Chaque année en France, nous gaspillons 10 millions de tonnes de nourriture selon un rapport de l’ADEME. À qui la faute ? À tous les niveaux, depuis le producteur jusqu’au consommateur, des quantités importantes terminent à la poubelle. Alors que s’ouvre ce lundi 16 octobre « La journée mondiale de l’alimentation », en France, cette journée est spécialement dédiée à ce fléau. Où en est t-on et que faire ?

En dépit des nombreux appels à réduire le gaspillage alimentaire, les chiffres sur le sujet restent alarmant. Pourtant, Le gouvernement français affiche des objectifs ambitieux, puisqu’il souhaite « inciter à réduire de 50% le gaspillage sur l’ensemble de la chaîne alimentaire à l’horizon 2025 ». Pour atteindre ces résultats, encore faut-il se rendre compte de l’ampleur du problème et mettre en place des actions concrètes.

Photographie : Jacob Khrist / Freegan Pony Paris (Facebook)

Le gâchis alimentaire, un phénomène de société

Si, en la matière, la grande distribution est souvent pointée du doigt, elle n’est pas la seule coupable. Comme le rappelle France Nature Environnement, les chiffres « déconcertants » du gaspillage alimentaire sont provoqués par des pertes à tous les niveaux de la chaîne, « de la production à la consommation, en passant par la transformation, la distribution et la restauration ». Ainsi, selon l’association32% du gâchis a lieu au niveau de la production agricole, 21% concerne la transformation, 14% la distribution, 14% la restauration (collective et commerciale) et 19% la consommation à domicile. Face à ces chiffres, difficile de le nier, tous les acteurs de la société sont concernés.

Outre le fait que le gaspillage alimentaire est une indécence face à la réalité de la faim dans le monde (qui cette année, pour la première fois depuis 10 ans, a augmenté), la problématique est l’occasion de rappeler le coût environnemental de ce gâchis : en effet, selon l’ADEME, l’empreinte carbone annuelle du gaspillage alimentaire serait de 15,3 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an en France« soit 3 % de l’ensemble des émissions de l’activité nationale ou encore 5 fois les émissions liées au trafic aérien intérieur ». Une pollution non négligeable à l’heure où il est urgent de réduire drastiquement toutes les sources de gaz à effet de serre.

Mais quels sont les mécanismes à l’œuvre ? La standardisation des fruits et légumes conduit à jeter les aliments dont le calibre ne correspond pas aux normes imposées. Par ailleurs, pour des raisons logistiques, la grande distribution écarte régulièrement des aliments de ses rayons alors même qu’ils ne sont pas encore périmés. Enfin, restaurateurs et particuliers achètent et cuisinent plus qu’il ne leur en faut. Inévitablement, les restes terminent à la poubelle. La question du gaspillage est donc transversale et concerne tous les acteurs de la société.

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Des gestes et des solutions ?

Dans ce contexte, il appartient à chacun de faire évoluer son comportement. À différentes échelles, des initiatives se développent pour sensibiliser et proposer des solutions concrètes. AMAP, coopératives et autres magasins biologiques, zéro-déchet et/ou locaux insufflent un changement essentiel qui implique à la fois les producteurs et les consommateurs : utiliser tous les aliments produits, quelque soit leur taille ou forme. Cette évolution accompagne un bouleversement plus profond : la sortir de l’agriculture industrielle pour se tourner vers un modèle à taille humaine et plus sobre en énergie.

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Logo de Freegan Pony

Ailleurs, le changement se fait également sentir. Depuis quelques années déjà, certains habitants se mobilisent à l’échelle de leur quartier pour organiser des disco-soupes, moments festifs et conviviaux à l’occasion desquels les invendus des marchés et des grandes surfaces sont récupérés par des bénévoles puis cuisinés et dégustés par les participants. D’autres ont fait le pari de valoriser fruits et légumes délaissés des étalages pour débuter une activité économique. C’est notamment le cas des Confitures Re-belles.

Certaines cantines scolaires ont également entamé des démarches voltaires, fondées sur la participation des équipes de cuisine et des enfants, pour réduire fortement les pertes alimentaires et les coûts importants qui en résultent. Plus radicale encore, la solution des « Freegan » qui consiste à se nourrir des invendus, notamment en récoltant ce qui est toujours consommable dans les poubelle des magasins. En France, le collectif Freegan Pony a même été jusqu’à ouvrir un restaurant à Paris basé sur le concept.

Image : Rob Greenfield – Action de récolte d’invendus au profit de la communauté.

Tous ces exemples marquent le besoin de modifier notre rapport aux aliments, aujourd’hui considérés comme de simples produits de consommation disponibles à souhait dans les étalages de nos marchés et magasins. Le gaspillage alimentaire sera réduit, si les acteurs économiques s’emparent du sujet, et si les consommateurs modifient profondément leurs habitudes. Car il n’y a plus de mystère sur le sujet, si nous ne changeons pas, autant à l’échelle individuelle qu’industrielle (donc politique), le gaspillage ne reculera pas.


Sources : agriculture.gouv.fr / ademe.fr / fne.asso.fr

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