Pendant trois mois, Lionel Prado a parcouru les « montagnes infinies » et les « paysages arides » du Ladakh, parfois appelé « Petit Tibet », région située dans la partie orientale de l’État indien du Jammu-et-Cachemire. Dans ces régions, il a photographié les Hommes et l’environnement dans lequel ils vivent. Il s’est fondu avec la nature et s’est armé de patience pour se rapprocher des léopards des neiges – dont il a finalement pu apercevoir, brièvement, un spécimen – ainsi que des loups. Récit d’un reportage photographique poignant au cœur de l’Himalaya.
« En mars 2017, je pars dans l’Himalaya indien au Ladakh, afin d’étudier la cohabitation entre les hommes et la vie sauvage sur ce territoire. Durant les trois mois de mon immersion, une obsession me hante : celle de croiser les prédateurs endémiques tels que le léopard des neiges et le loup du Tibet », raconte Lionel Prado sur son site. Rapidement, cette quête s’est transformée en un reportage à propos de nous, les humains.
Rencontre avec les derniers nomades
Immiscé auprès de populations dont le rythme de vie est surtout marqué par la nécessité de produire leur propre alimentation, le photographe a ressenti « une cassure, une rupture avec le mode de vie de nos sociétés » auquel il est habitué. Ici, c’est « l’équilibre entre l’homme et son environnement » qui marque le voyageur, constat qui conduit inévitablement à « questionner la place de la nature dans le monde occidental ». Et qui pose une question : comment pouvons-nous, dans nos environnements urbanisés et technicisés, établir à nouveau un contact plus équilibré avec la faune et la flore ?
Une partie du périple de Lionel Prado s’est déroulé en présence d’une anthropologue et d’une traductrice, ce qui lui a permis d’échanger avec celles et ceux qu’il a rencontré. Ces populations « vivent de peu de choses » nous raconte-t-il. En journée, elles boivent régulièrement du thé salé, boisson chaude à partir de beurre de Yak. Pendant les repas, on se nourrit souvent de galettes d’orge, l’une des céréale qui compose principalement le régime des nomades de la région. De manière générale, décrit le photographe, ces personnes suivent des repas « simples » et ne mangent que « très peu de viande ».
Des populations qui disparaissent en silence
Avant qu’il ne soit trop tard pour la civilisation occidentale en pleine crise écologique, Lionel Prado espère valoriser « une harmonie entre les hommes et la nature », en dévoilant des territoires où les populations s’accordent encore avec le sauvage. « Comment se fait-il que chez nous, en Europe, nous fassions disparaître loups et ours, alors qu’ici les populations vivent à leurs côtés ? » interroge t-il pendant notre conversation. La présence de prédateurs naturels, au contraire, est garante d’une biodiversité fragile dont l’ensemble des espèces dépendent.
Il ne s’agit, bien évidemment, pas d’idéaliser le mode de vie singulier de ces personnes nomades. En effet, des populations avec un faible développement technique peuvent également avoir une incidence importante sur leur environnement (cf. Diamond, Jared, Effondrement, Galimard, 2006). Par ailleurs, parmi les populations nomades, beaucoup cèdent aujourd’hui face aux promesses de la mondialisation, abandonnant leurs manières de vivre au profit d’une promesse de surcroît de confort et de sécurité alimentaire. Néanmoins, le reportage de Lionel Prado nous montre que d’autres modes d’organisation sociale et une vie marquée par plus de simplicité sont possibles. À l’heure où l’Occident est confronté aux dérives de la consommation effrénée et de l’accumulation de richesses, ces sujets font inexorablement écho. Une invitation à réfléchir et à changer ?
Le reportage complet est à découvrir sur le site internet de Lionel Prado.
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