Partout dans le monde, des communautés se créent dans l’objectif de gagner en autonomie vis à vis du système industriel et du monde marchand. Armé de sa caméra, Romain, veut partir à leur rencontre, en Europe, en Asie et en Afrique, afin de mettre en lumière ces laboratoires qui expérimentent les futurs possibles et d’autres modes d’organisations en société. Le jeune homme souhaite ainsi documenter et sensibiliser à propos des communautés auto-suffisantes et des sociétés alternatives. « Y’a qu’à » !
Pour Romain, l’aventure a commencé le 20 avril dernier. Ce jour-là, il partait autour du monde à la rencontre des communautés qui ont fait le choix de l’autonomie, sa caméra au poing. Comment s’organisent-elles ? Quelles sont les méthodes et les outils qu’elles utilisent ? Quelles sont les relations entre les individus ? Est-ce seulement viable ? Pour répondre à ces questions que nous pouvons tous nous poser, chacune des étapes de son voyage sera marqué par la réalisation de plusieurs vidéos diffusées gratuitement sur les réseaux sociaux. Formé à l’Université de Montréal, le jeune homme originaire de Paris a commencé à s’intéresser à la question de l’autonomie après avoir choisi de se spécialiser dans l’innovation et l’entreprenariat social.
Des communautés en harmonie avec le monde
Sur le chemin tracé de Romain se trouve par exemple la communauté historique de Tamera, aujourd’hui composée d’environ 200 personnes. Alors que ses premiers membres s’étaient d’abord établis en Allemagne en 1978, ils ont ensuite fait le choix de se rendre au Portugal, à partir de 1995. L’objectif fut de créer un mode de vie social en accord avec l’environnement et qui respecte à la fois les êtres humains et la nature. Il s’agit également de cultiver la paix, localement et dans le monde. Des années après, le lieu accueille toujours régulièrement scientifiques et étudiants venus du monde entier afin de tirer des leçons de l’expérience. Romain se rendra également à Songhaï, un projet de développement de « ville rurale verte » avec « une agriculture intégrée », d’abord initié au Bénin, mais qui se développe aujourd’hui dans les pays limitrophes. En Inde, il souhaite nous faire découvrir « Proto village », une communauté locale construite « par les habitants, pour les habitants ».
En se rendant dans ces communautés, Romain espère déconstruire les clichés qui circulent à propos de ces expériences collectives. Bien souvent, les membres sont pointés comme animés par une volonté de marginalisation ou des idées jugées extrêmes par la « bonne société ». Les débats se finissent généralement en évoquant les représentants historiques du groupe comme des « gourous » ou des gens étranges, l’ensemble de l’organisation s’apparentant, par conséquent, aux sectes. Mais le monde réel n’est pas fait de la société marchande d’un coté et des sectes de l’autre… Entre ces extrêmes, des alternatives de société fonctionnent, aussi rares soient-elles. Au-delà de cette caricature facile, n’avons nous pas des choses à apprendre de ces expérimentations ? Contrairement à ce qui est souvent affirmé ou suggéré, les membres de ces communautés ne souhaitent pas se marginaliser, au contraire, ils espèrent que les modèles qu’ils « expérimentent puissent être appliqués ailleurs », donc servir d’exemple. Ces groupes sont généralement ouverts aux visiteurs, aux scientifiques ainsi qu’aux habitants qui veulent eux-mêmes lancer un projet similaire. Sans oublier internet et les réseaux sociaux leur offrant une communication ouverte avec tous.
Yaka, un projet vidéo inspirant
En effet, en cultivant l’autonomie, les communautés « adoptent des modèles locaux adaptés aux ressources et à l’environnement » et répondent très concrètement à des problématiques contemporaines qui se posent à nos sociétés, explique Romain. Et de nous donner des idées à l’échelle locale ? Aujourd’hui, « nous avons besoin d’adapter notre mode de développement dans les grandes villes », mais aussi de nous « réapproprier notre consommation et notre production face aux crises sociales et environnementales ». Et cette réappropriation passe forcément par l’expérimentation locale, l’auto-production, la recherche d’autonomie, la collaboration dans une logique de circuits-courts,…
Chaque étape de Romain sera accompagnée par la production de capsules vidéos de deux à trois minutes présentant les techniques agricoles, sociales ou encore de production d’énergie découvertes dans les villages visités. Des vidéos plus longues, de 25 minutes environ, permettront de faire un portrait des communautés et d’évoquer leur fonctionnement général. Pour découvrir le projet vidéo YAKA, rendez-vous sur facebook.com.
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