Les conflits et les crises ne cessent de se multiplier. Pourtant, notre modèle de société continue de reposer en grande partie sur la mondialisation. En agissant ainsi, la France reste extrêmement vulnérable face à de potentiels évènements aussi bien sur les plans sanitaire, énergétique, industriel, géopolitique qu’alimentaire.

Ce constat est d’autant plus alarmant que la probabilité que nous connaissions de nouveaux troubles prochainement est très élevée. Entre le désastre environnemental en cours, les futures pandémies à venir, et les menaces de guerre, les risques ne manquent pas. Voici cinq secteurs stratégiques qui pourraient nous affaiblir.

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#1 – L’industrie

Sur l’hexagone, l’industrie est bien évidemment l’une des premières victimes de la mondialisation. Le domaine a, en effet, été massacré par les délocalisations massives afin de toujours plus réduire les coûts de production pour les grands patrons.

Entamé dans les années 70 à la suite du choc pétrolier, le phénomène a décimé des bassins entiers d’emploi au cours des années 80. Rien que sur cette décennie, la sphère industrielle a été amputée de 25 % de ses salariés en France. Accélérée par le progrès technique, l’Union européenne et son élargissement, puis la crise de 2008, la désindustrialisation n’aura jamais cessé jusqu’à aujourd’hui. Depuis 1974, on a ainsi perdu pas moins de 2,5 millions de postes dans le secteur, passant de 22,3 % à 11,2 % du PIB.

Au-delà de la question du chômage qui est directement lié à ce domaine, c’est surtout notre aptitude à fabriquer ce dont nous avons réellement besoin qui est en jeu. En délocalisant à tout va à l’étranger, nous sommes devenus incapables de confectionner la plupart des objets dont nous nous servons tous les jours. On l’a d’ailleurs constaté lors de la crise du covid-19 avec les pénuries de masques ou de blouses.

Ramener notre industrie en France, c’est également remettre la main sur les conditions de production de ce que nous consommons. On pourrait ainsi veiller à ce que des normes sociales et environnementales soient rigoureusement appliquées.

#2 – L’énergie

La gestion de l’énergie est sans aucun doute l’un des défis les plus importants qui se présentent devant nous pour l’avenir. Qu’il s’agisse des énergies fossiles ou des minerais nécessaires à la mise en œuvre du nucléaire ou des énergies renouvelables, il existe peu de matière première présente sur le territoire français.

Avant de s’écharper sur des débats sur la manière la plus propre et la plus soutenable de procéder, il faut en priorité s’interroger sur notre consommation. C’est en effet par la sobriété que nous aurons le plus de chances de garantir notre indépendance. Moins nos modes de vie seront gourmands et moins nous aurons à chercher des solutions.

C’est donc par une réduction drastique de notre utilisation que nous trouverons la clef de notre résilience. Mais il va aussi falloir penser à faire un meilleur usage de notre production, par exemple en limitant les pertes grâce à l’isolation massive des logements. C’est d’ailleurs ce que préconisait le scénario Negawatt, basé sur une énergie 100 % renouvelable.

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Nul besoin de préciser que des infrastructures énergétiques en bon état et indépendantes de l’importation sont absolument indispensables pour maintenir le pays à flot en cas de crise importante. Charge à nous d’identifier les moyens qui nécessitent le moins d’achats à l’étranger tout en respectant l’environnement.

#3 – L’alimentation

Dans un monde idéal et raisonnable, la France produirait la quasi-intégralité de la nourriture nécessaire à son peuple. L’importation n’aurait finalement de sens que pour des aliments dont la fabrication est inadaptée à nos contrées. À l’heure du désastre climatique, ces importations devraient même faire figure de très rares exceptions.

