Parole de Zinc : quand la politique citoyenne se fait au bistrot

Espace de socialisation historique, de politisation locale, de rencontres et d’échanges, les bistrots et troquets sont en voie de disparition. Particulièrement originale, la mini série Parole de Zinc, tournée dans deux établissements parisiens, donne la voix à celles ceux qui continuent à leur rendre visite.

Parole de Zinc, série documentaire au format court, interroge les habitués de deux bars parisiens (Chez Ammad, La Liberté) sur les questionnements et débats qui traversent la société française. Ces bars atypiques, véritable bastion du Paris populaire, sont fréquentés par une population mélangée (jeunes, vieux, cadres, chômeurs, étudiants…) qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Parole de Zinc a posé sa caméra au comptoir de ces bistrots pour révéler une voix libre, spontanée, diverse, poétique, imparfaite et pour cela trop souvent ignorée: « la voix du peuple » dans toute sa diversité. Les réalisateurs laissent leurs interlocuteurs s’exprimer librement, sans les aiguiller et sans attendre d’eux des réponses formatées ou conforme à ce qu’un éditocrate attendrait d’eux.

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Des lieux à contre-courant

Le projet a été mené à l’initiative de Fred, Will et Seb, amis et professionnels dans le secteur audiovisuel, habitués à travailler ensemble sur divers projets. Son intitulé fait référence aux comptoirs traditionnels des bars, fabriqués avec l’alliage du même nom (le Zinc). « Nous avons tourné dans 2 bars que nous fréquentons régulièrement. Ces bars populaires menacés de disparition hébergent une population encore mélangée et permettent des échanges qui ne sont plus possibles partout. Nous avons voulu transmettre une parole percutante, un ton décalé, raconter notre époque, mais surtout mettre en lumières nos personnages et faire découvrir ces lieux atypiques », témoignent les réalisateurs.

« On s’est dit que ce serait sympa d’aller à la rencontre de ceux qui continuent de visiter ces bars qui subsistent », nous précise Fred, qui regrette que se développent à leur place des lieux de consommations « impersonnels », où chacun est un étranger pour l’autre et où la relation humaine devient l’exception, à l’image d’un Starbucks. Au contraire, estime-t-il « Chez Ammad et La Liberté, les gens ne sont pas anonymes, on s’intéresse aux clients, le patron ou la patronne les connaît personnellement ». Il précise : « dans les deux bars que nous avons visités, tout le monde se mélange, tout le monde est bienvenu« . Ce qui donne bien évidemment une ambiance conviviale aux lieux, et un terreau fertile pour une parole politique, au sens citoyen du terme. À l’heure où le repli est devenu la norme, ces bistrots offrent un cadre définitivement à contre-courant.

Disparition annoncée ?

Il existerait toujours environ 35 600 cafés et bars en France. Chaque année, environ 1 000 bars  ferment, pendant que seulement 600 ouvrent. Un paradoxe, alors que les sondages montrent que les Français y restent très attachés. La disparition progressive des bars, c’est aussi la disparition de lieux de débats et de convivialité, ou chacun peut confronter ses idées et apprendre des autres. C’est la disparition d’espaces de transmission, où tout le monde a le droit à la parole, sans préjugés quant aux origines sociales, comme l’ont analysé de nombreux sociologues. Non sans raison, Balzac disait « Le comptoir d’un café est le parlement du peuple ». Alors, Parole de zinc est un témoignage bienvenu, qui casse volontiers quelques clichés, et illustre la richesse humaine qu’accueillent ces lieux.

Pour être tenu au courant des 4 prochains épisodes, qui sortiront dans les cinq semaines à venir, ici.

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