Afrique du Sud. Andre Laubscher a réinvesti depuis 20 ans d’anciens bâtiments utilisés par la passé à des fins militaires et transformé cet espace en un lieu d’accueil pour enfants et adultes sans protection. Organisés en véritable communauté, les résidents participent au développement d’un potager en permaculture qui se situe à proximité, les jardins urbains Tyisa Nabanye. Malgré le caractère social et positif du projet, les résidents sont menacés d’expulsions en raison de la volonté du gouvernement de récupérer les terres qu’ils ont élu pour domicile.

Partout dans le monde, les citoyens faisant émerger des initiatives alternatives, fondées sur des valeurs nouvelles et en contradiction avec le modèle individualiste sont confrontés aux mêmes problèmes. Les projets de réappropriation de l’espace se voient limités, rejetés par les autorités ou détruits par des politiques qui privilégient une approche purement économique et de marchandisation de l’espace disponible. Depuis quelques années, une petite communauté installée sur les hauteurs de Cape Town lutte pour la préservation d’un lieu hors du commun, à la fois ferme urbaine et lieux d’accueil pour des personnes en situation de précarité. Grâce à la diffusion d’une pétition et la médiatisation de cette affaire, il se pourrait que leur combat soit écouté.

Un projet qui valorise la communauté locale

Ce lieu insolite s’est développé depuis une vingtaine d’année à l’initiative d’Andre Laubschner, qui découvre par hasard les bâtiments d’une ancienne base militaire pendant une mission qu’il accomplit pour son employeur. Immédiatement attiré de manière irrésistible par les charmes de ces ruines abandonnées sur lesquelles la nature a repris ses droits, il propose en 1994 à l’administration locale d’emménager en tant que gardien. Préoccupé à rendre l’espace habitable, il commence peu à peu à accueillir des enfants abandonnés par leurs parents avec l’acceptation des autorités. C’est de cette manière que se forme peu à peu une nouvelle communauté.

Erf 81 – du nom de l’ancienne base militaire – est rapidement devenu un lieu dans lequel des enfants et des adultes menacés de pauvreté et de précarité peuvent trouver un refuge et un nouveau toit ainsi que des personnes prêtes à les aider. Le lieu a été enrichi par l’intégration d’un projet d’agriculture urbaine, Tyisa Nabanye. Les aliments produits servent de nourriture aux résidents et sont vendus aux habitants de Cape Town. Erf 81 et Tysia Nabanye offrent la possibilité de s’investir dans un projet local, de se former à l’agriculture biologique tout en sortant de la précarité. Ces initiatives répondent à des besoins locaux en termes sociaux et économiques, puisqu’ils permettent à la fois de venir en aide à des personnes en situation d’exclusion, tout en proposant une solution à un problème bien réel, celui de l’approvisionnement local des villes en nourriture.

Une communauté en lutte pour préserver cet espace unique

Depuis quelques années, le gouvernement tente de récupérer ces terres qui appartiennent au domaine public. À la place d’Erf 81 et de Tysia Nabanye, le gouvernement souhaite mettre en place des projets à caractère touristique ou marchand. En 2011, la justice a donné raison à l’administration qui a donc prononcé une injonction aux résidents d’Erf 81 de quitter les lieux avant que celui-ci ne soit rasé. Depuis, un bras de fer divise une partie de la population locale et l’autorité publique. En principe, les habitants avaient été astreints à quitter les lieux avant la fin du mois d’août 2016. Cependant, la mobilisation de la communauté a permis jusqu’à présent de freiner la décision des autorités.

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La résistance porte ses fruits pour le moment, mais les résidents d’Erf 81 s’interrogent : pour combien de temps encore et où iront-il ensuite ? Quid de leur jardin dont dépendent les locaux ? Le risque d’éviction reste en effet sérieux. Or cet endroit n’est pas juste une maison, qui pourrait simplement être remplacée par une autre. C’est un lieu autogéré qui fonctionne selon les valeurs du partage de l’entraide et de la gratuité. Une expérimentation collective rare par sa fonctionnalité et sa réussite. Ici, s’est développé une petite communauté locale qui a su mettre en place une économie alternative et sociale. Des terres ont été restaurées et des richesses créées en dehors de la sphère purement économique du marché. L’expérience est ainsi devenue le symbole d’un combat pour l’émancipation des peuples dans les marges de la société. À ce jour, tout le monde ignore ce qu’il adviendra d’eux.


Sources : co.za / capetownmagazine.com / Pétition pour soutenir la communauté / Toutes images à la discrétion de Marie-Laure roux

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