Pourtant, on est très loin de ce constat. En effet, à l’heure actuelle près de 50 % de ce qui est mangé par les Français vient de l’extérieur du territoire. Depuis 20 ans, ces transactions ont d’ailleurs bondi de 87 %. Un fruit ou légume sur deux consommés dans notre pays a également poussé à l’étranger. Paradoxalement, la France exporte un quart des aliments qu’elle produit : elle est la troisième dans ce domaine en Europe. Il apparaît pourtant absurde de vendre de la nourriture alors même que l’on n’arrive pas à sustenter soi-même sa population.

Le problème réside sans aucun doute dans le manque de diversité de notre paysannerie (même si elle reste bien meilleure que celle d’autres États). Pour être autonome, il faudrait indubitablement manger moins de mets carnés. 40 % de nos terres arables sont en effet utilisées pour la production animale. Selon l’ADEME, un gros amateur de viande (170 g par jour) mobiliserait 4,6 fois plus de surface agricole qu’un végétalien.

Évidemment, il serait sans doute aussi nécessaire d’avoir une consommation beaucoup plus en adéquation avec les saisons et soutenable sous nos latitudes. Enfin, c’est également le métier de fermier qui devrait être repensé et revalorisé. D’ici 2026, la moitié de nos paysans actuels seront en âge de partir en retraite. Il est donc indispensable de rendre la profession à nouveau attractive par des rémunérations et des conditions de travail correctes.

#4 – La santé

La pandémie de covid-19 a eu le mérite de mettre en lumière notre extrême faiblesse en matière de santé. Bien évidemment, on peut en premier lieu souligner nos manques de moyens humains et matériels. On peut imputer ces problèmes aux absences d’investissement de nos gouvernements successifs, uniquement animés par l’idée de faire des économies. Mais on peut également pointer du doigt notre manque de résilience. Comme nous ne formons plus assez de professionnels, nous sommes d’abord contraints de faire venir des soignants depuis l’étranger, en particulier en milieu rural. 12 % des médecins de l’hexagone ont ainsi étudié hors de France.

Directement liée à la désindustrialisation, l’absence d’indépendance dans le domaine sanitaire touche pareillement la recherche ainsi que la production de matériel et de médicaments. On a, de cette façon, récemment pu observer des pénuries de produits pharmaceutiques à cause de la délocalisation massive des usines françaises. On a également pu constater le manque d’équipements médicaux qui ne sont pas toujours fabriqués dans notre pays. Dans un secteur aussi crucial que la santé, il est pourtant nécessaire que la France manufacture elle-même ses propres marchandises indispensables à une médecine efficace. Pour ce faire, il faudra sans doute songer à nationaliser une partie des laboratoires pour éviter qu’ils ne fassent passer le profit avant le bien commun.

#5 – La géopolitique

On a pu le constater régulièrement, la France prend beaucoup de ses décisions internationales en fonction de l’opinion des États-Unis. Véritable vassal de l’oncle Sam, l’hexagone a fréquemment manqué d’indépendance en rejoignant les positions impérialistes américaines.

C’est par exemple souvent le cas à l’occasion de tentatives de coups d’État ou de déstabilisation des gouvernements socialistes en Amérique latine. On se souvient récemment que, dans le sillage étasunien, la France avait reconnu Juan Guaido comme président du Venezuela alors que celui-ci n’avait été élu par personne et a fini par se ridiculiser.

En agissant de cette manière, la France perd finalement sa crédibilité sur la scène internationale, en particulier auprès des pays qui ne sont pas alignés sur les USA. Elle gagnerait sans doute à faire ses choix en fonction de la situation et non pour flatter Washington.

Une orientation qui nécessiterait certainement de quitter l’OTAN, alliance militaire qui risque au demeurant de nous entraîner dans une nouvelle guerre impérialiste. En restant indépendants, nous pourrions ainsi prendre les décisions les plus avisées pour le bénéfice des Français. Mais il est vrai que nous sommes beaucoup plus habitués à ce que nos dirigeants défendent surtout les intérêts de l’oligarchie avant ceux du peuple.

– Simon Verdière


Photo de couverture de Mick Haupt sur Unsplash. À Orlando en Floride. États-Unis. M

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