Alors que les plans de réalisation d’une future mine d’or en Guyane continuent d’être étudiés, le collectif Or de question* poursuit de mobiliser les citoyen.ne.s contre ce projet industriel pharaonique et réclame la tenue d’un débat public d’envergure national qui dépasserait la Guyane. Pour les opposants, la mine d’or est un non sens environnemental et économique.
Les opposants au projet de la Montagne d’or continuent de se mobiliser en Guyane et en métropole. Alors que le collectif « Or de question » vient de récolter 7613 signatures d’opposants au projet, revendiquant une mobilisation importante en Guyane et en Métropole, ses membres continuent de mettre en garde contre l’absurdité du projet qui risque de « défigurer les terres de Guyane par la déforestation, [et d’]avoir un impact considérable sur l’eau, la faune et la flore ». Pour cause, si le projet pharaonique devait voir le jour, « ce serait la plus grande mine d’or à ciel ouvert jamais exploitée en France consommant 20% des capacités énergétiques de Guyane ».
#MakeOurPlanetGreatAgain sans mine industrielle en #Guyane ! 186 326 signatures @EmmanuelMacron https://t.co/oS9IYKZjLR via @sauvonslaforet
— Or de Question (@ordequestion) 1 septembre 2017
« Nous sommes confrontés à un choix politique : [de] quelle société voulons nous ? »
« L’industrie extractive est reconnue comme l’une des plus polluantes en monde« , martèle Patrick Monier, l’un des porte-parole du collectif, selon qui le projet entre en contradiction avec « le problème de réchauffement climatique auquel nous sommes confrontés, largement provoqué par l’activité humaine et contre lequel nous nous sommes engagés à agir pendant la COP21 ». Concrètement, la montagne d’or ce sera « une fosse de 2 kilomètres 300 de long, 500 mètres de large et 400 mètres de fond, creusée à l’aide de dynamite et à proximité de laquelle seront utilisés de nombreux produits chimiques, notamment du cyanure… ». De surcroît, « ce projet consommerait autant en termes d’énergie que la ville de Cayenne (20mW/an) », insiste l’opposant.
En outre, la question des déchets posera un problème particulier. « L’important volume de boues issues de la cyanuration devra être stocké dans des bassins en toute sécurité, compte tenu d’antécédents catastrophiques de rupture de digues et de la forte pluviométrie locale, dans l’attente de leur hypothétique devenir », s’inquiète France Nature Environnement.
« La Guyane est entièrement recouverte d’une forêt équatoriale unique« . Elle est d’une « richesse et d’une biodiversité incroyable », et le projet de mine, qui se trouverait à proximité d’une réserve biologique intégrale, la plus grande de France, met cette richesse en danger, dénonce le collectif.
« À quoi va servir cette mine ? »
Pour Patrick Monier, l’intérêt économique de cette mine fait doute. La réalisation du projet engendrera des coûts importants pour l’administration qui devra s’occuper de délivrer les autorisations et étudier les dossiers. Mais il faudra également financer la mise en place d’une ligne électrique pour alimenter l’usine et faite construire un site SEVESO au port de Saint-Laurent pour stocker les produits dangereux arrivés par bateau.
Enfin, Patrick Monier pointe les nombreuses inconnues, du fait de la situation géographique de la Guyanne et de son climat particulièrement pluvieux et humide pendant six mois de l’année. Il évoque ainsi le danger que représente pour la population et l’environnement une éventuelle rupture de digue au niveau de l’usine, et précise que le phénomène de drainage minier acide pourrait être aggravé du fait de ces mêmes conditions climatiques.
Growing Resistance to Montagne d’Or Mine in Guiana https://t.co/yDmDqLxSs7 pic.twitter.com/qLWZIQxcls
— Earth First! Journal (@efjournal) 28 août 2017
« On marche sur la tête »
L’Etat ainsi que les promoteurs russo-canadien du projet NordGold et Colombus font valoir les potentiels emplois créés par l’exploitation minière. Si Patrick Monier ne nie pas que la Guyane souffre d’un taux élevé de chômage et notamment chez les jeunes, il interroge : « est-ce un avenir pour ces personnes de descendre à 400 mètres de profondeur pour respirer de la silice et des poussières toxiques à longueur de journée ? » Il pointe vers d’autres mesures urgentes pouvant relancer l’économie, comme la rénovation thermique des bâtiments et le développement de l’autosuffisance alimentaire de la Guyane, qui est encore très dépendante de la métropole.
Au regard de la situation, c’est un véritable bras de fer qui se prolonge maintenant. Selon Patrick Monier, « les élus se sont majoritairement fait embrigadés par les belles promesses de Colombus et NordGold ». Or de question, qui a été rejoint par de nombreuses associations issues de la société civile comme Ingénieurs sans frontière ou La ligue des droits de l’Homme réclame désormais « un débat public largement ouvert sur la population française dans son ensemble ». Mais les compagnies intéressées semblent bien prêtes à tout faire pour empêcher la transparence. Initialement estimés à 266 millions d’euros, les montants des travaux ont été revus à la baisse par le maître d’ouvrage : par un « tour de passe-passe », ils ne s’élèveraient plus qu’à 80 millions d’euros, bien en deçà du montant qui oblige l’État français à organiser un débat public.
Face à la mobilisation citoyenne, le collectif Or de Question espère que le gouvernement français réagira.
Sources : propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / Or de question sur Facebook
*Or de question est un collectif citoyen opposé aux projets industriels d’exploitation minière, qui se définit comme « apolitique et non violent ». Il représente 25 organisations guyanaise qui s’opposent « à l’implantation de la méga-industrie minière internationale en Guyane ».
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