Dans un monde où la numérisation de nos documents prend une place de plus en plus importante sur les disques durs de nos ordinateurs, certaines démarches nécessitent encore de recourir à l’impression. En réalité, on constate que la consommation en papiers des bureaux est toujours aussi importante. Si des mesures comme l’utilisation de papier recyclé permettent déjà un tant soit peu de limiter nos consommations en ressources, d’autres méthodes s’offrent aujourd’hui aux particuliers et aux entreprises pour réduire encore un peu plus leur empreinte écologique. Typeco propose un logiciel qui permet d’agir directement sur la consommation en cartouches d’encre.

Un principe simple pour réduire sa consommation d’encrea-calibri

En 2014, un étudiant américain originaire de Pittsburgh était parvenu à faire les titres des journaux en avançant plein d’aplomb que le gouvernement américain pourrait économiser chaque année près de 400 millions de dollars rien qu’en changeant la police d’impression de ses documents officiels. Si par la suite, de nombreux spécialistes et typographes sont venus nuancer ce propos — arguant notamment que les polices jouaient un rôle dans la réception cognitive de l’information et qu’il fallait également considérer des critères comme l’espacement des lettres, l’idée reste intéressante. S’inspirant de cette anecdote, Bastien Renart a eu l’idée de Typeco, un logiciel comparable à un simple add-on pour le traitement de texte et qui permet de réaliser entre 20% et 30% d’économies d’encre immédiatement.

Le principe, s’il est simple, n’en est pas moins ingénieux. Il s’agit en effet d’installer un logiciel qui va remplacer les polices les plus fréquemment utilisées pour le traitement de texte par des polices à la typographie équivalente mais moins gourmandes en encre. Pour ce faire, les polices proposées par Typeco, qui ont été développées avec l’aide d’une typographe afin de garantir le confort de lecture, sont tout bonnement « trouées ». Cela signifie qu’au lieu d’imprimer un trait plein, l’imprimante va économiser sur la partie centrale de la lettre. Le contour, quant à lui, reste le même et garantit la lisibilité des signes. Sur le papier, les premiers tests semblent concluants : la différence entre la typographie « économique » et la typographie d’origine passe inaperçue pour les tailles de polices égales ou inférieures à 12, soit celles le plus souvent utilisée dans les bureaux. 

typeco_3Photographie : Rodger Evans

Les cartouches et toner encore très polluants

Si l’initiative de Typeco est positive en cela qu’elle pourrait permettre à tous les utilisateurs d’imprimantes de réaliser des économies importantes en cartouches d’encre, elle l’est aussi d’un point de vue environnemental pour les mêmes raisons. En effet, le marché des cartouches et toners est un marché qui reste important et dont les répercussions environnementales ne sont pas indolores même si le consommateur n’en a pas conscience. Pour cause, les cartouches d’encre font partie des « Déchets Industriels Spéciaux » (DIS) et contiennent des substances très toxiques pour l’environnement. Parmi elles, on trouve de l’aluminium, de l’oxyde de fer, des résidus d’encre, mais aussi de l’arsenic et du nitrate d’argent présents dans les tambours photoconducteurs. Le plastique utilisé dans une cartouche standard peut quant à lui être fabriqué avec une sorte de polymère traité qui mettra entre 400 et 1000 ans à se décomposer.

D’autre part, si la part des impressions a tendance à graduellement se réduire avec la numérisation, la démocratisation des imprimantes de bureau a contribué à un effet rebond avec le développement d’un marché qui représente aujourd’hui plusieurs dizaines de milliards d’euros. En 2014, 78 millions de cartouches d’impression étaient mises sur le marché. La même année, la part des cartouches collectées pour recyclage était de 18,5 millions, soit seulement 24% des unités vendues cette année. Si les entreprises proposant la collecte et le recyclage des cartouches et toner usagés sont nombreuses, le réflexe n’est pas encore adopté par les entreprises et les particuliers. Dommage, lorsque l’on prend conscience que la fabrication d’une cartouche laser requiert l’équivalent de 3,5L de pétrole, sans parler des conséquences annexes.

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Un marché opaque pour le consommateur

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Enfin, nous avions déjà évoqué en 2015 les méthodes peu louables des industriels de la cartouche. Profitant d’une certaine naïveté des consommateurs, et tirant bénéfice d’un marché dicté par la complémentarité des produits imprimante et encre, les fabricants utiliseraient diverses techniques pour inciter au remplacement précoce de celles-ci. Le but étant de faire des profits sur le marché lucratif de l’encre afin de compenser la baisse du prix des imprimantes.

Plus récemment encore, un rapport de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes mettait en lumière les barrages au recyclage mis en place par l’industrie. Au travers de protections techniques de plus en plus perfectionnées, les fabricants de cartouches mettraient ainsi des bâtons dans les roues aux entreprises de recyclage et de réutilisation des cartouches vides.

En attendant la fin de l’impression donc, ou de pouvoir recycler la pollution de l’air en encre noire, limiter notre consommation par des techniques astucieuses reste la solution la plus directement à notre portée. Les petits trous de Typeco sont sur la bonne voie et risquent de faire de l’ombre à ce secteur s’il se colporte efficacement. La solution, issue de l’investissement personnel de Bastien Renart et de son équipe, reste cependant payante à ce stade à un peu moins de 10 euros par machine pour des économies importantes sur chaque cartouche, pour autant que vous usiez des polices concernées…

photo-equipe


Sources : Cart-Touch.org / Consoglobe.com / typecosoftware.com

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