Photographe et scientifique, J. Henry Fair propose une série impressionnante de clichés mettant en avant les dégâts causés à l’environnement par les êtres humains. Fruit de 15 ans de travail, il révèle ainsi les atteintes multiples et systématisées provoquées à la nature par les industries qui alimentent nos consommations quotidiennes.
Les effets de l’industrie sur l’environnement sont éloignés de notre quotidien et de nos yeux. Ainsi, le consommateur moyen s’imagine mal le lien entre un achat d’un produit industriel quelconque et les conséquences en amont comme en aval. Si la dégradation de la biosphère terrestre est aujourd’hui reconnue de tous, il reste parfois difficile d’établir ce lien visible entre nos modes de vie et la destruction physique de la nature, qui se passe ailleurs, loin de nos regards. La puissance de nos outils dépasse souvent notre entendement si bien que nous ne faisons rarement le lien entre les choses que nous utilisons et leurs externalités négatives. Pourtant, ces impacts sont bien réels. Citons les eaux polluées par l’industrie métallurgique à l’extraction du pétrole dans les sables bitumineux. Mers et rivières sont également intoxiquées par les pesticides et les nitrates utilisés massivement par l’agriculture conventionnelle, provoquant la multiplication des algues et la mort des autres êtres vivants du milieu. Mais comment mettre une image sur des mots ?
Exposer les destructions provoquées par ces industries
Ce sont ces destructions bien concrètes causées par les interventions humaines que J. Henry Fair a voulu exposer dans son l’ouvrage d’une vie intitulé Industrial scars (Cicatrices industrielles). L’auteur, qui se qualifie de « photographe, scientifique et ingénieur », sillonne la planète entière pour photographier les déchets toxiques et zones sinistrées, conséquences de divers processus industriels. Ainsi, il veut que chacun puisse prendre conscience que les objets que nous achetons chaque jours provoquent des pollutions immédiates et souvent irréversibles (à l’échelle humaine) en amont (production) comme en aval (déchet). Son projet veut également rappeler le rôle actif que nous pouvons jouer en tant que consommateurs pour changer la donne et encourager les alternatives.
Dans son dernier livre, ces destructions sont précisément documentées et accompagnées d’explications scientifiques et techniques à propos de l’histoire de la production des déchets ainsi que de précisions à propos du rôle respectif des différents déchets dans la construction de nos objets du quotidien. Ce projet, qui est le résultat d’un travail de 15 ans, contient une histoire complète des « coûts cachés des choses que nous achetons tous les jours ». À la lecture de son livre, J. Henry Fair espère que les gens se rendront compte de leur pouvoir en tant que consommateurs, et surtout, les encourager à devenir des consomm’acteurs !
La bauxite est un minerai utilisé pour la production d’aluminium. À l’origine des boues rouges, elle est particulièrement nocive pour l’environnement.
Springville, Pennsylvania, Etats-Unis – Photographie prise sur un site où est pratiquée la technique dite de « fracturation hydraulique ». Ce processus pollue l’eau avec de nombreuses substances chimiques.
Copper – Hurley, New Mexico US – Cette mine de cuivre à ciel ouvert a été l’objet d’un conflit entre les natifs américains et les espagnols, puis les colons du nord de l’Europe.
Golfe du Mexique, Etats-Unis – La mauvaise gestion des puits de PB a été à l’origine de fuites de divers fluides, notamment du gaz et des hydrocarbures sous forme liquide. Ce sont ces effluves qui sont représentées ici.
Luling, Louisiana, Etats-Unis – Le glyphosate est l’intrant chimique le plus utilisé au monde par l’agriculture, notamment dans le RoundUp de Monsanto (Bayer).
New Roads, Louisiana, Etats-Unis – Mine d’extraction de charbon.
Kiruna, Sweden – Des régions entières sont impactées par l’extraction de minerais, ici de l’acier.
Puits d’extraction dans le Golf du Mexique.
L’ensemble du travail commenté de J. Henry Fair est disponible dans son ouvrage : Industrial scars (Cicatrices industrielles).
Sources : theguardian.com / youtube.com