C’est la rentrée ! Et pour repartir sur de bonnes bases, Mr Mondialisation vous présente dès aujourd’hui les sujets importants qu’il faudra suivre en 2018. Cette liste est bien entendu non-exhaustive, l’actualité contenant toujours sa part d’imprévisibilité, et nous vous conseillons de toujours continuer à vous informer via les médias indépendants et collaboratifs.
Tandis qu’on vous donnait, dans un précédent article, quelques bonnes résolutions pour débuter l’année en protégeant la planète, voici dès à présent une rapide présentation d’actualités nationales et internationales qui pourraient marquer 2018. Par ailleurs, vous pouvez continuer à suivre l’actualité mensuel avec Démasque L’info, une nouvelle série vidéo lancée par l’équipe sur Youtube, qui vous propose une sélection des sujets les plus marquants du mois.
Les États-Unis, la Corée du Nord, Trump et Kim Jong-Un…
L’année dernière a été marquée par les échanges houleux et les menaces entre la Corée du Nord et les Etats-Unis. Le président Donald Trump a en effet inquiété ses sénateurs et le reste de la population en raison des différentes invectives adressées au leader nord-coréen. Les deux personnages se livrent depuis quelques mois déjà à un jeu dangereux, à coup de menaces à peine voilées. Aujourd’hui, chacun se demande si ces échanges ne resteront que des insultes ou si l’un des deux camps passera finalement à l’action. Dans ce contexte, le fait que la Corée du Nord est assise sur une quantité impressionnante de “Terres Rares” sera t-il un élément clé ? Les tensions entre les deux pays seront par ailleurs surveillées durant les jeux olympiques d’hiver, qui se dérouleront d’ici quelques semaines à PyeongChang, alors que certaines épreuves n’auront lieu qu’à 80 kilomètres à peine de la frontière. La question des essais nucléaires de Kim Jong-Un sera également remise sur la table, tandis que certains espèrent encore que les nations sauront au-moins faire la paix pour la beauté de l’esprit sportif.
North Korean Leader Kim Jong Un just stated that the “Nuclear Button is on his desk at all times.” Will someone from his depleted and food starved regime please inform him that I too have a Nuclear Button, but it is a much bigger & more powerful one than his, and my Button works!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 janvier 2018
Côté Etats-Unis, Donald Trump pourrait devoir faire face à la hausse de sa côte d’impopularité au cours des élections de mi-mandat. Ces élections, qui auront lieu en novembre, ont pour but la recomposition de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Actuellement, ce sont les Républicains qui détiennent la majorité dans les deux chambres du Congrès, mais cette situation est en train de s’inverser, d’après les tendances qui sont actuellement observées. D’ailleurs de nombreuses manifestations citoyennes ont déjà eu lieu contre les décisions du Président en rapport avec son plan d’actions isolationnistes, et pourraient se répéter un peu partout aux Etats-Unis. Enfin, certains lancent déjà l’appel à sa destitution et bien que la procédure soit complexe, ce sera un élément à regarder de près.
Poutine et son quatrième mandat en Russie
Vladimir Poutine est au pouvoir en Russie depuis près de 18 ans, 2 fois en tant que chef du gouvernement (1999-2000 et 2008-2012) et 3 fois en tant que président de la fédération de Russie (2000, 2004 et 2012). De nouveau, il est le principal candidat à sa propre succession en mars 2018, puisque son premier opposant, Alexeï Navalny, est interdit de candidature à cause de condamnations, que le premier concerné conteste d’ailleurs. Il a cependant annoncé qu’il boycotterait, avec ses partisans, “un processus qu’il ne considère pas comme une vraie élection, où il n’y aura que Poutine et les candidats qu’il a sélectionnés.”
Dans ce contexte particulier, France Culture a mené un reportage à Moscou, dans lequel on découvre la résistance qui s’organise pour dénoncer la corruption des pouvoirs politiques et l’élection « à vie » de Poutine, ainsi que le culte de personnalité qui en découle, parfois même jusqu’en France où on ne compte plus ses adhérents. “Après les petites victoires, on gagnera petit à petit, dans 10 ans, ou 20 ans. Mais il faudra encore passer beaucoup de temps avant de pouvoir vivre comme les pays démocratiques d’Europe” témoigne une manifestante. Si le système démocratique européen laisse aussi à désirer, avec cette fâcheuse tendance à vendre la souveraineté populaire au nom du marché global, certains en oublieraient que l’herbe n’est pas pour autant plus verte ailleurs.
La corruption et le système de propagande médiatique mis en place par Vladimir Poutine pour assurer son seul pouvoir – son mandat est le plus long après celui de Staline – poussent le peuple à se désintéresser de la politique. Compte tenu de la répression violente lors des manifestations, la population se détournent de plus en plus des questions électorales, et le taux de participation chute à une vitesse folle. Selon les statistiques, on attend à peine 28% de taux de participation aux prochaines élections pour l’ensemble de la Russie. Alors qu’une importante partie de la population “ne croit plus en rien”, Poutine devra répondre aux importants problèmes économiques que connaît la Russie actuellement, dû en partie à la dévalorisation du pétrole, pour conserver son statut de garant de la stabilité. Mais les esprits restent peu convaincus, dès lors que lorsque les services publics (hôpitaux, écoles,…) manquent cruellement de fonds là aussi, le président préfère consacrer les efforts budgétaires principalement à l’armement… De quoi créer un climat de guerre dont on se passerait bien.
