Voilà une idée des plus étonnantes : manger E.T. à la broche ! Imaginé par le Suédois Terje Östling et le bureau de design Unsworn Industries, cette réplique comestible de l’extraterrestre de Steven Spielberg donne à réfléchir sur nos pratiques alimentaires et notre rapport aux espèces non-humaines… autour du traditionnel et convivial barbecue.

Fabriqué à partir de céréales et reproduisant aux dimensions originales l’enfant !extraterrestre du film éponyme de Steven Spielberg, Eating E.T. a été présenté au public pour la première fois en 2014, à l’occasion du symposium Exploring the Animal Turn, qui avait lieu à Lund (Suède). L’idée est de donner à penser nos choix alimentaires et à nous interroger sur les fondements du spécisme, cette conception communément admise que l’homo sapiens serait de facto une espèce supérieure et que les autres espèces lui seraient donc naturellement subordonnées. Par l’image choc d’un E.T. transformé en vulgaire steack, Terje nous interroge aussi sur le rapport affectif que l’on entretient à l’égard des autres espèces, de leur souffrance et de leur caractère comestible ou pas.

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Ainsi, si l’idée de manger un extraterrestre semble totalement saugrenue, en dépit d’une différence d’origine biologique évidente, en quoi manger des espèces issues d’un même schéma d’évolution (en l’occurrence les mammifères) serait-il plus tolérable ? Autre exemple, l’idée qu’il existe des élevages industriels de chiens destinés à la consommation alimentaire n’est-elle pas choquante pour un Occidental ? alors que la pratique est commune dans le sud-est asiatique ?

Pourtant, dans une indifférence généralisée, la cruauté des traitements infligés aux porcs, vaches ou poules dans les élevages industriels, est tout à fait semblable. On comprend donc facilement comment nous avons intériorisé culturellement un certain rapport idéologique aux animaux de manière totalement arbitraire. Un construit social dépendant de notre imaginaire collectif en un temps déterminé, bien plus qu’un quelconque état de nature. Libéré du carcan traditionnel, le fait de manger un être conscient ou non devient un choix dans notre rapport au vivant.

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E.T. devient dans ce cadre une figure de l’Autre absolu et de l’amitié possible avec ce qui ne nous est pas semblable à nous-même (alien, d’ailleurs, souvent traduit « extraterrestre », signifie en fait « étranger » et partage la même racine avec le verbe « aliéner » ou le mot « aliénation »). En détournant le personnage de la fable spielbergienne, qui marque depuis près de 40 ans les petits et les grands, le projet Eating E.T. interroge : « Qu’est-ce que ça ferait de manger un extraterrestre ? Comment pouvons-nous chérir et pleurer certaines espèces non-humaines, tandis que nous acceptons le massacre industrialisé d’autres ? Comment pouvons-nous pourvoir aux besoins de mangeurs qui cherchent des substituts aux aspects rituel et sacrificiel du barbecue convivial à base de viande ? ». Ou comment reconsidérer le rapport de la civilisation aux espèces autour d’un barbecue !

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Intervention d’Aymeric Caron sur le spécisme


Sources : AlienBBQ.org / 2tout2rien.fr

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