« Consommer moins pour vivre mieux » ? Ces individus en ont fait le choix courageux

De quoi la « Décroissance » est-elle le nom ? Avec Consommer moins pour vivre mieux, Arte nous emmène à la rencontre de celles et ceux qui, à l’échelle individuelle ou collective, préparent une société plus sobre et moins matérialiste. Le reportage de Denise Dismer, disponible en ligne jusqu’au 27 mars 2019, illustre à la fois les promesses d’une telle démarche, mais aussi la difficulté de sa mise en œuvre.

Depuis le salon d’une youtubeuse qui a décidé de vivre plus simplement jusqu’à Ungersheim, petite commune d’Alsace où l’on expérimente la transition à l’échelle de 2200 habitants, Arte nous fait découvrir les nouveaux visages de la décroissance à travers le regard de celles et ceux qui tentent de la mettre en application. L’émission de 30 minutes fait intervenir Rob Hopkins, initiateur du mouvement des villes en transition. Réduction des déchets, soutien de l’économie locale afin de favoriser les circuits courts ou renforcement du lien social : ces initiatives ont pour objet de réfléchir au monde de demain par de l’expérimentation locale concrète.

Crédit image : Arte

Qu’il s’agisse d’un café zéro déchet à Berlin ou d’une brasserie à Totnes en Angleterre, tous ont en commun de vouloir se passer au maximum du pétrole, énergie fossile dont la combustion participe à la hausse des températures globales et dont le déclin rapide représenterait un risque majeur pour les sociétés industrielles ou de vouloir réduire les déchets en favorisant le recyclage voire en développant une économie sans emballage. À l’échelle individuelle, il s’agit de repenser notre vie au quotidien pour mieux se préparer à un avenir qui s’annonce complexe.

Peut-on vivre mieux avec moins ? La sobriété peut-elle est heureuse ? Est-il souhaitable d’embrasser un mode de vie minimaliste en renonçant au superflu, à vivre de manière plus simple et à ne pas se laisser emporter par la consommation compulsive ? La simplicité volontaire, est-ce vraiment revenir en arrière ou, au contraire, évoluer avec son temps ? Un constat est certain : ceux qui se prêtent à l’expérience y trouvent généralement l’occasion de privilégier les relations humaines et le vivre ensemble. Car une telle transition radicale ne peut se réaliser seule.

Ainsi, l’idée de décroissance est animée d’une part par le principe physique de la finitude des ressources et d’autre part par une réflexion à propos de l’organisation sociétale, c’est-à-dire le rapport des individus entre eux et les buts des échanges qui nous animent. Les exemples présentés par Arte illustrent néanmoins toute la difficulté pour mettre en œuvre le projet à large échelle. Ainsi, les maraîchers de la commune en transition de Ungersheim sont incapables de vendre les légumes produits sur le territoire à un prix compétitif du fait qu’ils renoncent à la mécanisation.

Crédit image : Arte

Ailleurs, comme à Totnes en Angleterre, la réussite des artisans locaux dépend de la seule volonté des consommateurs d’investir plus d’argent qu’avant dans leur nourriture. La limite de ces volontés individuelles se heurte aux réalités structurelles de la société toute entière : la nécessaire croissance et l’économie de marché. Quoi qu’il en soit, ces expériences permettent de mettre en place de nouveaux réseaux de solidarité et de partage, structures indispensables pour cultiver de nouveaux modes de vie et d’organisation face à la contraction annoncée de la production énergétique.

Réfléchir à la décroissance demande à chacun de sortir de sa zone de confort en dehors des discours qui ont pour seul objet de montrer du doigt les industriels et les plus riches. Car la problématique et infiniment structurelle et dépasse de loin la simple addition de choix individuels. Les faits sont têtus, si la société industrielle veut revenir à une empreinte écologique acceptable et réduire sa dépendance à l’énergie, chacun sera impacté dans toute la sphère de la société. Éminemment souhaitable, la seule redistribution des richesses ne suffira pas à nous sortir de l’impasse.

Ainsi, nous sommes confrontés à de nouvelles questions qui nous concernent tous, telles que la place d’internet demain ou celle du tourisme de masse dans une société en décroissance. Nous sommes également obligés de nous interroger à propos de l’avenir des infrastructures publiques et nous demander comment maintenir les plus essentielles d’entre elles, comme les hôpitaux, les écoles ou encore les transports en commun. Face à ces difficultés et défis complexes, les débats suscités par ces exemples documentés par Arte sont indispensables.

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