Il se prénomme Nasir Sobhani, il a 26 ans et son parcours risque de vous inspirer. Plongé très jeune dans une profonde addiction aux drogues, il va réussir à s’en libérer à force d’efforts pour investir aujourd’hui son temps libre à l’aide aux sans-abris d’une manière assez originale.
Grand gaillard tatoué de la tête au pied, Nasir Sobhani est un jeune coiffeur qui risque de vous faire perdre vos derniers préjugés (si tant est que vous en ayez) ! Après avoir terminé avec succès un programme pour soigner ses addictions, il s’est offert une nouvelle vie au service des nécessiteux de sa région. Quand il ne travaille pas au salon de coiffure, il se rend dans les rues de Melbourne (Australie) pour offrir gratuitement la coupe aux plus démunis si bien qu’il se fait désormais connaître sous le nom du Barbier des Rues (The Streets Barber).
Son skateboard sous le bras et son kit de barbier en main, il arpente les rues, non sans style, à la recherche de ceux qui ont besoin d’une nouvelle fraicheur sans avoir les moyens de se la payer. Il nomme son initiative « Clean Cut, Clean Start » pour « coupe propre pour un départ propre » dans la vie. Car son but avec cette approche, qui peu sembler bien désuète face à la misère, c’est de redonner de la confiance en soi. En effet, il suffit d’observer les photographies de son travail pour comprendre comment les transformations qu’il opère peuvent changer les personnes et leur donner une chance de rebondir dans la vie ou de se créer de nouveaux contacts sociaux.
« Ils ont besoin de contacts humains » exprime le jeune homme dans un reportage à son sujet (voir ci-dessus). En effet, Sobhani prend son rôle social très à cœur et profite de cet instant de travail pour prendre le temps de parler avec ses clients. Il leur explique l’histoire de son addiction avant de leur demander comment ils ont terminé dans la rue. Un moment intime et sincère qui vaut autant que la coupe elle-même. « Ils ont besoin de certains déclencheurs pour les aider à s’engager dans une relation plus intime avec ceux qui veulent prend soin d’eux. » explique-t-il.
Beaucoup de sans-abris portent avec eux un lourd sentiment de honte. Quand il était encore sous l’influence de la drogue, au plus bas, Sobhani se souvient de ce sentiment de honte . « Je ne pouvais même pas me regarder dans le miroir sans pleurer car j’étais dégouté de qui j’étais. Et j’ai retrouvé ça chez un grand nombre de mes clients. Ils se sentent tellement honteux de qui ils sont. » Donner une « simple » coupe de cheveux à ces personnes en difficulté est sa manière de les encourager à retrouver, s’ils le souhaitent vraiment, un autre chemin de vie et à laisser les démons du passé derrière eux pour se tourner vers l’avenir.
Une histoire qui nous rappelle que chacun peut contribuer à son niveau à la construction d’un monde plus serein, sans négliger les rapports de force avec les institutions dont certains sont à l’origine de vies détruites.
Source : mymodernmet.com / Photographies : Scott Bradshaw via PLGRM
