Mad Marx, nouvelle série disponible gratuitement sur YouTube, dépeint une société en ruine, un futur possible qu’il convient d’éviter. Critique sociale accompagnée d’une bonne dose d’humour, la série réalisée par Mathias Averty, d’inspiration anarchiste et libertaire, nous plonge dans un monde apocalyptique où chacun lutte pour sa propre survie. Néanmoins, certains espèrent qu’il soit toujours possible de construire un monde meilleur, où l’égalité serait le fondement de l’organisation politique. Quand Karl rencontre Max…
Voilà ! C’était prévisible, la société consumériste s’est autodétruite, ne laissant derrière elle que des vestiges. « Le triomphe cruel du grand capital », « les guerres chimiques et bactériologiques entre multinationales » et « la révolte des ventres creux » ont eu raison de l’économie marchande, laissant sur le carreau la population qui en dépendait. De surcroît, les pollutions ont empoisonné l’atmosphère et l’environnement, compliquant toute forme de réorganisation. C’est pas comme si on avait essayé de vous prévenir.
Dans ce monde de désolation, Romane, qui vient de passer 9 années dans une prison expérimentale, découvre à sa sortie que le monde n’est plus qu’un vaste et dangereux champ de ruines. À la recherche de sa sœur Louise, elle fait la connaissance d’un vieil excentrique surnommé Marx le Fou qui veut faire d’elle la glorieuse instigatrice d’une révolution fantasque. Mieux vaut tard que jamais. Commence alors un long périple sur les traces de Louise vers la ville de Monopolis.
La série Mad Marx, dont la première saison est organisée en 4 épisodes qui peuvent être consultés librement sur YouTube, dépeint avec succès une société délabrée au sein de laquelle les survivants errent en petits groupes pour assurer leur survie, se défendent contre les « zombies » errants et affrontent les autres dans des combats meurtriers pour défendre territoires et accès aux biens de première nécessité. La nourriture n’est plus que disponible sous la forme de boîtes de conserve et la nature peine à renaître tant les destructions ont été importantes.
Les personnages qui apparaissent sont volontairement caricaturaux, chacun d’entre eux représentant une idée, une valeur, une idéologie (le Marxisme, le capitalisme, etc), mais l’ensemble est bien ficelé et associé à une bonne dose d’humour. Se succèdent le récital de textes marxiste, les désillusions de ceux qui espèrent reconstruire un monde meilleur, mais qui se trouvent confrontés à la renaissance des capitalistes et au « retour des idées consuméristes et sécuritaires » qui, à peine détruites, veulent déjà renaitre de leurs cendres. Sur fond de culture Metal et Punk, la série fait le pari d’un cinéma radical, mais accessible à tous. Naturellement, on parle ici d’une production indépendante et libre où les millions ne coulent pas à flot.
D’inspirations anarchistes, libertaires et marxistes, les membres de l’équipe de tournage ne sont pas tombés dans le piège de faire de ces idéologies la solution à tous les maux de notre époque. Marx le fou, personnage qui incarne l’espoir que d’autres formes d’organisations sociales soient possibles, n’est pas épargné par l’humour grinçant et l’auto-critique qui est la marque de fabrique de cette production.
Mad Marx se distingue également en tant que série tournée en autoproduction et en autogestion à Nantes par l’association Label Prise Production. « Nous avons essayé de travailler de la manière la plus horizontale possible », explique Mathias Averty, le réalisateur, qui concède cependant qu’il n’était pas possible de pousser la logique jusqu’au bout : « il aurait été trop long de voter chaque plan ». La production de la première saison a nécessité 3 ans de travail et la participation de presque 200 bénévoles. Il y aura-t-il une suite pour répondre aux questions laissées en suspens ? « Cela dépendra de l’accueil du public et des motivations de l’équipe », confie Mathias, qui bouillonne cependant déjà de nouvelles idées.
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