Un restaurateur offre des repas aux soignants et pompiers de Nice

    Depuis le début du confinement, on assiste à une réelle vague de solidarité à travers toute la France. Confection de masques en tissus ou dons de repas au personnel médical, chacun souhaite, à sa façon, remercier “nos héros du quotidien” qui travaillent sans relâche pour combattre ce virus très meurtrier qu’est le COVID-19. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, à Nice, Kader Djabri, gérant du restaurant libanais Le Socrate, a fait le choix d’exprimer, lui aussi, sa gratitude envers tout ce petit monde en leur offrant, du 16 mars au 10 avril, des repas gratuits aux parfums du Liban.

    “J’ai imaginé cette démarche à partir d’un témoignage dans le Parisien qui m’a beaucoup touché. C’était un professeur en réanimation qui travaillait plus de 12 heures par jour et qui se plaignait de ne pas pouvoir se restaurer.” Un simple témoignage en apparence, qui hante pourtant les pensées de Kader Djabri. Si d’autres à travers la France le font, alors pourquoi pas lui ? Après réflexion, le gérant du restaurant niçois Le Socrate, décide de se lancer dans cette aventure solidaire. “J’avais beaucoup de marchandise en stock, de la marchandise périssable donc je me suis dit qu’au lieu de jeter je ferai mieux de donner.”

    De l’hôpital l’Archet, à la clinique du Parc Impérial en passant par les ambulanciers, les policiers, les sapeurs pompiers, les laboratoires et même les EHPAD, Kader Djabri n’a oublié personne dans sa distribution solidaire de repas libanais. © Kader Djabri

    Une partie de ces aliments est donnée à des associations humanitaires de la ville. Le reste, lui, est cuisiné par Kader et son équipe et mis en boîte pour être, par la suite, distribué dans les hôpitaux auprès du personnel soignant, aux policiers et aux pompiers. “Nous voulions vraiment remercier toutes ces petites mains qui font que la vie ne s’est pas arrêté, qui travaillent pour notre sécurité et pour le bien être de la France aussi. Pour moi dans la situation actuelle ce sont nos héros du quotidien, les pompiers ils sont en première ligne, il ne faut pas les oublier. On pense souvent au personnel soignant. Il y a certes des ambulanciers mais il y a aussi tout de suite des sapeurs pompiers. Ils sont là, ils travaillent des fois comme il y a un manque de moyens ce sont eux qui prennent en charge les patients atteints du COVID 19. Ils prennent des risques pour nous. ”

    Un geste solidaire qui donne du courage aux personnels soignants niçois

    Chaque matin, même rituel. Le chef de cuisine s’affaire à la préparation des plateaux repas pour le déjeuner et Kader, lui, s’occupe d’emballer toute la nourriture et de la préparer pour le transport. “ La cuisine libanaise c’est beaucoup de préparation. Il fait que ça soit fait jour par jour.” Seul dans un premier temps dans sa démarche, le gérant a rapidement été rejoint par des ambulanciers du SAMU qui lui prêtent main forte dans l’acheminement des repas jusqu’aux différents hôpitaux de la ville. A 10 heures Kader Djabri reçoit chaque jour le même appel. Celui de ses “contacts” ou encore “intermédiaires”, comme il aime les appeler, dans chaque hôpital qui lui font part des besoins de chacun. “ On nous disait “Voilà on aurait besoin de 20 plateaux au service réanimation.” Donc nous on préparait les plateaux. C’était souvent moi ou mes amis qui les acheminions. ”

    En moyenne, ce ne sont pas moins de 70 repas qui sont livrés chaque jour à travers toute la métropole niçoise pour le déjeuner, soit près de 800 repas au total. Ce rituel aura duré près d’un mois, du 16 mars au 10 avril. Aujourd’hui, le gérant ne peut plus poursuivre, pour des raisons essentiellement financières. “Vous imaginez bien que nous n’avions plus de plateaux, plus de matières premières parce que nous on ramène tout du Liban [les épices, le fromage et autres] et on ne peut plus se faire livrer dans les conditions actuelles. Et puis, il ne faut pas se mentir non plus, tout ça a un coût, c’est que de l’offert. Il n’y a pas d’argent qui rentre.” Si Kader Djabri a un petit pincement en coeur en évoquant la fin de cette “aventure solidaire” il n’en retiendra que du positif. “Moi j’ai eu l’honneur d’aller à la rencontre de ces gens formidables et courageux quand j’ai acheminé les plateaux repas. Cette livraison de repas bénévole se termine mais on l’a fait vraiment de bon cœur. On l’a fait pour leur dire merci à notre façon.”

    Analena Dazinieras


    Nos travaux sont gratuits et indépendants grâce à vous. Afin de perpétuer ce travail, soutenez-nous aujourd’hui par un simple thé ?

    - Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
    Donation