La nouvelle enthousiasmera les amoureux de la biodiversité : le gouvernement écossais vient de faire interdire purement et simplement la production d’OGM sur son territoire. Le pays dit ainsi « bye bye » à Monsanto qui est le principal industriel autorisé à écouler ses semences en Europe.
Jusqu’à décision contraire, la belle Alba (du gaélique) ne verra pas pousser de plants MON 87460, NK 603 ou autre GT 73 sur ses vastes plaines. Le gouvernement autonome écossais, structure indépendante au sein du Royaume-Uni, vient de faire interdire la culture des organismes génétiquement modifiés sur ses terres. Le pays profite ainsi d’une opportunité offerte très récemment aux États par l’Union Européenne. Si la Commission Européenne a libéralisé le marché des principaux OGM depuis avril dernier, chaque État peut choisir de s’y opposer selon des critères spécifiques.
En pratique, l’Écosse semble vouloir conserver son image d’une nature saine et préservée. Les autorités craignent que l’arrivée des OGM dans le secteur agricole puisse nuire au secteur agroalimentaire et à celui de la boisson qui pèsent près de 20 milliards d’euros par an dans l’économie du pays. Le bénéfice économique potentiel des OGM ne surpasserait donc pas le label symbolique de qualité que possèdent les produits du pays (notion relative, les pesticides étant utilisés normalement). Parallèlement, le secteur de l’agriculture biologique suit son évolution positive au pays des lochs et des castles…
Image : Darby Sawchuk
« Il n’y a pas de demande significative en matière d’OGM venant des consommateurs écossais et je suis préoccupé par le fait qu’une autorisation des cultures OGM puisse endommager notre image propre et verte. » exprime Richard Lochhead, le secrétaire écossais à l’environnement. Les ministres ont donc opté pour le principe de précaution tant pour l’environnement que pour l’image du pays et son économie. Une décision applaudie par la population, petits producteurs et associations, beaucoup moins par l’industrie agricole et le National Farmers Union, une organisation défendant les intérêts des agriculteurs écossais, proche sur le fond de la FNSEA française.
Notons cependant que cette interdiction ne porte que sur la culture d’OGM, pas sa commercialisation. En effet, rappelons que l’Union Européenne autorise l’importation et la commercialisation (le plus souvent par transformation) d’organismes génétiquement modifiés. Le 24 avril dernier, 17 nouveaux OGM, principalement des produits issus de la multinationale américaine Monsanto, furent autorisés et donc susceptibles de se retrouver dans notre alimentation. En effet, si les États peuvent encore s’y opposer de manière individuelle, la libre circulation des denrées dans l’Union permet à des OGM de se retrouver dans les étals de nos supermarchés préférés… On sait donc ce qu’il reste à faire pour les éviter.
Image : Jim Richardson/Getty Images
Sources : rfi.fr / lemonde.fr / theguardian.com / theverge.com