Par une délibération en date du 27 juin 2016, le Conseil municipal de la Ville de Rennes a affirmé sa volonté de s’engager en faveur de « l’autonomie alimentaire » de la ville. Rennes, investie au sein du label « Ville comestible de France » devient après Albi, une nouvelle municipalité à prendre la voie d’un avenir plus soutenable. Pourtant, pas loin de là, l’artificialisation des terres continue.

Lorsqu’une ville de plus de 200.000 habitants décide d’investir dans l’autonomie alimentaire locale, la nouvelle ne peut qu’être la bienvenue. En effet, la résolution de la Ville de Rennes indique la prise de conscience des élus locaux vis à vis des dangers qui pèsent sur les systèmes d’approvisionnement modernes, fortement dépendants du pétrole et des pesticides.

Aboutissement d’un processus de décision démocratique

La décision de la Ville de Rennes n’est pas anodine. Elle est l’aboutissement d’une politique d’intégration des habitants aux décisions publiques. Lancé en 2015, le projet intitulé « La Fabrique Citoyenne » prévoit un renouveau de la démocratie locale par le biais d’un pouvoir décisionnel accru donné aux habitants. Dans ce cadre, le budget participatif est une véritable innovation dans la manière dont sont prises les décisions.

Cet outil est inspiré des expériences du même genre ayant eu lieu en Amérique latine – et en particulier à Porto Alegre au Brésil. Le Budget participatif donne l’occasion aux habitants de s’exprimer à propos de l’affectation d’une partie du budget d’investissement à disposition d’une collectivité. Le budget étant un élément déterminant de l’indépendance locale, l’avancée est importante. C’est dans ce contexte que les discussions portant sur l’utilisation de l’espace public à Rennes se sont sont multipliées et que la volonté d’une réappropriation a été exprimée par les habitants.

c531_incredible_edible_todmorden_france_bretagne_rennes_incroyables_comestibles_w960Image : democratie-reelle-nimes.over-blog.com

Résilience locale

Dans une déclaration de principe ambitieuse, le Conseil municipal rappelle « son soutien au mouvement des Incroyables Comestibles » et entend « confirmer son désir de développer le label « Villes et villages comestibles de France » avec pour objectif de conforter son action vers l’autonomie alimentaire. ». Les élus locaux manifestent de cette manière leur intention de mieux prendre en compte les défis économiques, sociaux et environnementaux de demain. Dans les mois qui viennent, les jardins potagers, bacs publics et vergers urbains seront donc les bienvenus. Plus généralement, les élus indiquent leur soutien aux AMAP, à l’agriculture biologique et aux acteurs locaux de la biodiversité.

La végétalisation de la ville tout comme la multiplication d’espaces urbains comestibles s’inscrivent dans la démarche proposée par le mouvement des Transition towns, qui lutte pour une plus grande résilience locale. Ces choix traduisent la volonté de s’inscrire dans une économie qui privilégie les circuits courts. Favorable à un développement local et à une gestion de proximité des stocks alimentaires, la décision pourrait également être une avancée supplémentaire dans le processus de démocratie locale débuté précédemment.

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Artificialisation des terres, sous le nez des élus

La nouvelle a de quoi satisfaire. Cependant, l’agriculture urbaine ne nourrira pas les villes à ce stade de développement. Par conséquent, une attention particulière doit être apportée aux politiques agricoles. Dans le cas d’espèce, la métropole de Rennes fait moins bonne figure. Car sous son nez, la Ville de Bruz, qui appartient à la métropole, lance un projet d’agrandissement d’une zone commerciale, mettant en danger des terres fertiles.

Bastamag interpelle d’ailleurs à ce sujet et nous met en garde contre l’artificialisation croissante. En effet, le média indépendant relaie une pétition lancée par un paysan, Jérôme Thomas, qui dénonce un projet d’agrandissement d’une zone commerciale. Si le projet devait voir le jour, M. Thomas, qui cultive en biologique, perdrait les terres dont il est locataire.

Des terres agricoles sont ainsi sacrifiées au profit d’intérêts privés. Cette dernière décision, qui fait tache sur ces ambitions revendiquées, rappelle l’importance d’une politique environnementale transversale et entre en contradiction avec les ambitions affichée de la Ville de Rennes. Car, si l’agriculture urbaine peut traduire un changement dans la manière de penser, la mesure ne reste que de portée symbolique si elle n’est pas accompagnée d’une association réelle des agriculteurs, qui sont les véritables piliers de l’agriculture locale et de la résilience de demain.

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Sources : bastamag.net / frabriquecitoyenne.rennes.fr / métropole.rennes.fr

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