La Finlande est en train d’étudier de manière sérieuse l’instauration d’un revenu de base. Pendant deux ans, la mesure sera testée auprès de 2000 personnes et pourrait être étendue par la suite. La prudence reste cependant de mise : la généralisation de cette disposition dans le pays pourrait être accompagnée d’une suppression des aides sociales d’autre part. Les militants restent globalement divisés sur la manière de mettre en place un tel système.

Le gouvernement finlandais a pris la décision de tester un revenu de base. Celui-ci sera versé à chaque citoyen, sans conditions. Le Premier ministre actuel, Juha Sipilä (centre droit), avait fait de cette proposition un argument de campagne. Selon le gouvernement, cette décision devrait non seulement aider à relancer le marché du travail, mais également simplifier le système de prestations sociales en vigueur à ce jour, jugé couteux et complexe.

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Le lancement de la mesure intervient alors qu’un débat important sur la réforme de l’État est en cours en Finlande, tout comme ailleurs en Europe. Si le système de couverture sociale est particulièrement développé dans ce pays, il n’est plus adapté à sa réalité sociale, estiment de nombreuses personnalités politiques. Otto Lehto qui a travaillé sur le projet de réforme indique :

«[le système de couverture sociale] est beaucoup trop rigide. Il n’a pas suivi les évolutions de la société et du monde du travail. Calibré pour les réalités du XXe siècle, où l’individu avait un emploi à plein temps, où les familles étaient solides, il ne parvient plus à assumer sa fonction alors que se multiplient les jobs à temps très partiel, que le nombre de microentrepreneurs précarisés ne cesse de croître, qu’un mariage sur deux se conclut par un divorce. Autant de situations qui amènent les gens à se retrouver fragilisés, piégés par des effets de seuil, des retards bureaucratiques. Avec un revenu de base universel, nous simplifions ce système, sortons les gens du piège qui se referme sur eux et les incitons à se remettre au travail.»

Pendant deux ans à partir du 1er janvier 2017, le système doit être testé sur un échantillon de 2000 personnes en âge de travailler et choisies au hasard. Chacune d’entre elles se verra verser une somme de 560 euros par mois (qu’ils travaillent ou non). Si le montant exact du revenu fait débat au sein de la classe politique, d’autant qu’il n’est pas très élevé, la suppression concomitante des aides sociales pose un problème de fond important. Comment vont pouvoir survivre les individus qui ne peuvent pas trouver un travail (les raisons pouvant être infiniment nombreuses, depuis la maladie à l’incapacité de travail) avec ce montant largement sous le seuil de pauvreté ?

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Création d’emplois et simplification administrative

Le gouvernement souhaite apporter une réponse aux problèmes économiques que traverse le pays depuis quelques années. Alors que l’économie se transforme progressivement et que le tertiaire connaît un développement important, le pays n’a pas réussi, tout comme nombreux de ses voisins européens, à adapter la stratégie nationale à un marché de l’emploi en évolution. En effet , le pays souffre d’un chômage qui stagne autour des 10%, un chiffre relativement élevé pour la Finlande. Dans ce contexte, le Premier ministre espère entamer une réforme d’envergure qui devra favoriser un retour à l’emploi et soutenir les travailleurs indépendants. Le versement d’un revenu de base en serait la clé de voûte.

Seulement, le projet prévoit également de simplifier le fonctionnement administratif du pays : sa complexité engendre des déficits importants. Ainsi, le revenu se substituera tout bonnement à certaines prestations sociales qui étaient jusqu’alors versées aux ménages les plus défavorisés. Dans la mesure où le ministère n’a pas donné de plus amples précisions à propos du futur exacte du système social actuel, il est difficile de juger la proposition.

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Un revenu du base à la « Milton Friedman »

Cependant, l’idée (dans sa conception actuelle) est d’inspiration libérale puisqu’elle aboutit à un effacement progressif de l’État. L’objectif premier n’est pas social mais économique : la suppression des prestations sociales existantes et leur remplacement par une couverture plus universelle doit aboutir à une simplification administrative ainsi qu’à une relance économique. De manière plus générale, le débat rappelle que diverses écoles s’affrontent lorsque l’on parle de revenu de base et que l’instrument peut être à l’origine de modes d’organisation collectifs très différents.

04_revenu_base_finlandeStreet-Art à Helsinki / Flickr

Sans aucun doute, le revenu de base fait son chemin au niveau international et au sein des différents partis politiques. La raison est partout la même : la généralisation des nouvelles technologies et de l’internet ainsi que de l’automatisation a aboutit à une évolution rapide du marché du travail. Mais la forme exacte que doit prendre ce revenu ainsi que sa raison sociale ne font pas l’unanimité. Au contraire, selon les différentes propositions et la manière de les articuler, on peut voir se dessiner des visions de la société très opposées. Alors que pour certains, comme en Finlande, le revenu de base est un outil destiné à relancer la croissance et l’économie, d’autres y voient une manière de soutenir chaque individu, indépendamment de ses activités : dans cette seconde hypothèse on considère que chacun crée de la richesse en dehors du travail productif classique (femmes au foyer, petits artisans,..).

Alors que le le sujet revient de manière de plus en plus régulière dans l’actualité et que la Suisse s’opposait récemment au principe, il reste fondamental d’apporter une attention particulière aux propositions des différents partis politiques, qui poursuivent des fins très différentes.

Conférence / Débat sur la question du revenu de base en Finlande


Sources : hebdo.ch / liberation.fr  / lesechos.fr

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