Quoi de plus logique que d’offrir une seconde vie aux fruits invendus destinés à la poubelle ? « Carotte-Orange-Cardamome », « Pomme-Pamplemousse-Canelle », « Banane-Citron Clémentine » : originales de part leur composition, les confitures Re-Belle se distinguent également en raison de leur processus de fabrication. En effet, les pots sont entièrement produits à partir de fruits et de légumes invendus qui auraient été jetés autrement. Par le biais de ce modèle, les deux fondatrices, Adeline Girard et Colette Rapp, espèrent questionner les causes du gaspillage alimentaire tout en apportant une solution concrète pour faire mieux. 

Les poubelles des supermarchés regorgent d’invendus, notamment de fruits et de légumes. Des aliments qui ont pourtant nécessité espace, travail et énergie pour finir à la décharge. Pour lutter à leur niveau contre cet important gâchis alimentaire, Adeline Girard et Colette Rapp ont lancé leur gamme de confitures entièrement produites à partir de ces aliments refoulés par les consommateurs et les magasins. Organisées sous forme associative, elles collaborent désormais avec de grandes enseignes auprès desquelles elles se rendent régulièrement pour faire la collecte.

« Nos confitures sont produites localement et vendues localement dans une boucle fermée »

Colette Rapp raconte qu’elle a réellement pris conscience du gaspillage alimentaire à l’occasion des « discos-soupes » auxquelles elle participait. Ces moments conviviaux pendant lesquels des habitant.e.s faisaient la cuisine avec les restes des marchés ou des magasins. Interpellée par les quantités très importantes de fruits et de légumes collectées toutes les semaines, elle a voulu développer une alternative de recyclage, convaincue par la possibilité de « créer de l’emploi et de créer de la valeur », tout en proposant un projet ayant une utilité sociale.

C’est ainsi que Colette Rapp et Adeline Girard ont commencé en 2015 à travailler ensemble sur le projet des confitures Re-Belle. Aujourd’hui, l’association se rend dans de grandes enseignes auprès desquelles les invendus sont récupérés régulièrement. Ensuite, les confitures originales réalisées sont vendues dans ces mêmes magasins ainsi que dans des épiceries locales ou via internet, au prix de 3,90 euros les 230 grammes. « Nos confitures sont produites localement et vendues localement dans une boucle fermée« , se félicite Colette Rapp.


Une réponse concrète au gaspillage alimentaire

« Aujourd’hui, près de la moitié des fruits produits ne sont pas consommés« , rappelle Colette Rapp. Un gaspillage colossal. Les raisons de cette énorme perte de ressources sont à chercher à tous les niveaux, depuis les producteurs jusqu’aux vendeurs, en passant par les chaînes d’approvisionnement et les goûts délicats des consommateurs. Les magasins ne sélectionnent que des fruits calibrés relève Colette Rapp, qui constate également que les clients « achètent plus qu’ils ne consomment ». Les dessous de ce gaspillage ne posent pas seulement question d’un point de vue alimentaire : ce sont aussi d’importantes quantités d’énergie ainsi que des ressources limitées qui sont perdues. Le comble souligne la jeune femme, c’est que les fruits et légumes invendus sont finalement incinérés, alors même qu’ils contiennent principalement de l’eau. « Nous avons tous une part de responsabilité », conclut la co-fondatrice.

Les confitures Re-Belles peuvent-elles montrer un exemple alternatif au même titre que les « Gueules cassées » ? Colette Rapp veut y croire. Désormais, des collectes sont organisées une fois par semaine. Ensuite, les confitures sont produites à Romainville, en Seine-Saint-Denis et redistribuées dans la région francilienne; le tout est réalisé à la main, depuis le tri jusqu’à la cuisson, en passant par la découpe, « une manière de revaloriser la nourriture ». Depuis la création, 8 tonnes de fruits et légumes ont été sauvées de la poubelle. De plus, elle espère que cette activité puisse être créatrice d’emplois : « l’objectif est de créer des emplois formateurs, à destination de personnes qui n’ont pas forcément d’expérience dans l’alimentaire ou la restauration ». À ce jour, l’association collabore avec une entreprise d’insertion et elle est en train de créer son propre chantier d’insertion, qui devrait voir le jour en octobre. Nouvelle vie pour les invendus, une économie d’avenir ?


Sources : Propos recueillis par l’équipe de mrmondialisation.org / confiturerebelle.fr

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