Le Collectif « Liège Sans Pub » dénonce l’omniprésence des annonceurs privés dans les rues d’une manière proactive. Pour faire naître un débat public sur la question et mettre un terme au partenariat qui lie la Ville de Liège à JCDecaux, le collectif multiplie les actions de terrain. Robin et Roger, tous deux membres, ont bien voulu nous expliquer les raisons de leur démarche à l’occasion de la Saint-Valentin.

Quelques jours avant la Saint-Valentin, les habitants de Liège ont pu se lever en faisant une curieuse découverte sous leurs fenêtres : de nombreux panneaux publicitaires de la ville étaient recouverts du même slogan « Faites l’amour, pas les magasins ». En plein centre ville, ce nouvel affichage n’est pas passé inaperçu.

Photo : Liège Sans Pub

La publicité est « une absurdité rétrograde »

Ce sont les membres de « Liège Sans Pub », accompagnés du collectif La MARRE (Mouvement Antipub de Réappropriation Réfléchie de l’Environnement) qui sont à l’origine de la démarche. L’idée est de « dénoncer la récupération consumériste de la fête de l’amour par la publicité au travers d’une action directe et ludique« . La pose des slogans, qui a été menée tout en évitant des dégradations qui pourraient engendrer des poursuites, est une réussite, se félicitent les membres de Liège Sans Pub. Ceux-ci nous indiquent que « de nombreux passants prennent les affiches en photo et les partagent sur les réseaux sociaux ». Par ailleurs, leur message suscite l’intérêt : « Dans nos discussions avec des passants, on observe que nos revendications sont généralement bien reçues, et on a souvent des réactions enthousiastes à notre démarche », ajoutent-ils. Les mentalités évolueraient-elles ?

Derrière cette action bien organisée, se cache une critique acerbe de la publicité et du monde de la consommation en général. Néfaste pour « l’environnement » parce qu’elle « [promeut] les modes de consommation les moins durables », elle a des effets négatifs « sur la santé tant physique que mentale », et « tend à véhiculer des stéréotypes sexistes et une image dégradante de la femme » précise l’équipe. Par ailleurs, insistent nos interlocuteurs, la publicité détruit l’espace public, « encombre et enlaidit la ville » : « le mobilier urbain n’est pas pensé pour le confort des usagers mais pour la visibilité des annonces publicitaires » regrettent-ils. De manière générale, l’omniprésence de la publicité dans notre environnement direct nous place en position de consommateur, et non de citoyen.

Photo : Liège Sans Pub

« Nous voulons susciter un débat sur la place de la publicité dans l’espace public« 

En ville, la publicité est quasiment omniprésente : les passants ne peuvent que difficilement soustraire leurs regards des panneaux colorés et agressifs. La publicité pose ainsi un problème démocratique, martèlent Robin et Roger : « un annonceur privé peut imposer son message à la population de manière unilatérale, sans qu’il soit possible pour les citoyen·ne·s de répondre à ce message, ni même de choisir de le recevoir ou non ». Pourtant, la présence de la publicité dans l’espace public ne fait que rarement – voire jamais – l’objet de débats, ce qui contribue à la normaliser. Pour beaucoup, elle fait simplement partie du paysage.

Sous peu, le contrat de mobilier urbain qui lie la Ville de Liège à l’entreprise JCDecaux prendra fin. Le collectif veut saisir cette opportunité pour faire émerger un débat public à propos de la présence de la publicité en ville. En effet, si le contrat était amené à être renouvelé, la Ville serait engagée pour une durée de 15 ans, jusqu’en 2032. Par ailleurs, les membres craignent de voir prochainement se multiplier les écrans numériques publicitaires, comme dans certains pays asiatiques, ce qui serait une source supplémentaire de pollution visuelle et de gaspillage énergétique. Dans ce contexte, leur objectif est « que la Ville se saisisse de l’opportunité que constitue la fin de l’actuel contrat pour s’affranchir de la publicité dans [les] rues liégoises ». Au travers d’un manifeste, ils espèrent sensibiliser la population et récolter suffisamment de signatures pour que les représentants politiques se saisissent de la question. Les actions de « Liège Sans Pub », elles, sont à découvrir sur Facebook.

Photo : Liège sans Pub
Photo : Liège Sans Pub

Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation.

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