Florian et Jessica sont deux jeunes diplômés qui ont de la suite dans les idées. Leur projet, c’est Osmose, une technique agricole non-conventionnelle qui consiste à produire des salades et des truites en symbiose et de manière écologique. Une approche qui n’a aujourd’hui rien d’étrange, c’est l’aquaponie.
Dans la nature, il existe une interconnexion entre toutes les espèces d’un même milieu. De la vie à la mort, nombreux sont les organismes qui ont des bienfaits à offrir à ceux qu’ils côtoient. Pourquoi ne pas s’inspirer de cette nature pour créer de nouvelles synergies dans le but de produire équitablement de la nourriture ? Cette symbiose entre des espèces aquatiques et végétales fut mise à profit par ce jeune couple d’Auvergnats amoureux des sciences. Leur projet du nom d’Osmose a pour objectif « d’allier l’élevage de poissons à la culture de légumes de manière originale et durable. »
Résurrection antique
Inspirée du fonctionnement des lacs, l’aquaponie est une technique utilisée depuis l’Antiquité mais abandonnée au profit des productions terrestres. Aujourd’hui, les problématiques du manque d’espace, d’accès à l’eau et d’environnement poussent chercheurs et entrepreneurs agricoles à reconsidérer d’anciennes techniques inspirées de la nature.
Les engrais chimiques sont totalement éliminés de ce système au profit d’un cycle biologique naturel. Les plantes quant à elles se nourrissent des résidus laissés par les truites. Aucun traitement n’est nécessaire. Le bilan est sans appel, en dehors de la production même de salades biologiques, le processus permet une économie d’eau de 95%. L’or bleu est en effet utilisé à outrance dans l’agriculture conventionnelle, ce qui pose un véritable problème dans plusieurs régions sèches du monde.
Un micro-écosystème
Ce mode de culture, écologique et responsable, va encore plus loin que la mise en présence de poissons avec des plantes. Tout comme dans un lac, s’y développe tout un écosystème aquatique. Les deux agriculteurs d’un nouveau genre observent que des insectes, des bactéries et des champignons protecteurs évoluent au sein du système. Cet équilibre permettrait d’éluder la vaccination, les antibiotiques et les produits phytosanitaires dont ils ne voulaient pas.
Sans utilisation d’intrant, le couple revendique produire des salades délicieuses et riches en vitamines qui peuvent satisfaire les amateurs de gastronomie. Les variétés sélectionnées le sont d’ailleurs pour leur goût, non pas pour leur capacité productive. En ce qui concerne les truites, elles sont élevées avec une densité bien inférieure à ce qui existe dans l’industrie. Cet espace leur donne toute la liberté de se développer dans des conditions satisfaisantes.
Pour appuyer ces dires, notons que des chercheurs de l’Université de Laval viennent de démontrer que les eaux usées des piscicultures peuvent stimuler la croissance des tomates, mais parviennent également à les protéger contre certains champignons pathogènes. Grâce aux déjections des poissons, la surface du feuillage, la biomasse des racines et la hauteur des plants de tomates ont augmenté respectivement de 31%, de 19% et de 6%. De quoi rassurer ceux qui cherchent également un rendement intéressant.
A vos marques ! Go !
Après trois ans de tests, Osmose vient de remporter une campagne de crowdfunding lancée sur Ulule. Le couple dispose désormais des fonds nécessaires pour mener à bien leur projet à plus large échelle. Leur prototype de quelques m2 peut déjà produire 50 salades par semaine. Qu’en sera-t-il d’une structure plus importante ? Pourrait-on coupler ce processus à une usine de type japonaise produisant 10 000 laitues par jour ?
On ne manquera pas de suivre l’évolution future d’Osmose en souhaitant le meilleur à ces jeunes éco-entrepreneurs.
Source : Ulule / lefil.ulaval.ca