Si la production d’énergies renouvelables augmente, le stockage de ces dernières reste une question épineuse à laquelle les chercheurs veulent apporter une réponse adaptée et la plus saine possible. André Gennesseaux, ingénieur en mécanique et co-fondateur de l’entreprise Energiestro, pense avoir trouvé une solution alternative aux batteries qu’il décrit comme révolutionnaire : le stockage grâce au béton. Explications.

Lorsque l’on parle d’énergies renouvelables, l’un des principaux reproches qui leur est fait concerne leur intermittence. En effet, aussi bien l’éolien que le solaire ne produisent de l’énergie qu’à certains moments de la journée, ce qui représente un véritable casse tête pour les gestionnaires de réseaux. Aussi, pour pouvoir bénéficier de cette énergie à tous moments, il faut stocker l’énergie qui n’est pas consommée, le plus souvent dans des batteries aux composés chimiques. André Gennesseaux affirme avoir fait une découverte importante : l’énergie pourrait être stockée simplement grâce au béton. De cette manière, il serait possible de « réduire le coût du stockage trop élevé des batteries, et ainsi augmenter la pénétration des énergies renouvelables » défend-t-il.

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L’énergie solaire : une énergie abondante, peu chère, mais intermittente

C’est le stockage de l’énergie solaire qui a principalement fait l’objet des recherches d’André Gennesseaux. Si les pics de production sont prévisibles, ils ne s’en concentrent pas moins en milieu de journée. Or, les techniques existantes ne permettent pas vraiment d’envisager un stockage de l’énergie à grande échelle. Les matériaux utilisés ainsi que les processus de fabrication des batteries classiques s’avèrent être bien trop coûteux, pour que le dit stockage puisse se faire sans le versement de subventions. Si les techniques de stockages sont par ailleurs nombreuses, aucune, jusqu’à présent, n’a su convaincre entièrement.

L’énergie solaire est particulièrement intéressante d’un point de vue économique, avance l’ingénieur ; des progrès récents en la matière, ainsi que « la baisse spectaculaire du prix des panneaux solaires » ont permis d’en faire l’énergie disponible la moins chère à produire, mais pas encore la plus propre. Son intermittence et le coût du stockage restent des freins à la généralisation de cette énergie. Pour cette raison, le stockage de l’énergie, afin de pouvoir  la restituer n’importe quand (« lissage de la production »), devient un enjeu de taille, voir même de civilisation.

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Le volant « Voss », une innovation avec de l’avenir ?

Associé à une équipe de quatre autres chercheurs, André Gennesseaux découvre que le béton a la particularité d’être un matériaux très propice pour stocker de l’énergie. À la suite de plusieurs années d’étude du matériau, l’équipe a pu développer un « volant » de stockage d’énergie, dont les capacités semblent prometteuses. Les volants de stockage se présentent sous la forme « d’un cylindre ou d’un disque qui tourne à très grande vitesse ». Mis en rotation par un moteur, l’énergie est stockée sous la forme d’« énergie cinétique ». En l’absence de frottements, l’énergie peut être conservée pendant plusieurs heures et être restituée pendant la nuit par une génératrice. La particularité du volant proposé par Energiestro, c’est d’être composé d’un cylindre de béton, alors qu’auparavant on utilisait de l’acier ou du carbone. C’est cette nouvelle méthode, accompagnée d’une innovation pour protéger le béton de toute fracture lors de la phase d’accélération du cylindre, qui a permis d’aboutir à des économies qui vont pouvoir rendre le stockage de l’énergie solaire plus rentable qu’aujourd’hui.

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En effet, selon André Gennesseaux, la technique qu’il a développé pourrait réduire de 5 à 10 fois le coût du stockage de l’énergie. D’autant que les nouveau volants ont un rendement élevé, compris entre 80 et 90 %. Autre avantage annoncé par le concepteur, le faible coût de l’entretien du matériel, et la durée de vie « presque infinie » du volant. Lors des tests, les volants Voss étaient comme neufs après 100.000 cycles, alors qu’une batterie s’use bien plus rapidement. Très concrètement, le système se présente comme un cylindre de béton porté par un palier magnétique qui tourne sur lui-même dans une enceinte sous vide dans laquelle la pression de l’air est réduite, de quoi conserver une énergie cinétique avec un rendement important.

André Gennesseaux affirme que de nombreuses personnes ont déjà manifesté leur intérêt : il a été contacté par des particuliers, des opérateurs ou encore des pays en voie de développement. L’invention a d’ailleurs été remarquée au plus haut niveau puisque ses recherches ont été récompensées par EDF. Novatrice, l’idée l’est définitivement ; il faudra cependant apporter une attention au cycle de production ainsi qu’aux pollutions annexes générées à cette occasion. En effet, le secteur du béton, inévitablement lié à celui du sable (et à sa rareté) pose également quelques limites, mais probablement moins importantes que les conséquences des énergies fossiles.

L’ingénieur a eu l’occasion de présenter son invention à l’occasion des TEDx de Paris qui se sont tenus en octobre 2015.


Sources : ddmagazine.com / lemonde.fr / positivr.fr

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