Aux Oiseaux de Passage, à Troyes, on fait émerger une autre économie, à la fois locale et résiliente. Ici, un restaurant met à disposition ses locaux à une association, dont l’objet est de promouvoir la culture et le débat citoyen. Un modèle de fonctionnement particulier, qui, outre ses aspects solidaires, entend faire la part belle à la culture, en toute convivialité. Nous avons échangé avec Jill, l’une des fondatrices du projet.

Aux Oiseaux de Passage est un lieu hors du commun. À l’étage du bâtiment, des chambres acquises par cinq personnes organisées sous forme de SCI (société civile immobilière) et louées à ceux qui sont impliqués dans le projet. Au rez-de-chaussée un restaurant, également locataire de la SCI. Au sous-sol, l’association KALATOU, consacrée à la culture. Quatre trentenaires, Fab, Mamath, Fanny et Jill sont à l’origine du projet. Tous partageaient lors de leur rencontre l’ « envie de créer un lieu collectif ».

Une SCI, un restaurant, une association

La particularité de ce projet c’est d’articuler plusieurs dimensions toutes complémentaires : chaque partie du bâtiment a trouvé une utilité spécifique. Ainsi, les chambres à l’étage sont louées à des locataires investis dans le projet global. Le restaurant non-associatif, fondé il y a 3 ans et demi, dispose de cinq salariés, principalement des cuisiniers. Enfin, KALATOU, une association culturelle créée sous forme de bureau collégial par huit personnes, donne une dimension engagée au projet. Dès sa création KALATOU réunissait dix adhérents actifs. L’association loue l’espace du sous-sol à prix libre auprès de la SCI.

La résilience est au cœur de la démarche. « L’idée de Kalatou, c’est d’être autant que possible indépendant financièrement et de favoriser le prix libre », précise Jill. C’est ainsi qu’un modèle économique tout particulier a émergé : « … en toute légalité, le restaurant continue de mettre à disposition son lieu à l’association, et à terme nous voudrions que les dividendes dégagés soient versés à l’action socio-culturelle du lieu. »

Le financement du projet n’a pas été des plus simples. Le crédit coopératif a refusé d’octroyer un prêt pour soutenir la mise en place du restaurant, « sous prétexte qu’ils ne finançaient pas de projets immobiliers ». C’est vers la Banque Populaire que se sont finalement tournés les porteurs du projet. « C’est un plan de financement complexe qui a eu du mal à être entendu par les premiers interlocuteurs que nous avons eu », regrette Jill.

Marco et Minouche, deux des cuisiniers. Crédits photo : Aux oiseaux de passage

Cuisine locale, culture et solidarité

Les repas proposés dans le restaurant se veulent variés : « Aujourd’hui nous avons une carte qui change constamment et qui propose chaque jour un plat du jour, un poisson, une viande  et un plat végétarien ». Par ailleurs, précise Jill, « nous sommes en mesure de répondre au sans gluten et sans lactose ( sur demande ) ». Bien évidemment, les enjeux environnementaux sont au cœur. Ainsi, dans la cuisine, on privilégie les produits locaux. « Notre politique de prix ne nous permet pas de tout appliquer en bio pour l’instant » explique Jill. En effet, en accord avec les principes fondateurs du projet, « nous voulons que le restaurant soit accessible au plus grand nombre ».

KALATOU « organise […] des ateliers pour enfants, des cantines à prix libre, des débats, des veillée culturelles à l’occasion desquelles la programmation est entre les mains d’un artiste, et un dimanche par mois, c’est le Bistrots de marmots : des rencontres parents enfants sur l’éducation bienveillante ». La complémentarité des personnes impliquées est importante : pour la bonne marche de l’association on se partage tâches administratives et organisation des ateliers. Ici, on veut non seulement remettre la culture au centre, mais également rapprocher les citoyen.nne.s de tout âge les uns des autres afin de faire naître des discussions constructives et encourager le partage de savoirs, dans un objectif d’enrichissement collectif.

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Dans l’esprit du lieu, l’établissement organise chaque année un mini-festival sur deux jours avec des ateliers en tous genres, des stands de producteurs, de la musique et du spectacle vivant. Cette année le Fest’NidVal, pour lequel une campagne de financement participatif est en cours, aura lieu le samedi 20 et dimanche 21 mai.

Crédit photo : Aux oiseaux de passage

Sources : auxoiseauxdepassage.com / Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation

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