À quatre semaines de l’ouverture des Jeux Olympiques de Rio au Brésil, l’équipe de #datagueule refait les comptes des compétitions sportives. Et comme toujours, les chiffres ainsi publiés contredisent les discours officiels. L’organisation des événements sportifs internationaux est un trou financier pour les États. Seuls les sponsors et les banques en profitent. Les populations, elles, sont écartées avec violence.

Dans une nouvelle vidéo, #datagueule résume de manière parfaitement claire les enjeux humains et économiques liés à l’organisation de compétitions sportives internationales. Les bonnes intentions affichées par les gouvernements, les multinationales ainsi que les comités d’organisation se heurtent aux données brutes : les valeurs tant vantées du sport font profil bas devant les intérêts financiers. Tout ceci aux frais du contribuable et des populations locales, comme le suggèrent à l’occasion, de nombreux rapports concernant l’organisation des Jeux Olympiques au Brésil.

Facture salée

Les pays qui organisent les grandes rencontres sportives sont mis au courant des règles dès le début : « Les villes et pays hôtes doivent prendre en charge les déficits du comité d’organisation ». La couleur est annoncée. Compétitions d’été et d’hiver confondues, les dépenses liées à l’organisation des Jeux Olympiques dépasseraient en moyenne de 180% celles annoncées dans les budgets prévisionnels. Les contribuables en supportent les coûts, parfois pendant plus de deux décennies.

D’autant que les sponsors négocient leur participation : « comme par magie, les pays hôtes deviennent pour eux des paradis fiscaux » notent de manière crue et ironique nos analystes. En clair, Mc Donalds, Coca-Cola et autres sont exemptés d’impôts pour les bénéfices réalisés à l’occasion de ces événements. Dans le même temps, la spéculation immobilière fait augmenter les prix du foncier, ce qui oblige les habitants les plus démunis à déménager. Les minorités, elles, sont écartées ou déplacées de force afin de préserver l’image des grandes villes.

Les chiffres que nous présente #datagueule sont vertigineux.

Brésil, J -20

Cette mise en bouche peu glorieuse nous invite à nous intéresser de plus près à la situation brésilienne, à quelques semaines de la cérémonie d’ouverture. Il y a deux ans déjà, nous alertions dans une vidéo à propos des conséquences désastreuses de la Coupe du monde de football brésilienne : habitants molestés et sponsors exonérés d’impôts dans un pays où le fossé entre riches et pauvres est toujours profond. Pourtant, alors qu’à Rio presque un quart de la population vit dans des favelas (bidonvilles), le reste du monde continue à faire l’autruche au profit du culte du sport.

Mais les Brésiliens n’avaient pas encore tout vu, la Coupe du Monde n’était qu’un prélude.

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Récemment, l’État régional de Rio a été obligé de décréter l’État de calamité publique. Les moyens financiers manquent pour terminer à temps les infrastructures coûteuses des Jeux olympiques 2016. Le décret « autorise [l’Etat régional] à adopter toutes les mesures exceptionnelles nécessaires à la rationalisation des services publics essentiels, en vue de la réalisation des Jeux olympiques et paralympiques de Rio 2016 ». La décision est d’une violence inouïe : aux besoins essentiels de la population locales, est privilégié le plaisir des touristes et spectateurs. Dans le même temps, cette même population s’apprête a voir s’évaporer sous ses yeux des millions de dollars de rentrées fiscales. Pour cette raison, certains appellent déjà au boycott des jeux.

Comble de tout, l’État veut cacher aux caméras du monde entier, qui seront braquées sur le pays pendant trois semaines, la misère à laquelle sont condamnés de nombreux habitants. Ces derniers sont donc tout bonnement chassés de chez eux. La Tribune de Genève rapporte les propos inquiétants d’Ana Paula Oliveira. Cette femme, dont le fils de 19 ans a été assassiné par les forces de l’ordre indique : « La pacification des favelas a été présentée comme un projet de sécurité publique. Mais la vérité, c’est que nous sommes considérés comme les ennemis de la société brésilienne, que l’on doit éliminer. Les JO approchent et nous savons par expérience que la violence à notre encontre va encore augmenter ». De nombreuses enquêtes confirment ces propos. Il y a un an déjà, Amnesty International, faisait état d’une répression policière violente et meurtrière, pratiquée avec le consentement de l’État.

Décidément, difficile de trouver beaucoup de paix et de fraternité dans l’organisation des rencontres sportives internationales modernes.


Sources : amnesty.org / francetvinfo.fr

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