À l’occasion de la Conférence Climat COP21 de Paris, l’équipe du magazine télé belge « Alors, on change ! » a décidé d’aborder le sujet de l’empreinte carbone de manière décalée. Résultat : on balaie ses idées reçues sur les émissions de CO2 et on découvre la vérité qui se cache derrière les chiffres ! Trois portraits de citoyens inspirants, qui ont décidé de ne pas attendre que le changement vienne du haut, démontrent que tout est possible…

Généralement, on nous dit qu’il faut isoler sa maison, se rendre au travail en transports en commun (ou, encore mieux, à vélo) et si possible installer des panneaux photovoltaïques ou du moins choisir un fournisseur d’électricité « verte ». Saviez-vous que ces trois postes réunis – chauffage, mobilité, électricité – ne représentent qu’une toute petite fraction de l’impact carbone de tout un chacun ? En Belgique, un citoyen moyen émet moins de 10 tonnes de CO2 avec ces trois domaines réunis, soit environ 5% de l’émission totale. Si ces domaines ne sont pas à négliger (ne serait-ce que pour une question d’autonomie), d’où viennent les 95% restants ?

1. La société de consommation

Sur la troisième marche du podium, on retrouve nos habitudes de consommation, c’est-à-dire tous nos achats, avec 15 tonnes par personne et par année. Soit plus que la somme des trois autres postes réunis… Et dans « achat », il y a notamment les vêtements, les voyages, les appareils électroniques, mais aussi l’alimentation : le CO2 « caché » dans la viande dont se nourrissent les citoyens représente à lui seul 3 tonnes ! Qu’on y soit opposé ou favorable, le fait est que se convertir au régime végétarien permet, par exemple, de réduire ses émissions « alimentaires » à 1 tonne de CO2. Uwe l’a bien compris, puisqu’il est végétarien depuis son adolescence. Le déclic : un documentaire sur le traitement des animaux d’élevage. « Quand j’ai vu comment on tenait les bêtes et comment on les exécutait, j’ai décidé de changer… chacun de nous est demandé à faire sa part dans ce monde, il faut devenir actif et faire quelque chose, et ne pas attendre que quelqu’un d’autre le fasse pour nous. »

2. Produire, produire, produire

La médaille d’argent de l’impact carbone revient quant à elle au travail. Étonnant, et pourtant évident : l’activité économique d’une entreprise (qu’on soit employé ou employeur) génère des gaz à effet de serre, et en divisant les émissions totales par le nombre d’employés, on obtient l’empreinte carbone de chaque travailleur. En fonction du domaine d’activité, la quantité de gaz émis varie entre 10 et 200 tonnes… en moyenne, 30 tonnes des CO2 par personne ! Trois fois plus que le trio chauffage, mobilité, électricité.

Jean-Luc, directeur d’une entreprise qui fabrique des portes et des châssis de fenêtre, a pris conscience de l’impact de sa société quand il est devenu grand-père : « Quand on regarde derrière nous, on se rend compte que c’est notre génération qui a tout foutu en l’air. Et quand je regarde mes petits-enfants, je veux agir ! Tant pis si les autres n’agissent pas, moi je ne veux pas avoir ça sur la conscience ». Résultat : avec l’aide de la société Factor X, consultant en empreinte écologique, Jean-Luc et ses employés se fixent un défi annuel pour améliorer les performances énergétiques de l’entreprise : réutilisation des chutes de profils en PVC, revalorisation des déchets PVC non réutilisables, achat d’une chaudière capable de fonctionner en brûlant les chutes des profils en bois… autant d’initiatives qui ne sont pas forcément immédiatement rentables pour la société de Jean-Luc, mais qui les sont sur le long terme pour l’environnement qu’il lègue à ses petits-enfants.

3. Le pouvoir du Capital

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Mais le top du top en matière d’émission carbone, c’est un poste dont presque personne n’a conscience : notre épargne et nos placements financiers ! Nous vivons dans un système où nous demandons aux banques traditionnelles de fournir un rendement à l’argent que nous leur confions, sans forcément leur demander des comptes en termes d’éthique sociale ou d’impact environnemental. Finalement, la plupart d’entre nous ferment les yeux sur la manière dont leur banque gère leur argent. Beaucoup n’y comprennent tout simplement rien.

Mais les banques, elles, savent quoi faire de notre argent ! En pratique, les meilleurs rendements proviennent, encore aujourd’hui, de placements liés aux énergies fossiles… pétrole en tête. Incohérent ? 5000 euros mal placés équivalent ainsi aux émissions de CO2 d’un gros 4×4 pendant un an ! En pratique, cet argent ira financer l’économie traditionnelle, la haute finance et la spéculation boursière sans même que vous le sachiez. Et quand on ne sait pas, comment responsabiliser ses choix ?

in-an-absolutely-brutal-day-for-the-market-nothing-is-getting-slammed-more-than-coal-stocksUn mineur chinois travaillant à l’extraction du charbon – REUTERS/Stringer

En sachant qu’en Belgique, l’épargne est presque équivalente au PIB du pays, soit plusieurs centaines de milliards d’euros, on comprend mieux l’impact positif que pourrait avoir le déplacement de l’épargne des citoyens vers des banques éthiques. Antoine l’a bien compris et a décidé d’agir non seulement en replaçant son argent vers des investissements plus éthiques et durables, mais aussi en s’engageant dans le réseau « Financité » : une association qui étudie et labellise les placements financiers proposés par les banques, et qui organise des actions de sensibilisation du public à cette problématique. « J’ai placé mon argent dans une éolienne, car cela me paraissait essentiel pour l’avenir de mes enfants. J’aurai une certaine fierté à leur dire quand ils seront grands. » Après avoir travaillé pendant un an dans la coopération au développement, Antoine a vite compris que le nerf de la guerre, c’est l’argent : « Aujourd’hui, on a beau être cohérent dans tout ce qu’on veut, de la mobilité aux habitudes de consommation, si on n’est pas cohérent avec son argent, ça va saboter tous nos projets ».

Découvrez ces portraits inspirants de Uwe, Jean-Luc et Antoine dans l’émission « Alors, on change ! » produite par 8 télévisions belges francophones, dont la RTBF et 7 télévisions locales. Son objectif : aller à la rencontre de citoyens à la fois ordinaires dans leurs profils et extraordinaires dans leurs démarches citoyennes, pour dresser leurs portraits, en toute simplicité. (Voir le reportage complet).

Notre émission tournée à la COP21, c’est ce soir! Découvrez en avant-première le portrait d’Antoine, qui a réduit son…

Posté par Alors on Change sur mercredi 9 décembre 2015


Source : rtbf.be

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