Le graffeur Swampy, originaire d’Oakland en Californie, possède un style qui articule tag, street-art et art conceptuel. L’un de ses derniers projets est consacré à ses voyages alternatifs réalisés… en train de marchandises ! Les photographies saisissantes prises à cette occasion sont publiées dans un livre intitulé NBD.

C’est à l’âge de 18 ans que Swampy saute pour la première fois dans un train, profitant du passage de wagons sous un pont dans l’Oregon. Cette expérience initiatique lui a ouvert de nouvelles perspectives, tant il a apprécié ce moment. De manière générale, le style de vie de Swampy se caractérise par sa sobriété et sa simplicité : il vit dans un squat et ne cherche pas particulièrement à vendre ses œuvres, ce qui ne lui empêche pas de croquer la vie à pleine dent. À l’occasion de chacun de ses voyages en train, il laisse sur son passage un dessin en guise de signature.

Un graffeur à la signature particulière

Swampy est plutôt du genre discret. Il aime beaucoup travailler dans des lieux difficilement accessibles, maniant effet de surprise et modestie. Cette manière de concevoir son œuvre rend particulières les interactions avec son public, plus intimistes. Peut-être est-ce parce que l’artiste n’a jamais visité d’école d’art qu’il dispose d’une approche peu courante dans le milieu. Son côté « non-professionnel » et libre des carcans, il le revendique d’ailleurs : il affirme que de nombreuses pratiques et habitudes du monde de l’art lui sont inconnues, comme chez beaucoup d’auto-didactes. Dans le même temps, l’art contemporain lui permet justement de s’éloigner d’un monde très codifié et dont les tendances sont dictées par les galeries, et de prendre de la distance avec l’obligation de peindre sur la commande de clients pour survivre.

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L’un des signes distinctifs de Swampy, c’est sa fameuse tête de mort, dotée de deux cornes caractéristiques (ou plus). Cette figure a été développée il y a plusieurs années, alors que l’artiste lisait un livre sur la domestication des animaux et des humains dans différentes civilisations. Dans ce livre, il était affirmé que si un porc était remis à l’état sauvage, il pouvait retrouver certaines caractéristiques de son cousin le sanglier en l’espace d’une vie. La tête de mort représente cette même idée appliquée aux êtres humains : en effet, la possibilité que des êtres humains puissent vivre à nouveau à l’écart de la civilisation le préoccupe et le questionne.

Partager son amour du train

Swampy voyage d’un bout à l’autre du pays en train, et ce de manière gratuite et discrète à bord de trains de fret. L’un de ses projets les plus récents est consacré à cette forme du voyage alternatif : entre l’Alaska et Mexico, il a photographié son quotidien, dans l’objectif de rassembler des clichés représentatifs. Les photographies sont accompagnées de texte dans lesquels Swampy raconte son périple ainsi que des anecdotes. Il donne également la voix à deux de ses compagnons de voyage. Ce qui attire Swampy pour cette forme du voyage, c’est l’envie de se libérer des besoins matériels tels que le confort ou des restrictions qu’il aurait été obligé de s’imposer en raison de ses ressources limitées, tout en goutant à une liberté hors normes.

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Au fur et à mesure, Swampy s’est fait expert de ce genre de voyage et partage ses conseils : il connaît les meilleures astuces pour se faufiler dans les trains de marchandises sans rencontrer de problème. Selon lui, cette manière de voyager procure à la fois beaucoup d’adrénaline ainsi qu’un sentiment de liberté. C’est aussi une manière de s’assoir aussi concrètement que symboliquement sur la société de consommation. Cependant, il avoue avoir du mal à conseiller à d’autres à le suivre dans cette expérience : monter dans les trains de manière illégale reste dangereux.

Comme les autres voyageurs, Swampy laisse une marque dans les wagons dans lesquels il séjourne. Il explique que c’est une tradition que de laisser sa signature sur les murs et les portes  accompagnée de la destination ou de la direction du voyage. C’est d’ailleurs pour cette raison que son livre s’intitule NBD (northbound). Mais il ne faudrait pas tomber dans le cliché prévient l’artiste : voyager de cette manière n’est pas toujours synonyme de cheveux aux vents et de couchés de soleil idylliques. Les situations de stress sont fréquentes, et parfois on souffre de l’humidité, du froid ou encore de la promiscuité avec les autres voyageurs. Il n’en demeure pas moins que l’expérience est unique et marquera à jamais son existence.

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