Souhaitant « créer une Oasis à grande échelle », deux Français ambitieux ont décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat social au Sénégal, plus précisément à Kaolack, l’une des villes réputées les plus sales de l’Afrique de l’Ouest. En y installant leur entreprise, ils espèrent ainsi participer au reversement d’une partie de leurs revenus et de leur collaboration avec des associations locale, insuffler une dynamique vers l’autosuffisance et la réduction des déchets.

Endiguer la misère et la pollution

C’est en 2015 que Elven et Benjamin, deux entrepreneurs français, ont l’idée de Kao-Plast, une entreprise de traitement des déchets plastiques qui viendrait spécifiquement en aide à la ville sénégalaise de Kaolack. En effet, celle-ci est l’une des plus polluées au monde. La misère économique et sociale qui y règne est aussi à la source de nombreux problèmes rencontrés sur place, qui poussent notamment les populations à quitter leur lieu natal dans l’espoir d’une survie ailleurs. « Kaolack est une ville complètement délaissée par les investisseurs et porteurs de projets. Pour cause: elle croule sous les déchets, la chaleur est insupportable, les épidémies humaines et animales sont fréquentes, le taux de chômage est extraordinairement élevé. La ville n’a pas les moyens d’installer un système de traitement des déchets et des eaux usées. » Ainsi, cette ville enracine deux problématiques contemporaines majeures : la pollution des océans et les grands mouvements de populations.

Ainsi, afin de prendre part à la dépollution d’une des villes les plus polluées au monde, les deux ingénieurs français ont décidé d’y installer leur entreprise innovante de traitement des déchets, pariant ainsi sur l’avenir. L’idée est également de prendre le problème à sa racine, et d’endiguer la pollution des océans à une de ses source, mais aussi de permettre aux habitants d’envisager un avenir dans leur propre pays en aidant à son développement. « Si nous ne nettoyons pas ce type de villes, l’énergie utilisée dans le nettoyage des océans sera vaine car les villes comme Kaolack rejetteront toujours des tonnes de déchets dans les océans lors de la saison des pluies. » Les deux français estiment également qu’en fournissant de l’activité aux populations locales, ils permettent le développement d’une vie meilleure sur place et limitent ainsi les mouvements de population et de réfugiés.

Une entreprise à visée écologique et sociale

Et le fait qu’ils aient choisi la forme d’une entreprise plutôt que celle d’une association n’est également pas anodin : « Nous avons remarqué que beaucoup d’associations ont de beaux projets mais peu de moyens et que beaucoup d’entreprises possèdent des moyens mais peu de projets. Nous avons donc décidé de créer une entreprise pour reverser une partie de nos bénéfices aux projets sociaux (construction de centre de réinsertion pour les anciens enfants des rues) et environnementaux dans une zone prédéfinie. » Pour cela, l’entreprise a d’ores et déjà conclu des partenariats avec les associations «  Afreeca Child » et « SOS Enfants de la rue ».

En attendant de pouvoir lancer son activité de recyclage — qui requiert un investissement conséquent — l’entreprise espère commencer à collecter les déchets non recyclables afin de les revendre aux entreprises locales, mais aussi entamer un développement économique grâce à des exportations vers les marchés étrangers, par exemple, de pays qui utilisent ces déchets pour leurs centrales thermiques. Les plastiques PET et PEHD seront quant à eux transformés afin de servir de matière première secondaire.

« Nous pensons qu’il est impossible de développer une région sans penser à l’environnement. C’est pourquoi nous avons décidé de créer une entreprise de recyclage des déchets plastiques (qui sont en abondance à Kaolack). Dans les grandes lignes, nous souhaitons ensuite ré-investir dans la transformation des déchets pouvant être revalorisés (eaux usées, déchets organiques…), dans la permaculture (pour créer une dynamique de production alimentaire autosuffisante), dans le reforestation et dans les ENR. Nous voulons aussi former nos employés en interne pour les rediriger à terme sur des projets de développement locaux », soutiennent les deux entrepreneurs.

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Reste de grandes inconnues. Qu’attend-t-on pour endiguer la production de plastiques polluants à la source, c’est à dire dans toutes les industries des dérivés du pétrole ? N’y a-t-il pas un risque de voir la filière du recyclage devenir économiquement dépendante du plastique qu’elle combat ? Qui a véritablement l’ambition d’entamer une transition des matières premières ?


Sources : Kao-plast.sn / Toutes photographies à la discrétion de Koalack

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