Nul ne sait s’il a réellement existé, mais peu importe. Le Mythe de Robin des Bois a traversé huit siècles et pourtant, sa place dans l’imaginaire de tous est toujours là, bien présente. Combien de films, de livres, de pièces de théâtre ont été créés à son sujet ? Preuve, s’il en faut, que le célèbre personnage en collants verts fait toujours autant rêver. Mais comment expliquer qu’un personnage de fiction puisse habiter les rêves des petits et des grands du monde entier depuis tant de temps ? Que représente ce Robin des Bois pour chacun d’entre nous, individuellement comme collectivement ? Une chose est sure, le Mythe de Robin des Bois dépasse de loin le simple conte populaire…
Un Mythe qui répond à un besoin d’action
En fait, nous n’avons que très peu d’informations sur ce Robin des Bois dont le mythe a pris naissance au Moyen Age, au XIVe siècle, des récits principalement transmis oralement racontent l’histoire d’un homme du peuple, ordinaire, mais libre. Pourtant cette histoire fictive ne s’est jamais essoufflée, au contraire. Robin des Bois est d’ailleurs le seul personnage de fiction à exister au sein du célèbre Oxford Dictionary of National Biography, qui regroupe les personnalités importantes du Royaume-Uni. Et il semblerait que ce soit précisément parce que le mythe de Robin des Bois symbolise des valeurs chères à chacun qu’il soit toujours bien vivant dans l’esprit de tous.
Robin n’est pas un héros au sens propre du terme, il est un homme ordinaire mais il brise toutes les règles et il agit lorsque nous, nous croyons que nous le pouvons pas. Il est le symbole de la résistance en chacun de nous, et nous prenons plaisir à le voir renverser l’ordre établi, rétablir la justice là où les peuples sont asservis, voler aux riches pour donner aux pauvres. Il défend des valeurs intemporelles d’équité, et a pu évoluer pour rester au plus près de la réalité de tous, des siècles durant. C’est l’idée qu’illustre un documentaire produit par Arte et réalisé par Jean-Marie Nizan et Philippe Traversat, « Robin Hood, en vert et contre tous ». Un documentaire qui s’attache à montrer que cette parabole économique et politique semble même on ne peut plus actuelle.
On comprend à travers le documentaire que Robin des Bois incarne autre chose qu’une simple rébellion. S’il se bat contre le pouvoir, rappelons qu’il n’a jamais tenté, dans aucune de ses histoires, de s’en emparer, préférant rester dans la forêt de Sherwood pour y vivre simplement. En revanche, il est l’incarnation du fait que le non respect de la loi peut être justifié. On s’éloigne ici du concept de révolution pour se rapprocher de celui de désobéissance civile. Il est le nom qui sert d’emblème à certains combats militants d’aujourd’hui. François Ruffin, journaliste et auteur du film « Merci Patron ! » illustre parfaitement cette idée dans le documentaire.
« Je suis convaincu qu’il y en a des milliers des Robins des Bois aujourd’hui. Moi je l’ai utilisé dans le film car il y’a un principe qui est simple avec Robin des bois, c’est « je prends aux riches pour donner aux pauvres », donc il y a un concept de justice, par le vol, par la ruse, qui est très simple, et qui du coup est très efficace pour l’expliquer aux gamins, et aux spectateurs aussi. », explique-t-il. D’ailleurs, le succès de « Merci Patron ! » (avec 500 000 diffusions en France) est le parfait exemple qui montre que le mythe de Robin des Bois est un véritable modèle. Nouvel ennemi pour Robin ? La mondialisation et le recul du progrès social qu’elle entraîne partout dans le monde au profit d’une minorité de très riches.
Un idéal de justice à réveiller en chacun de nous
Et si le monde de l’art s’empare du mythe de Robin des Bois, ce n’est pas seulement pour amuser la galerie, mais bien pour porter des messages et réveiller le hors-la-loi au grand coeur qui sommeille en nous. Nous avons rencontré Vera Garico, auteure d’une comédie fantastique: « Quand Robin rencontre Robin ». Le parti pris de ce roman ? Adapter le mythe de Robin des Bois à notre histoire moderne et le faire intervenir à notre époque pour reprendre du service à 800 ans passés. C’est l’histoire de la rencontre entre notre Robin des Bois d’antan, et celui des temps modernes qui doit, sans le savoir, reproduire l’histoire de notre octocentenaire à l’identique pour réactiver le mythe. Et lorsque nous demandons à Vera Garico d’où lui est venu l’idée de ce livre, elle nous répond :
« L’idée était de parler de la nécessité de prendre sa vie en mains et de se mobiliser pour défendre la justice sociale. Dire aussi qu’il est possible de ne pas subir en permanence ce qui est présenté comme inéluctable, la dictature des puissants. Mais je ne voulais pas écrire un ouvrage sérieux sur cette question. Je voulais amener à réfléchir, tout en distrayant. C’est une comédie fantastique, totalement décalée, avec des personnages qui sont des sortes de réincarnations dissonantes des personnages de l’histoire originelle. »
Un Roman qu’elle a conçu à destination du jeune public, afin de planter des envies de justice et de progrès social dans l’esprit des futurs adultes, comme une invitation à se trouver, à se faire confiance et à défendre ses idéaux. Mais Vera Garico nous confie qu’elle a été surprise de voir que l’histoire plaisait à des publics de tous âges, allant du plus jeune au (beaucoup) plus vieux. C’est peut-être ça l’effet Robin des Bois… D’ailleurs, le titre du livre est une invitation à rencontrer son propre Robin des Bois, nous dit-elle : « C’est une sorte de parabole, le jeune Robin s’est enfin trouvé à la fin de l’histoire, en rencontrant ce vieux personnage qu’il est le seul à voir et qui le pousse à se dépasser. Comme s’il avait trouvé son propre chemin grâce à la rencontre de cette vieille âme. »
Une invitation à reconnaitre son pouvoir d’action et réaliser que nous sommes tous, individuellement ou ensemble, partie de la solution. C’est d’ailleurs ce que nous dit aussi François Ruffin dans le documentaire Robin Hood : En vert et contre tous : « ce qui m’intéresse dans le mythe de Robin des Bois c’est qu’il n’est pas tout seul, il arrive à lever les masses derrière lui. S’il était tout seul à aller piquer le pognon au Prince Jean, ça n’aurait pas du tout le même sens. Je trouve que ce qu’il y a de plus beau, ce sont ces moments où on sent qu’il arrive à ranimer quelque chose chez les gens, parce que c’est ça qui est le plus compliqué ».
Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / Documentaire En vert et contre tous / Quand Robin rencontre Robin / Page Facebook Quand Robin rencontre Robin
Notre équipe rédige ces articles de manière 100% indépendante, sans subvention ni partenaires privés. Soutenez-nous aujourd’hui par un petit café ☕