Samedi 17 janvier, à l’occasion du salon agricole européen, entre 25 000 et 50 000 personnes ont manifesté à Berlin contre les « usines à animaux », les OGM dans la nourriture et le traité de libre-échange entre les États-Unis et l’Europe (TAFTA). Leur cri de ralliement : « Wir haben es satt ! » (Nous en avons assez !)
Pour la cinquième année consécutive, des dizaines de milliers de personnes ont marché à Berlin pour protester contre l’industrialisation de l’agriculture et pour réclamer une réelle transition agroécologique. Le mouvement appelle à une « Agrarwende », un tournant agricole en faveur de l’agriculture paysanne et écologique. Dans leur viseur : les multinationales des semences et de l’agrochimie, qui participent à l’érosion génétique, à la pollution des sols et des eaux, aux problèmes sanitaires, à la déforestation et à la misère des paysans aux quatre coins du monde.
« Manger est politique. La moindre décision prise au moment d’acheter doit être déterminée par la façon dont les animaux sont élevés ou par ce qui est cultivé dans les champs », explique Jochen Fritz, un des organisateurs de la marche.
Les 120 organisations qui ont battu le pavé, dont la Via Campesina (plus grand mouvement paysan international), dénoncent également les élevages intensifs, toujours plus gros (surtout en Allemagne), toujours plus polluants et toujours moins respectueux des conditions de vie des animaux. Les élevages industriels sont également les principaux consommateurs du soja OGM produit en Amérique latine, tristement connu pour ses impacts sanitaires et environnementaux catastrophiques…
Pourtant, les preuves s’accumulent en faveur d’une transition agroécologique au niveau mondial, qui permettrait non seulement de nourrir toute la population terrestre, mais de le faire de façon respectueuse de l’environnement et des humains. On ne le répétera jamais assez : la faim dans le monde n’est pas la résultante d’un manque de rendement (contrairement à ce que veulent nous faire croire les firmes d’agrochimie), mais d’une mauvaise répartition des richesses et des impacts sociaux-économiques que cela implique. Les rendements agricoles n’ont jamais été aussi élevés, mais un milliard de personnes dans le monde souffrent toujours de la faim à cause des politiques de libre-échange et d’exportation imposées aux pays du Sud.
Enfin, les manifestants protestaient aussi contre le dernier cheval de Troie des industriels en préparation, et non des moindres : le traité de libre échange entre les États-Unis et l’Europe (TAFTA). Un traité au profit exclusif des multinationales, dont les opposants redoutent les impacts possibles : suppression des taxes douanières pour les marchandises, baisse des normes sanitaires et environnementales, exportations massives de viande industrielle américaine vers l’Europe, tribunaux privés permettant aux multinationales de poursuivre des collectivités qui entravent leurs profits, etc.
Source : Basta ! / Image : http://www.wir-haben-es-satt.de