La malbouffe se prendrait-elle les pieds dans le plat au pays de l’Oncle Sam ? Après les chaines de restaurations Pizza Hut et Burger King, c’est au tour du géant américain McDonald’s d’annoncer un fléchissement historique de ses ventes aux Etats-Unis : 4,5% de recul au dernier trimestre.
Certes, 4,5%, cela semble insignifiant au regard de l’hégémonie affichée par cette multinationale, mais sur un chiffre d’affaire de quelques milliards de dollars, la baisse a de quoi faire paniquer les investisseurs. Il n’en faudra pas moins pour que son PDG, Don Thompson, soit licencié moins de trois ans après son entrée en fonction. Simple creux de la vague ou symptôme d’un changement des habitudes alimentaires outre-Atlantique ? Éléments de réponse.
Icônes d’hier, ringards d’aujourd’hui
Il semblerait que les temples de la malbouffe rassemblent de moins en moins de fidèles consommateurs. C’est du moins ce qu’il ressort des derniers chiffres de vente publiés par McDonald et qui ont conduit à l’éviction de son PDG, immédiatement remplacé par un vétéran de l’industrie, Steve Easterbrook. Il s’agit par ailleurs du troisième remplacement en une dizaine d’années, ce qui n’augure rien de positif dans la bonne gestion du groupe.
Cette situation pourrait être perçue comme une crise passagère mais McDonald n’est pas la seule enseigne Américaine à voir ses chiffres diminuer de la sorte. Ainsi, son frère ennemi et grand concurrent, Burger King, a lui aussi connu, aux États-Unis, une baisse timide de ses chiffres de vente de l’ordre d’1% en 2013. Logé à la même Enseigne, Coca-Cola, qu’on ne vous présente plus, perd également 1% de ses chiffres de vente. Enfin, la chaine Pizza Hut ne semble pas au sommet de sa forme non plus avec huit trimestres consécutifs de baisse des ventes en Amérique.
Illustration : Chris Woods
Malbouffe et Américain : le divorce ?
Les Américains semblent délaisser timidement leurs icônes de la malbouffe pour se tourner vers une alimentation plus saine et plus responsable comme les restaurants Chipotle qui vendent des tacos issus de l’agriculture biologique. Keith-Thomas Ayoob, professeur et nutritionniste à l’Albert-Einstein College of Medicine de New york a d’ailleurs fait une déclaration en ce sens : « On commence à voir poindre un désamour pour l’alimentation de masse au profit d’une cuisine faite maison » avant de continuer « en tant que nutritionniste, je n’aurais jamais pensé que la salade deviendrait à la mode dans ce pays. »
Ce début de prise de conscience citoyenne pour une alimentation plus saine est notamment le fruit de plusieurs campagnes menées de front pour combattre l’obésité et qui ont fait preuve de leur efficacité : cette maladie très répandue aux États-Unis est en recul de 43% chez les jeunes de 2 à 5 ans. L’ambassadrice de ces campagnes n’est nulle autre que la première dame des États-Unis : Michelle Obama herself.
Mais accréditer ce début de changement à la seule figure de Michelle Obama ne serait pas juste. Plusieurs ONG ont travaillé à la sensibilisation des institutions publiques telles que les écoles ou les hôpitaux en obtenant des résultants satisfaisants. Ainsi, nombres de ces institutions ont cessé les partenariats qu’elles avaient noués avec les chaines de restauration rapide. Parce que, oui, aussi cocasse cette situation puisse être vue depuis l’Europe, se sustenter grâce à McDonald’s dans un hôpital Américain ne semblait jusqu’alors pas constituer un paradoxe.
Si ces chiffres en « décroissance » peuvent paraître dérisoires tant ces sociétés semblent être désormais des empires enracinés dans la culture Américaine (et mondiale), ils sont toutefois encourageants et démontrent que l’information, à travers diverses campagnes de sensibilisation, trouve parfois des issues positives. Car, d’un effet de vases communicants, ces pertes laissent entrevoir des bénéfices pour d’autres enseignes ou la restauration locale et traditionnelle. Le vent du changement est peut-être aux portes de l’Amérique et charrie avec lui un message important : L’alimentation est la première médecine.
Source : lesechos.fr