A l’occasion des législatives 2022 et face au manque cruel d’engagement du paysage politique pour la cause animale, le Parti Animaliste a décidé de s’exprimer. Taxés de radicaux, les animalistes demandent : de quel côté se situe vraiment l’extrémisme quand des élus pro-chasse et pro-violence envers les animaux font leur loi ? En ne répondant pas assez aux attentes de la population, la plupart des partis politiques (ainsi que les membres du nouveau gouvernement) se placent dans une position extrême vis-à-vis des animaux, à la fois en adoptant une position marginale dans l’opinion publique, mais aussi de part la violence qu’elle engendre. Tribune :
Contrastant avec l’Allemagne où le nouveau ministre de l’Agriculture est végétarien et défend la cause animale autant qu’environnementale, la nomination de Marc Fesneau au poste de ministre de l’Agriculture témoigne du grave mépris de Renaissance (ex-LREM) pour la question animale.
Cet ancien député, qui se représentera en juin aux élections législatives, présente un éloquent bilan en matière d’animalisme : il a précédemment voté contre l’exigence de garanties sur les conditions d’abattage et de transport des animaux exportés vivants, contre l’interdiction de la castration à vif des porcelets, contre l’interdiction de l’élevage de poules et de lapins en cage…
Fervent défenseur de la chasse à courre et lui-même chasseur, il qualifiait en 2020 les véganes et antispécistes de « fous dangereux ».
Or, les tenants de positions extrêmement violentes vis-à-vis des animaux ont toujours l’oreille du président Macron. Ainsi, de l’aveu du président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, chaque fois qu’un ministre de l’Écologie a voulu réguler les excès de la chasse, le président Macron est intervenu pour préserver les intérêts des chasseurs.
Mais la nouvelle ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin ne devrait pas se démarquer par des positions progressistes, elle qui a contré à l’Assemblée nationale toute mesure interdisant les élevages-usines ainsi que la castration à vif et la coupe de la queue des porcelets.
Des partis politiques aux idées extrémistes
Alors que certains éleveurs et chasseurs font passer l’animalisme pour un nouvel extrémisme, les demandes portées par les associations en faveur des animaux trouvent un fort soutien auprès des Français.
L’extrémisme ne serait-il pas plutôt dans la complaisance envers le niveau de violence que l’on inflige aux animaux malgré le rejet de la population ?
Pour cette campagne législative plusieurs partis admettent implicitement, par le vide de leur programme, la poursuite des pires pratiques envers les animaux. Ainsi, les propositions en matière de protection des animaux de Renaissance ou celles du Parti Socialiste et du PCF pour la présidentielle ne contiennent qu’une seule phrase. Chez les Républicains, le thème n’est même pas effleuré.
Pourtant, la bienveillance envers les animaux transcende les clivages gauche/droite. Les souverainistes de Debout la France et le Rassemblement national lui accordent plus de place sans toutefois aborder les sujets majeurs que sont l’élevage en cage ou sans accès à l’extérieur, les mutilations dans les élevages et les chasses les plus cruelles.
Dopé par les apports de la France insoumise et d’Europe Ecologie les Verts, le programme de la nouvelle alliance de gauche traite quant à lui ces points essentiels bénéficiant d’un fort appui de son électorat, bien que certains grands thèmes comme les méthodes d’abattage et la protection des animaux de compagnie ne soient pas évoqués.
Présent pour la seconde fois aux élections législatives et avec un très épais programme, le monothématique Parti Animaliste entend donner de la visibilité aux personnes insatisfaites des propositions des partis traditionnels. La plupart d’entre eux ont en effet laissé s’installer un immense fossé entre leurs positions sur le sujet et celles de leurs électeurs. Le statu quo, d’une violence extrême à l’encontre des animaux, n’indiffère plus qu’une portion marginale de la population.
L’altruisme envers les animaux de plus en plus présent en France
La bienveillance envers les animaux est largement partagée au sein de la population à divers degrés. Même les moins concernés ressentent de l’affection pour leur animal de compagnie et de l’indignation face aux images de cruautés perpétrées dans des élevages et des abattoirs.
Sur l’échelle de la prise en compte morale des animaux s’affrontent plusieurs courants de pensées. D’un côté se trouve l’antispécisme, qui revendique l’égale prise en compte des intérêts des individus quelle que soit leur espèce ou encore la reconnaissance de leurs droits fondamentaux. Il se traduit par le choix de ne pas faire primer des intérêts secondaires humains – notamment par le refus d’une alimentation carnée – sur l’intérêt primaire d’un animal à ne pas être mutilé et égorgé.
A l’autre extrême s’oppose une idéologie qui tend à justifier la domination humaine sur les animaux en les considérant comme de simples moyens, sorte d’animaux-machines, à l’entière disposition des humains. Mais où se place donc la population française dans ce continuum ?
D’après une enquête Ifop de 2021, 84 % des Français jugent la protection des animaux importante. De très nombreuses revendications d’associations recueillent ainsi un large assentiment du public. Par exemple, l’interdiction sous cinq ans de l’élevage en cage ou sans accès à l’extérieur, la fin des mutilations pratiquées sur les cochons et du piégeage des oiseaux à la glu sont soutenues par plus de quatre Français sur cinq.
L’écart entre les attentes des citoyens et les réactions politiques devient abyssal.
– Muriel Fusi
Co-présidente et porte-parole du Parti Animaliste