Située au cœur des calanques marseillaises, la Kedge Business School menace le paysage environnant avec un projet immobilier jugé dévastateur par ses opposants. Entourée par les pinèdes qui ont fait la renommée des alentours marseillais, l’école de commerce prévoit la destruction de plus de 11 000 m2 de nature. Une menace directe pour un paysage grandiose à la biodiversité rare que des citoyens interpellés tentent d’arrêter.
Le parc des calanques menacé
Lancée il y a un mois, une pétition commence à rassembler des Marseillais soucieux de leur patrimoine et autres amoureux de la nature. Comptabilisant plus de 50 000 signatures, la pétition lancée par Georges Aillaud, président du Comité du Vieux-Marseille, invite l’école de commerce de Marseille à abandonner ses plans de construction au cœur du domaine des calanques. Installée à Luminy, Kedge Business School — l’école supérieure de commerce dans la lignée d’HEC, espère agrandir ses locaux au détriment de la richesse naturelle locale. Une intention qui déplaît à de nombreuses associations, mais aussi aux anciens diplômés de l’école, présente sur le site depuis les années 1970.
Et pour cause : prévoyant d’agrandir ses locaux, l’école de commerce compte raser pas moins de 298 arbres, dont certains centenaires, et décaper plus de 11 000 m2 de bois et de garrigue. Parlant de « projet écocide », le président du Comité du Vieux-Marseille reçoit actuellement le soutien de plusieurs associations de défense du littoral marseillais. Parmi elles, Union Calanques Littoral, Sites & Monuments, Calanques 13 littoral, France Nature Environnement, mais aussi l’Atelier Marseillais d’Initiatives en Ecologie Urbaine, qui tous demandent une réévaluation de l’impact environnemental du projet et une annulation du permis de construire. Dénoncée également est la bétonisation croissante du parc des calanques de Luminy, qui accueille une cité universitaire qui s’étend un peu plus à chaque permis de construire délivré.
Du béton toujours plus présent
Depuis un mois donc, le ton se hausse du côté des associations pour faire entendre raison à la mairie et à la chambre de Commerce. Au début de l’année, un appel d’offre était lancé pour un « chantier vert » qui permettrait à l’école et à la CCIMP de garder bonne conscience après la destruction d’une partie d’un site naturel aussi exceptionnel, terre d’accueil de l’aigle de Bonelli et d’une biodiversité qui fait la réputation des massifs et littoraux français. Pourtant, si rien ne semble s’être mis en travers de ce nouveau bétonnage au niveau administratif, les associations soulignent le fait que tout le processus engagé s’est fait et se fait encore malgré un avis défavorable de l’Architecte des bâtiments de France.
L’abattage et le rasage des terrains censés accueillir les 20 nouvelles salles de classe, une bibliothèque high-tech ainsi qu’une business nursery et un « executive center » est prévu du 5 au 16 juillet prochain. Afin de faire passer la pilule chez d’éventuel opposants au projet, la CCIMP et l’école ont prévu la mise en place de « terrasses-jardins » de « dalles gazons » en plus d’un réaménagement du parking. Une bien mince compensation au regard des plusieurs centaines de pins d’Alep appelés à disparaître. Si le projet voit le jour, la Chambre de commerce devra verser la modique somme de 5763 euros au Fond Stratégique de la Forêt et du Bois en guise de compensation. Mais l’argent peut-il vraimùent racheter une conscience écologique et compenser une zone naturelle détruite ?
De leur côté, certains anciens diplômés de l’école, très attachés au parc des calanques qui les a vus grandir durant leurs études, dénoncent l’hypocrisie des autorités de l’école, qui, en ses murs, ne cesse de prôner un esprit éco-responsable. Une lettre ouverte adressée à la direction de l’école est en cours de rédaction, cherchant à dénoncer les assauts irresponsables de l’établissement sur un parc naturel aussi fragile qu’exceptionnel. Georges Aillaud, quant à lui, appelle au rassemblement sur le parking de l’école samedi 17 février à 9h30 afin de manifester contre le projet.
Sources : Change.org / La Marseillaise / Documents relayés par Georges Aillaud et les associations, mis en ligne par David Coquille
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