Enfin, la Russie sera également au cœur des débats cet été, lors de la Coupe du Monde de Football 2018. En effet, suite aux scandales des nouvelles lois anti-LGBT promulguées dernièrement et aux propos tenus par Vladimir Poutine lors des JO de Sotchi, on peut s’attendre à des mouvements politiques et citoyens pour faire entendre leurs contestations et revendiquer les droits fondamentaux de la communauté LGBT, bafoués en Russie.
L’Europe en pleine crise
Le Brexit, les élections populistes en Italie, les tensions autour de l’indépendance de la Catalogne en Espagne… L’Europe donnera à nouveau lieu à de nombreux débats cette année. En Espagne, les indépendantistes ont remporté les élections de ces dernières semaines, cependant l’autonomie de la Catalogne est toujours en suspend. Ce que l’on retient surtout, ce sont les effroyables violences policières qui ont eu lieu cette année lors des manifestations durant le Référendum pour l’indépendance de la Catalogne.
Côté Italie, on élira également cette année les nouveaux députés et sénateurs durant les élections générales. Le mouvement actuellement en tête des sondages, le mouvement “5 étoiles”, est un parti populiste et ouvertement anti-européen. L’Union Européenne, et surtout son système, basé sur l’alliance économique Franco-Allemande, est de plus en plus contesté par de nombreux états et partis, dont certains en France. C’est dans cette même veine de contestation de l’Europe que les enjeux du “Brexit” vont se jouer en 2018, au cours des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne sur les modalités de sortie. Principaux points d’accroche, les nombreuses questions financières, mais aussi les aspects géopolitiques face à “la montée en puissance de la Chine sur l’échiquier géopolitique mondial” selon l’ancien premier ministre britannique. Néanmoins, l’actuelle première ministre, Theresa May, semble elle pleine de confiance et a déclaré lors de ses voeux du Nouvel An “Je crois que 2018 peut être une année de confiance et de fierté renouvelées pour notre pays”.
Enfin, l’Europe est toujours au cœur du débat sur l’immigration. Cette dernière année aura tristement suivie les précédentes dans l’augmentation et le durcissement des mesures anti-migratoires. La France a dernièrement renforcé le bouclage de sa frontière avec l’Italie et multiplie les interpellations de citoyens solidaires, dont une dizaine d’entre eux ont eu un procès l’année passée pour “délit de solidarité”, un nom qui ne laisse aucun doute sur la nature de notre société d’aujourd’hui. Ainsi, Migreurop a constaté que, en 15 ans, plus de 11 milliards d’euros auront été dépensés par les différents Etats de l’UE dans différents accords et réformes pour éloigner, bloquer et renvoyer les étrangers. Honteusement, le nombre de morts sur les chemins de l’exil ne cesse, lui, d’augmenter, ayant atteint l’effroyable nombre de 18 500 décès sur les “sentiers de l’espoir” depuis 3 ans (chiffres selon l’Organisation internationale pour les migrations).
Le sort de la biosphère planétaire toujours incertain en 2018…
Alors que la sixième extinction de masse est toujours en route, le réveil citoyen se heurte de plein fouet aux folies des lobbyistes. Nouveaux forages pétroliers en Arctique, déforestations illégales et destructrices, disparition des abeilles, pollution des océans… L’heure est très grave, et les gouvernements occidentaux semblent ne pas s’en inquiéter davantage. Encore une fois, ce sera l’union citoyenne et l’opposition des plus nombreux contre le camp des plus “puissants” et leurs intérêts économiques qui pourrait marquer les débats.
Cependant, quelques bonnes nouvelles viennent redonner espoir et courage pour cette année. En effet, la Chine a enfin interdit le commerce de l’Ivoire sur son territoire. En tant que première destination mondiale pour le commerce de l’ivoire des éléphants d’Afrique, cette prise de position est un véritable pas de plus en avant pour la protection des pachydermes. En outre, la Chine vient également de mettre en place une nouvelle taxe écologique contre les entreprises et les institutions, qui devront payer pour leurs émissions polluantes dans l’air, l’eau et le sol. Néanmoins la Chine reste le premier émetteur de gaz à effet de serre et le premier consommateur de charbon de la planète. C’est là tout un système de fonctionnement et de dépendance dont il faut se défaire, et 2018 sera le berceau de nombreuses nouvelles batailles pour la préservation de l’environnement.
En outre, la question des droits des animaux est relancée cette année. Tandis que l’Irlande vient de s’inscrire aux côtés des pays interdisant les animaux sauvages dans les cirques, la France remet sur le tapis plusieurs débats qui ont agité 2017, notamment la reconnaissance d’une véritable personnalité juridique pour les animaux, mais aussi la lutte pour l’interdiction de la chasse à courre, pratique barbare et effroyable qui a choqué et indigné plus d’une personne lors de cet épisode où un cerf, traumatisé, a été abattu lâchement par des chasseurs dans le jardin privé d’une maison. Ra pellons enfin que la loi sur la biodiversité prévoit une interdiction des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018.
Enfin, beaucoup d’autres sujets mériteront toute notre attention en 2018. Les réformes libérales vont se succéder et les grands accords internationaux (CETA) vont exposer les premiers effets de leur mise en application. Car il n’y a pas des gentils d’un coté contre des méchants de l’autre, mais une foule d’intérêts économico-politiques que se partagent les puissants, il faudra, une fois de plus, résister aux désinformations politiques et aux mensonges d’où qu’ils viennent afin d’approcher une vision du monde tout en nuances de gris.
Moro
Sources : France Culture / Le Monde / Mr Mondialisation
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