Métro-Boulot-Dodo : qu’est-ce qui fait notre Bonheur ?

Quelles sont les conditions pour que la population d’un pays soit heureuse, que le bonheur soit élevé ? C’est en comparant le classement des pays aux PIB les plus élevés avec les index de bien être collectif que Mélanie Gilmant, une française originaire du Nord-Pas de Calais, a voulu comprendre les facteurs qui conduisent à un plus grand épanouissement. Constatant qu’une plus grande richesse économique ne s’accompagnait pas automatiquement d’un bonheur plus grand, elle est partie à la découverte avec Clément Beauvois et caméra à la main, des secrets des pays où il fait bon vivre. Le film-documentaire, dont le tournage et la production sont en cours, sera intitulé Liberté, égalité, Fraternité.

Avant de se lancer dans la réalisation d’un long métrage, Mélanie, 32 ans, a fait une licence d’anglais suivie d’un master en communication. Après deux années à travailler dans ces domaines, elle a décidé d’abonner son emploi pour se lancer dans « un projet avec du sens » selon ses mots. En s’intéressant à certains articles de journaux qui évoquaient le pseudo « pessimisme français », qu’elle associe surtout au fait « qu’on a du mal à valoriser ce qui est positif en France », elle a commencé à s’intéresser aux différents facteurs pouvant expliquer le bonheur des populations. Et le sujet du bonheur ne manque pas de découvertes étonnantes.

Le PIB seul ne peut expliquer seul le bonheur d’une population. sa croissance est pourtant le but ultime de nos civilisations.

Crédit image : LEF – Le film

Richesse ne rime pas avec bonheur collectif !

Accompagnée de sa caméra, elle a interrogé les spécialistes de la question. Des chercheurs et des scientifiques, comme par exemple John Helliwell, éditeur du « rapport mondial sur le bonheur » et professeur à UBC, Vancouver, ont notamment montré que le PIB (Produit intérieur brut), n’explique pas à lui seul le bien être des habitants d’un pays. « L’économie n’est pas responsable de tout, ce n’est pas parce que l’économie se porte bien que les gens se portent bien », suggère Mélanie. Le recherche du bonheur est bien plus complexe qu’un chiffre sur un compte en banque ou des quantités produites comme l’indique par exemple le Bhoutan.

Au contact de ces personnes, elle a pu vérifier ses premières hypothèses. Ainsi, elle a notamment pu constater que les pays ayant le produit intérieur brut le plus élevé ne sont pas ceux où les gens s’estiment les plus heureux. À titre d’exemple, la France fait partie des 10 pays au monde au PIB le plus élevé, mais n’arrive qu’à la 31ème place du classement fixé par le rapport mondial sur le bonheur. La Norvège, quant à elle, se situe 40 place derrière la France en ce qui concerne son PIB, mais se trouve en tête du rapport mondial sur le bonheur en 2017.

Pour Mélanie, l’explication réside notamment dans le fait que le PIB est un « indicateur économique », qui ne donne pas « d’indications sociales ou humaines ». Certes, un certain niveau minimum de richesse permet d’assurer l’accès aux ressources, donc un certain confort de vie, pour la population. Mais la course perpétuelle à toujours plus de richesses n’est pas un parallèle du bonheur. Pourtant, dans de nombreux pays de l’Union européenne, notamment en France et en Allemagne, l’augmentation annuelle du PIB reste l’un des objectifs premiers des politiques publiques. Considérée comme une fin en soi, une quasi religion diront certains, la croissance permettrait de résoudre tous les problèmes d’un pays de manière systémique. Et pourtant…

Crédit image : LEF – Le film

L’éducation, la clé du bonheur ? 

Mélanie en est néanmoins bien consciente : le bonheur est une notion subjective et s’analyse de différentes manières selon que l’on traite du bonheur individuel ou collectif. Cependant, certaines constantes peuvent être soulignées. Au niveau individuel, le bien être dépend en partie des relations que nous avons aux autres, nous affirme-t-elle. Plus elles sont de qualité, plus le bonheur sera élevé. Dans certaines sociétés, la relation à l’autre est d’ailleurs facilitée par la culture ou encore l’agencement de l’espace public. Enfin, selon la réalisatrice, on note un plus grand bonheur dans les pays dans lesquels l’horizontalité prévaut sur la hiérarchie, notamment dans les relations de travail, et où les inégalités sont moins élevées.

Selon ses observations, le système éducatif a un grand rôle à jouer dans ce contexte, car presque tous les citoyens et les citoyennes d’un même pays y ont été éduqués selon les mêmes valeurs. L’éducation au vivre ensemble, à la solidarité ou l’empathie entre citoyens jouerait un rôle sur le sentiment de bonheur. « Parmi les pays les mieux classés au sein des index de bonheur, à l’école, on favorise le travail de groupe, on parle de coopération plutôt que la compétition » précise Mélanie. Par ailleurs, ces pays, dont font partie les Pays nordiques, sont dotés de systèmes scolaires moins inégalitaires (le système français compte parmi celui où les la reproduction des inégalités sociales est la plus forte).

Crédit image : LEF – Le film

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D’après Mélanie, « les sociétés qui semblent mieux se porter collectivement accueillent vraiment notre nature humaine qui est d’être connectée aux autres et répondent à des besoins humains comme la liberté d’être soi et l’égalité. C’est aussi des pays où la responsabilité des citoyens (sans doute car moins infantilisés) est plus forte. C’est avec surprise que j’ai découvert que les 3 valeurs qui sont visibles et incarnées dans ces sociétés sont celles qui sont censées guider notre nation », d’où le titre du documentaire. La France se serait-elle éloignée de ses valeurs fondatrices ? Pour la réalisatrice, en abordant ces questions de société contemporaines, il ne s’agit pas d’apporter des réponses définitives, mais des pistes de réflexion. De quoi questionner nos fondements et tirer la société vers plus de bonheur pour tous.

Vous pouvez soutenir Mélanie et Clément dans leur démarche en les suivant sur Facebook ou sur leur page de Crowdfunding Ulule.


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