Choquant mais sans surprise : les gendarmes qui ont causé la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage du Sivens ont été entièrement disculpés par leur hiérarchie, qui estime qu’il n’y a pas eu de “faute professionnelle”. Le jeune étudiant en botanique avait été tué par une grenade offensive, une arme extrêmement puissante.

Un rapport gênant

Le rapport rendu par l’Inspection générale de la gendarmerie innocente les gendarmes tout en accusant les manifestants d’être à l’origine des violences. Les forces de l’ordre ont agi « avec professionnalisme et retenue » selon le rapport interne. Si ces conclusions sont sans surprises, il y a quelque chose de gênant dans les conclusions de la gendarmerie.

Ce rapport se base uniquement sur les auditions du préfet et des forces de l’ordre mais ne comporte aucun témoignage des opposants au projet du barrage. Les principaux intéressés et victimes sont hors débat, catégorisés arbitrairement comme « agresseurs ».

Le rapport indique cependant que les chiffres du nombre de gendarmes et policiers blessés, martelés et utilisés comme argument par le ministre de l’Intérieur, ont été largement surévalués : 56 selon le ministère, 13 selon le rapport de l’IGGN (chiffre maximal vu que fourni par les gendarmes eux-mêmes).

En revanche, l’IGGN avance le chiffre totalement farfelu de 7 blessés dans les rangs des opposants, largement sous-évalué en comparaison des faits, des vidéos, des témoignages, des photos et des chiffres donnés par l’équipe médicale sur place. Derrière cette guéguerre mal-placée de chiffres, c’est la mémoire d’un jeune homme décédé sous les coups d’une grenade qui est bafouée.

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image : la-croix.com

Quelques faits

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Afin de rétablir un minimum de vérité face à ce monument de mensonges et de mauvaise foi, qui sera certainement largement médiatisé, voici quelques informations factuelles dévoilées par Mediapart le mois dernier, qui a eu accès à des documents internes de l’enquête :

– Les autorités ont menti durant plus de 48 heures sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse
– Rémi Fraisse est mortellement touché, à 02 h 03 précises: «Il est décédé le mec. Là c’est vachement grave. Faut pas qu’ils le sachent», dit un gendarme.
– Les responsables savent aussitôt que c’est bien une grenade offensive qui l’a tué.
– Le lieutenant-colonel qui commandait le dispositif: «Le préfet du Tarn nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté»
– Selon le décompte officiel, plus de 700 grenades en tout genre ont été tirées, dont 42 offensives.

Mais qui se préoccupe de ces faits ? Au contraire, dans son rapport, la gendarmerie cite les propos de Pierre-Alexandre Bouclay, un « journaliste » d’extrême droite infiltré dans plusieurs ZAD et collaborant notamment avec Valeurs actuelles, Boulevard Voltaire ou Fdesouche…

Image extraite d’une vidéo tournée par les manifestants
Pour terminer, rappelons le contexte, qui a toute son importance : ce barrage controversé, critiqué pour son opacité et son aberration économique et écologique, est construit en faveur de la FNSEA (lobby de l’agro-alimentaire et de l’agro-chimie). Souvenez vous, les ragondins écrasés… Une industrie qui a besoin d’eau pour irriguer ses cultures intensives de maïs. Le projet est entaché de conflits d’intérêt impliquant des élus du Tarn multi-cumulards et siégeant dans divers organismes privés et publics, dont ceux traitant de la gestion de l’eau. Enfin, le projet va à l’encontre de toutes les politiques publiques qui ont pour but de préserver les zones humides, autant au niveau local que national et européen.

Sources : 
Marianne
Mediapart (abonnés)

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