Nouveau scandale en vue pour l’industrie chimique et notamment le géant de l’agro-alimentaire Monsanto ? Ce 26 juillet, deux associations américaines ont mis à disposition du public plus de 100.000 pages qui révèlent les méthodes de l’industrie chimique pour mettre sur le marché des produits dont la nocivité pour la santé et l’environnement est pourtant connue. Dans certains cas, les documents suggèrent la collusion de l’administration américaine responsable de la validation des dossiers.

« Poison Papers » : plusieurs dizaines de milliers de documents et correspondances qui remontent jusque dans les années 1920 et qui, pris dans leur ensemble, montrent que les industriels ainsi que les agences de régulation connaissent depuis longtemps la toxicité de nombreux produits mis sur le marché, comme pour les dioxines. Les nombreux échanges entre les industries chimiques américaines et les administrations mettent en lumière la collusion entre les deux parties, qui ont caché au public et à la presse certaines informations sur les dangers des produits vendus.

Des comptes rendus et notes internes archivés pendant plus de 40 ans

Triés depuis plus de 40 ans par la militante Carole Van Strum, ces documents ont été obtenus auprès des agences fédérales ainsi que les industriels, par l’intermédiaire des archives en libre accès ainsi que par le bais de demandes officiels. L’importante masse de dossiers a finalement été léguée par l’activiste aux deux associations Bioscience Resource Project et Center for Media and Democracy, qui ont travaillé à leur mise en ligne. Ils sont désormais en accès libre.

Bon nombre de ces documents n’avaient jamais été publiés auparavant et, pour certains d’entre eux, pas même rendus publics. Ils permettent de montrer que les industriels de la chimie de synthèse sont au courant de la nocivité de leurs produits depuis longtemps. Ils mettent également en évidence l’inaction des agences de régulation gouvernementales, alors qu’elles détenaient d’ores et déjà des informations à propos de la nocivité de ces mêmes produits.

Collusion des industriels et de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA)

Si le scandale concerne la planète entière, il fait particulièrement tache sur les institutions américaines. En effet, plus que la dissimulation de données par les industriels, les documents révèlent que l’EPA a volontairement fermé les yeux ou même dissimulé des documents dans plusieurs dossiers, comme celui emblématique des dioxines. Dans cette affaire, les papiers montrent la « collusion » entre les acteurs publics et les industriels, manœuvre qui a permis de garder privés des documents accablants, et d’empêcher la publicité de tests réalisés par plusieurs laboratoires indépendants. L’agence de protection de l’environnement aurait elle même falsifié certaines données.

« Ces documents représentent une mine considérable de preuves, cachées ou égarées, sur la régulation et la toxicité des produits chimiques. Ils révèlent que les régulateurs ont mis en place à de nombreuses reprises des comités secrets, trompant les médias et le public, et dissimulant des preuves d’exposition humaine et d’effets toxiques. Ce qui a fortement accru l’exposition de la population à des agents chimiques que l’agence savait toxiques », explique Jonathan Latham, directeur du Bioscience Resource Project.

De nombreux documents permettent notamment de remonter à Monsanto. Ce n’est pas la première fois que la multinationale est accusée de manipuler sciemment des chiffres ou d’influencer directement l’opinion publique par l’intermédiaire de déclarations ambigües ou fausses. Pas plus tard que cette semaine, le New-York Times rapporte que dans un procès contre Monsanto se déroulant actuellement à San Fransisco, des documents questionnant « les efforts de la compagnie pour influencer les médias et la recherche scientifique, et attest[ant] de l’existence de débats internes à propos de la sécurité […] du Roundup » ont été publiés. En mai dernier, une ONG publiait des documents qui exposaient l’influence de Monsanto jusqu’au sein de la recherche universitaire canadienne.

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Dans le cas des « Poison Papers » la polémique pourrait prendre une nouvelle ampleur, puisqu’ils mettent en cause les administrations elles-mêmes. Affaire à suivre.


Sources : journaldelenvironnement.net / ecowatch.com / poisonpapers.org

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