettre de graves atteintes aux droits humains étaient fortement présents. Cependant, ils ont restreint les transferts d’armes en direction de Birmanie, de la Chine, du Sri Lanka, du Zimbabwe et des pays visés par des embargos sur les armes décrétés par les Nations unies.
La Russie : le fournisseur principal de la Syrie
La Russie est le second plus gros exportateur d’armes en valeur au niveau mondial. Ses principaux clients sont l’Inde, la Syrie, l’Algérie, le Myanmar, le Venezuela, le Soudan et de nombreux autres pays d’Afrique. Néanmoins, en perte de vitesse, le pays cherche des partenaires de pointe et de nouveaux marchés dans plusieurs domaines technologiques clés.
Environ 10 % des exportations d’armes russes seraient à destination de la Syrie, faisant de la Russie le principal fournisseur d’armes de ce pays. Ces transferts incluent des missiles antichars et des avions de combat. La Russie fournit également des hélicoptères de combat pour le Soudan, utilisés pour attaquer des civils au Darfour et au Kordofan du Sud. Enfin, elle se positionne aujourd’hui comme un des exportateurs majeurs d’équipements militaires à destination de l’Égypte. En effet, selon certaines informations parues dans la presse, l’Égypte aurait signé un accord pour 2 milliards de dollars de matériel militaire, dont des hélicoptères. Cet accord aurait été finalisé lors de la visite officielle du général al Sisi à Moscou en février et serait financé par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
La Chine : des ventes tenues secrètes
Les données sur le commerce des armes y sont tenues secrètes mais représenteraient environ 5% du commerce mondial des armes classiques. Ses exportations se font principalement vers l’Algérie, l’Angola, le Bangladesh, l’Égypte, la Guinée, l’Indonésie, l’Irak, l’Iran, la Jordanie, le Kenya, la Libye, le Myanmar, le Pakistan, la République démocratique du Congo, le Sri Lanka, le Soudan, le Soudan du Sud et le Zimbabwe. Evidemment, une similitude saute à l’œil : ce sont des pays en développement dont la situation en matière de droits humains est médiocre.
La Chine fournit également des munitions et des armes légères au Soudan, utilisées par les forces de sécurité et les milices au Darfour, ainsi qu’à la République démocratique du Congo. Pour finir, elle fournit aussi des roquettes et des mines antichars à la Libye sous le régime de Mouammar Kadhafi, ainsi que des munitions, des grenades pour lanceurs, des mortiers et des obus de mortier au Zimbabwe.
La France : des ventes de l’Afrique du Nord à la Russie
La France, selon les classements et leurs périodes de publication, est généralement classée parmi le troisième, quatrième ou cinquième pays exportateur mondial d’armes classiques en valeur. Un podium « serré » avec le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Au travers de ses principaux acheteurs, on distingue Singapour, les Émirats arabes unis, la Grèce, des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ainsi que d’autres pays francophones et des partenaires au sein de l’OTAN. Dernièrement, la France et la Russie ont inauguré une collaboration en matière de défense et d’équipements navals.
Bien que la France soit généralement exigeante concernant les critères stricts des transferts d’armes, elle a fourni des armes à des pays tels que la Libye sous le colonel Kadhafi, l’Egypte, Israël, le Tchad et la Syrie entre 2005 et 2009. Des pays où de graves transgressions des droits humains pouvaient être commises.
credit : Famas made in france
Le Royaume-Uni : des preuves d’alimentation de conflits armés
Le Royaume-Uni a pour principaux importateurs les Etats-Unis, l’Inde, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud, ainsi que d’autres partenaires au sein de l’OTAN et d’autres pays du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne.
Tout comme la France, le Royaume-Uni est fréquemment favorable à des critères stricts concernant les transferts d’armes. Il a pourtant été le fournisseur de pays qui, semblablement à la France, avaient des risques élevés de violations des droits humains comme le Sri Lanka. La législation britannique fait actuellement l’objet d’un examen d’éléments attestant que les autorités auraient fourni des armes de petit calibre, des munitions et des équipements pour véhicules blindés à la Libye sous le pouvoir du colonel Kadhafi, ainsi que des armes de petit calibre à Bahreïn et des équipements destinés au maintien de l’ordre au Yémen.
credit : Pokman
Et les entreprises, quelle responsabilité dans le commerce des armes ?
La majeure partie du commerce des armes est le fait d’organisations commerciales, de sociétés qui les fabriquent, les achètent et les vendent, ainsi que de prestataires de services militaires, de courtiers et de négociants ou encore d’intermédiaires qui les transportent et les financent.
Néanmoins, la responsabilité principale incombe aux Etats qui revendiquent le droit de se défendre et de protéger leur population. Seuls eux peuvent réglementer ce commerce en accordant ou en refusant des licences, en interdisant certaines armes inhumaines et en imposant des embargos et des suspensions en matière d’armes. Le problème restant capital est que l’élaboration et l’application d’une réglementation relative au commerce des armes ne suivent pas le rythme des marchés mondiaux des armes et la volonté politique d’y remédier est manquante.
BONUS
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