Alors que les pénuries de matières se multiplient, le concept de MyTroc, déjà connu du public, convertit de plus en plus de grands groupes, entreprises et acteurs publics à la consommation d’occasion. Pousser de géantes entreprises professionnelles, telle que la SNCF, à se mette au troc : peut-être un pas de plus vers une société plus égalitaire, moins productiviste et polluante ? Démonstration d’un horizon plein d’espoir.

Le projet MyTroc a moins de dix ans. Il débute en juin 2015 sur une idée de Floriane Addad, la fondatrice, qui a toujours été très sensible aux problématiques écologiques et sociales. Elle est d’ailleurs intervenue plusieurs fois à l’ONU lors de colloques sur les Objectifs de développement durable (ODD).

Quelques mois après, avec Judicaël Decriem, son associé développeur, la dream team lance la plateforme de don et de troc grand public mytroc.fr qui compte aujourd’hui 285 000 utilisateurs.

Bois, métaux, plastique, verre…. Dans le monde post-covid, à l’heure de la reprise économique, les pénuries de matières premières sont particulièrement nombreuses. Résultat ? Toutes les chaînes de production concernées sont paralysées.

Par exemple, les secteurs de l’ameublement, du bricolage et des loisirs connaissent de plus en plus de ruptures de stock. Mais paradoxalement aussi, de nombreuses ressources sont inutilisées dans les entreprises et les administrations, et finissent par être jetées. La raison est simple : elles ne sont pas au bon endroit au bon moment et les personnes qui en auraient besoin ne connaissent pas leur existence. Cette problématique est propre à tous les secteurs : bâtiment, événementiel, santé, mode, sport, public…

« Depuis le Covid, de plus en plus d’entreprises professionnelles s’intéressent au troc. C’est une nouvelle façon de penser les stocks de produits et promouvoir la seconde vie ».

Sur le site MyTroc.fr, on peut ainsi accéder à plusieurs types de trocs, d’échanges, possibles : beauté/bien-être, enfance, vêtements, bricolage, maison, informatique, animaux… Mais aussi de la proposition de « coups de main », c’est-à-dire du pur échange de service avec des personnes dans le besoin : par exemple, on peut échanger des services ménagers contre de l’aide administrative, des cours particuliers, du petit bricolage…

Comment ça fonctionne ? Sur la plateforme, il y a globalement deux façons de troquer : 1) par un échange d’une chose contre une autre (par exemple tel objet contre tel objet / service). 2), avec des noisettes, la monnaie collaborative propre à Mytroc, qui permet de faciliter le troc (exemple : en échange de ceci, tu obtiens tel objet de moindre valeur, mais avec x noisettes, que tu pourras toi aussi troquer ailleurs).

Le site fonctionne ainsi comme une sorte de réseau social du troc : on peut poster une annonce de ce qu’on propose, ou faire une recherche de ce dont nous avons besoin.

Marché Troc aux plantes à Taisnières sur Hon (59). Photo : Public Domain

Dans un temps de crise, économique, environnementale, sociale, si certains se nuisent jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à défendre, d’autres cherchent des solutions pour une société plus solidaire, éthique et respectueuse de son environnement. C’est le cas de tous ces projets de monnaie solidaire, troc, échanges de service, occasion, seconde main, recyclage, etc. Sophocle disait déjà dans Antigone que l’argent était le fléau des hommes, et il n’y a qu’à voir comment, aujourd’hui, notre système capitaliste éprouve toutes les difficultés à faire valoir sa légitimité. Alors pourquoi ne pas troquer ?

Moro

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