Des centaines de substances, sans aucune utilité directe, sont employées dans l’industrie pour, soi-disant, « améliorer » notre quotidien et l’idée d’un prétendu confort. Or, leur usage quotidien et insidieux grignote inexorablement notre capital santé, générant une multitude de pathologies aux contours flous et au pronostic parfois fatal si rien n’est fait. Bienvenue dans le monde invisible des perturbateurs neuro-endocriniens…

Trois scientifiques venus d’horizons très différents cosignent la récente sortie d’un livre coup de poing sur les maladies émergentes liées aux perturbateurs neuro-endocriniens et leurs causes environnementales, préfacé par un chercheur enseignant et militant (de l’université de Montpellier), le Pr Charles Sultan : « Perturbateurs neuro-endocriniens et maladies émergentes » (aux Editions Dangles). Nous avons questionné ce groupe atypique de chercheurs pour mieux comprendre les enjeux de ce phénomène inquiétant. Et surtout savoir comment agir tout de suite, chacun à son niveau.

Peut-on médicalement valider le lien entre la croissance exponentielle des maladies dites « émergentes » et la dégradation de notre environnement ?

Pr Charles Sultan (Unité d’Endocrinologie Pédiatrique CHU Montpellier) : Depuis quelques années, l’augmentation singulière des maladies chroniques dans le monde, dénoncée d’ailleurs par l’OMS et d’autres organismes internationaux, interpelle à juste titre sur son lien de causalité avec la dégradation de l’environnement. Aujourd’hui, les perturbateurs endocriniens sont reconnus comme des acteurs de premier plan dans la physiopathologie des maladies endocriniennes, métaboliques, neurologiques, comportementales et respiratoires, …. Ce serait faire injure à l’avenir, aux générations futures, de surseoir aux décisions énergiques de suspendre rapidement cette pollution.

Comment ces pollutions nous atteignent-elles au point de menacer notre santé en permanence ?

Dr Alain Collomb (médecin, membre de l’association ASEP et de plusieurs ONG) : Ces substances poisons nous atteignent de tous côtés, dans l’air, l’eau, les aliments, les remèdes, les vêtements, etc. En sus, leurs actions se combinent à celles d’ondes électromagnétiques (téléphone, WiFi) dont, là aussi, on reconnaît désormais l’action insidieuse. On parle ici de ces centaines de substances que nous imposent les industries de l’agro-alimentaire, des textiles, des équipementiers automobiles, du design, de l’habitat, et combien d’autres ! Nous sommes littéralement cernés et englués dans ces « produits » sur-manufacturés sous prétexte d’«améliorer» un processus de fabrication, de conservation, ou bien nous apporter du goût ou du confort. Il s’agit de business pur. Comprenons bien que le danger ne réside pas précisément dans l’un d’entre eux, ni même dans leur combinaison (même si nous ne maîtrisons pas les conséquences de leurs interactions), mais dans l’addition quotidienne invisible de cette pollution. C’est la bio-accumulation.

Votre livre commun fut publié à l’heure de la COP21 qui plaçait dernièrement Paris et le monde écologique en ébullition. Est-ce un timing volontaire ?

Jean-Yves Gauchet (vétérinaire à Toulouse, rédacteur en chef de la Revue Effervesciences, fondateur d’un colloque annuel sur l’Eau) : Le calendrier n’a pas dépendu de nous (sourire), mais je reconnais qu’il est parfait. Synchronicité ? En tout cas, gardons bien à l’esprit l’impact extrêmement nocif sur nos santés des concentrations à hautes doses d’ETM, lesquelles passent par l’usage des combustibles fossiles. Soudain, par le biais des fumées de combustion, des substances nocives enterrées depuis des millénaires se retrouvent sous forme de microparticules en suspension, polluant l’air et les végétaux. On mange et on respire des poisons. On peut également voir resurgir des organismes vivants (bactéries, virus) «endormis», par exemple dans les glaces polaires, et revivifiés par le changement climatique. Quels effets auront-ils sur nous demain, après-demain ? La planète est malade, mais nous aussi car rien n’est dissocié. C’est tellement évident, pourtant on a l’impression dans nos métiers de devoir tout le temps enfoncer des portes béantes !!

Les lobbies ont leurs diktats. Cependant, chacun est seul comptable de sa vie. Alors, concrètement dans nos vies, que faire pour préserver nos santés et celles de nos proches ?

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Claude Lagarde (docteur en pharmacie, biologiste chercheur (créateur de micronutriments) et conférencier) : Notre santé est une équation fragile à trois inconnues, la génétique, le mode de vie, l’environnement. Nous pouvons donc agir directement sur deux de ces trois inconnues pour conserver ou recouvrer une santé optimale. Nous avons en effet le choix de notre mode de vie et de notre environnement. C’est un choix souverain ! Ce livre a été co-écrit avec l’objectif simultané d’en faire un outil informatif et fonctionnel. Nous espérons donner l’envie de reprendre nos responsabilités, d’agir maintenant, et quelques pistes efficaces et naturelles pour cela. Ne fermons plus les yeux sur ces menaces qui sont malheureusement bien réelles. A l’opposé, ne cédons pas non plus à cette paranoïa entretenue qui fait le bonheur de l’industrie chimique. Notre corps, en particulier nos cellules, possède une connaissance inaliénable de l’état de « bonne santé » et la capacité à la retrouver…


L’alarme sonne à l’horloge de la COP21 ! Et, pour achever de nous réveiller individuellement, voici un livre pédagogique et volontairement positif, à découvrir. Il invitera chacun à agir dans sa vie quotidienne pour éviter et limiter l’absorption de ces substances. Rien d’insurmontable. Si Paris vaut bien une COP, notre santé vaut bien quelques efforts.

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CHARLES SULTAN DAV_0507Pr Charles Sultan (Unité d’Endocrinologie Pédiatrique CHU Montpellier)


Source : editions-dangles.fr / Interview courriel le 06/12/2015

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